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Aubazine en Corrèze, des moines cisterciens à Coco Chanel

Par Hugues Dérouard

Direction le sud de la Corrèze et Aubazine, au coeur d’une nature verdoyante, à 20 kilomètres de Brive-la-Gaillarde. Ce village est l’endroit où Coco Chanel passa toute son adolescence, dans l’orphelinat d’un ancien monastère cistercien. 

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Vue d'ensemble sur Aubazine

Coco Chanel et la Congrégation du Saint-Cœur de Marie

Selon Edmonde Charles-Roux, la biographe qui révéla le passage de Coco Chanel à Aubazine, l’art cistercien lui donna « le sens du dépouillement dont elle témoigna par la suite, son horreur instinctive pour ce qui dépassait, la mesure et la distance qu’elle sut marier à l’égard de l’excès ». Comment ne pas être marqué par ce lieu d’une si puissante sobriété, où « les seuls facteurs de beauté sont les volumes, la seule richesse, celle de la pierre nue, le seul génie, celui des proportions » ? Tout commence au XIIe siècle lorsque deux ermites se retirent dans cet endroit perdu et sauvage. Ils font vite des émules au point qu’un monastère pour hommes est bâti et plus loin, au creux d’un vallon du Coyroux, un monastère pour femmes – aujourd’hui en ruines. Le monastère des hommes sera affilié en 1147 à l’ordre cistercien avant d’être démantelé à la Révolution. L’endroit est depuis les années 1960 occupé par des moniales de rite grec melkite catholique – qui y ont fait bâtir une chapelle orientale dans une ancienne grange. Soeur Christophora nous fait la visite de l’ancien monastère. « C’est dans l’orphelinat tenu par la Congrégation du Saint-Coeur de Marie, qui avait ouvert à Aubazine en 1860 et que nous avons remplacé, que grandit Gabrielle Chanel. Ici, elle apprit à coudre. » Et ne fut-elle pas marquée par l’habit noir des soeurs pour créer sa fameuse petite robe noire ? « Vraisemblablement. »

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Le jardin et les bâtiments de l'abbaye cistercienne Saint-Étienne du XIIe siècle. Sœur Christophora, de la communauté de moniales melkites, assure les visites.

De l'église Saint-Étienne à la maison Chanel

De style roman, l’ancienne église abbatiale Saint-Étienne – aujourd’hui paroissiale – est toujours debout, bien qu’amputée des deux tiers de sa nef au milieu du XVIIIe siècle. Le décor y est riche et épuré à la fois : une armoire liturgique du XIIe siècle, considérée comme le plus ancien meuble de France, le tombeau d’Étienne d’Obazine, fondateur du monastère… Les regards se tournent très vite vers les vitraux du choeur, « grisaille », typiquement cisterciens, que la jeune Gabrielle a dû contempler durant des heures. Devant ces courbes entrelacées, impossible de ne pas songer au fameux logo – les deux C – de la maison Chanel…

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L'abbaye Saint-Étienne ouvre ses portes aux visiteurs et organise des stages de calligraphie

L'inspiration est partout

Quant au clocher, rare dans son style car il passe du plan carré au plan octogonal par un gradin de pierre, il forme une figure géométrique dont certains affirment qu’elle aurait inspiré le design du bouchon du flacon de Chanel N° 5… Autour du jardin, se découvrent les vestiges du monastère : le cloître et sa fontaine, la salle capitulaire, la salle voûtée de travail des moines, l’ancien orphelinat… À l’intérieur, le pavage en galets polis des couloirs forme des mosaïques : étoile, croissant de lune, croix de Malte… Des motifs qui rappellent étrangement l’unique ligne de haute joaillerie qu’elle créa en 1932.

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Le chevet et le clocher octogonal de l'église de l'abbaye cistercienne Saint-Étienne

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Un canal pour les moines

Implantée sur un promontoire, l’abbaye d’Aubazine ne bénéficiait pas directement d’eau de source. Les moines cisterciens eurent l’idée de réaliser, dès le XIIe siècle, un canal de 1500 mètres : avec une pente de 0,5 %, cet ouvrage achemine les eaux de la rivière Coyroux, en amont, en contournant les obstacles naturels – les moines ont même alors dû entailler la roche de la vallée. Une incroyable prouesse technique pour l’époque. Une promenade permet de longer ce ruban d’eau douce, restauré en 2010.

Une Coco Chanel mystérieuse

« Coco Chanel ne parlera pourtant jamais d’Aubazine, parce que c’était un épisode sombre de sa vie et aussi parce qu’elle aimait brouiller les pistes, explique Jean Louis Sol, directeur de l’hôtel Saint-Étienne, et passionné de haute couture. Mais c’est une période charnière de sa vie. Qu’elle le veuille ou non, elle n’a pu qu’être imprégnée par les lieux. Les anciens racontent d’ailleurs qu’elle est revenue plusieurs fois secrètement et qu’elle faisait des dons à l’abbaye. Savez-vous qu’elle a fait reproduire l’escalier qui mène au dortoir de l’orphelinat, dans sa maison de Roquebrune ? Et puis, le parfum N° 19, son dernier, ne fait-il pas allusion au département de la Corrèze ? » 

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Les vestiges de l'église du monastère de femmes de Coyroux. Les bâtiments du XIIe siècle ont accueilli jusqu'à 150 moniales, soumises à une clôture absolue
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