Rodemack, l'histoire à fleur de pierre
Située à quelques encablures de la frontière luxembourgeoise, en Moselle, cette cité médiévale doit sa spectaculaire résurrection au dynamisme de ses habitants à partir des années 1970.
Au Pays des Trois Frontières, il y a des vocations que l’on ne peut cacher. Au point de rencontre de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, Rodemack la Mosellane ne pouvait que devenir une place forte. Les façades des maisons et les entrées des caves affichent les signes distinctifs de l’habitat rural lorrain traditionnel. Une belle plongée dans une histoire des plus agitées.
« La petite Carcassonne lorraine ! »
En découvrant Rodemack, situé aux frontières de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg, on comprend mieux pourquoi elle a hérité de ce surnom. Ce bourg médiéval, qui fut jadis la place forte des seigneurs de Rodemack, puis des margraves (seigneurs) de Bade, se blottit derrière 700 mètres d’impressionnantes murailles percées de meurtrières et ponctuées de tours rondes. L’ensemble est dominé par un château, remanié au fil des siècles avant d’être démantelé en 1821. Si ces vestiges ne présentent que peu d’intérêt architectural, le site offre un beau point de vue sur le village.
C’est par la majestueuse porte fortifiée de Sierck, élevée au XVIe siècle, que l’on pénètre dans Rodemack intra-muros. À l’intérieur s’alignent le long des ruelles pavées de jolies maisons au crépi gris et aux fenêtres cintrées caractéristiques de l’habitat rural lorrain. L’église Saint-Nicolas (fin XVIIIe) vaut le coup d’oeil pour son harmonieuse simplicité.
Ici, rien de spectaculaire, non, mais il y flotte un doux parfum légèrement suranné avec ses vieilles enseignes, son relais de poste télégraphe, sa distillerie communale, son ancien lavoir et ses bildstocks (petits calvaires). Il faut notamment flâner, au pied des remparts, dans son jardin d’inspiration médiévale, espace clos foisonnant de plantes condimentaires, médicinales et aromatiques.
Il y a 40 ans, Rodemack était une ruine
« Le village était à l’abandon. Intra-muros, c’était un désert, il ne restait quasiment plus une maison habitée, détaille Franck Czachor, le secrétaire de mairie. La renaissance date des années 1970, grâce à une population nouvelle et jeune qui s’est passionnée pour le patrimoine exceptionnel de Rodemack. Ces habitants ont monté un collectif, qui est devenu l’association Les amis des vieilles pierres pour la sauvegarde de Rodemack. »
Objectif d’alors : défricher et lancer des chantiers de restauration pour remonter ou restaurer les fortifications. « Le collectif a fait bouger les choses en remettant en valeur le village. À chaque fois que je retombe sur d’anciennes photos, j’ai du mal à retrouver l’endroit exact, tant ça a changé ! C’est le jour et la nuit : les anciennes ruines sont désormais des maisons appréciables et l’on se déplace de loin pour voir le village… »
La consécration
En 1987, Rodemack entre dans le prestigieux cercle des « Plus beaux villages de France ». « Aujourd’hui, on ne restaure plus, mais on entretient. La difficulté reste de maintenir et de créer des commerces… Mais ce qui fait la force du renouveau de Rodemack, c’est son dynamisme associatif. D’autres villages dans la région ont le même potentiel, ou plus, mais des acteurs locaux ont porté haut nos couleurs, en témoigne notre fête médiévale, parmi les plus importantes de Lorraine ! »
Une forte importante place forte
La première forteresse de Rodemack est élevée au XIIe siècle par les seigneurs de Rodemack. En 1492, ces vassaux du comte de Luxembourg voient cependant leurs biens confisqués pour félonie – l’empereur Maximilien d’Autriche leur reproche de s’être alliés aux Français – au profit du margrave de Bade qui en fait une forteresse militaire d’importance. C’est de la moitié du XVIe siècle que date la Maison des Baillis, juste en dessous du château, face à l’office de tourisme.
Le bourg passera ensuite aux mains de la France et de l’empire germanique, jusqu’à son annexion officielle à la France en 1769. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, Rodemack, par sa situation, est au carrefour de bien des conflits. En 1815, le général Hugo (père de Victor), gouverneur de Thionville, y réussit à contenir l’armée prussienne, au cours des Cent-Jours.
- Syndicat d'initiative de Rodemack - Association - Voir la fiche
- Les amis des vielles pierres pour la sauvegarde de Rodemack - Association - Voir la fiche