Le mystère des statues-menhirs
L'aventure des statues-menhirs est passionnante et ne se limite pas à la Bretagne, contrairement aux idées reçues. Statuaire aux formes le plus souvent anthropomorphes, les statues-menhirs représentent des personnages, gravés ou sculptés dans la pierre. Véritables oeuvres artistiques, elles renseignent sur les sociétés de la fin de la Préhistoire. Suivez-nous de la Corse à l'Aveyron, pour découvrir ces trésors venus d'une autre époque.
Menhirs insulaires en corse
Dans la conscience populaire, la Bretagne monopolise le phénomène mégalithique. En réalité, on trouve des manifestations de ce type à travers tout le pays, par exemple en Anjou (dolmen d'Aillevans). Le Sud en est également pourvu, même si l'on s'y est longtemps focalisé sur un autre type de vestiges, les extraordinaires gravures de la Vallée des Merveilles, remontant pour certaines à 100 000 ans.
La Corse, en partie le Sud, a donné lieu à des édifications mégalithiques qui présentent une parenté avec celles de Sardaigne et des Baléares. Les sites ont été fouillés assez tardivement et des rercherches continuent d'y être menées en divers lieux. A Filitosa, en Corse-du-Sud, on a trouvé des statues-menhirs cousines de celle du Rouergue, mais qui étaient englobées dans la structure plus vaste d'un habitat entouré d'une enceinte.
Les travaux de Roger Grosjean, qui a étudé les principaux sites de l'île dans les années 1950-1960, font état de quelque 50 dolmens. Les pierres dressées sont évidemment encore plus nombreuses. Sur le seul emplacement de Palaggiu, près de Sartène, on a recensé 255 menhirs organisés en sept alignements. C'est ce type de menhirs qui, en se personnalisant, a donné la statue-menhir aux traits humains, qui jouait peut-être un rôle d'intercesseur dans un rituel inconnu.
Le mystère des statues-menhirs
Elles sont exposées dans une ambiance théâtrale à souhait, à laquelle ont contribué des conservateurs et muséographes, mais aussi des "amateurs" comme l'artiste Pierre Soulages, qui , jeune, fut profondément marqué par leur vision. Les dix-neuf stèles gravées il y a plus de 5 000 ans sont le trésor du musée Fenaille de Rodez.
Leur aventure a commencé en avril 1888, lorsque l'abbé Frédéric Hermet exhume la "Dame de Saint-Semin". A Saint-Semin-sur-Rance, avec les enfants du village, il vient de découvrir une figure en grès rouge, avec une tête en forme d'ogive, de 1,08 mètre de haut. Elle est achetée, pour la somme de 30 francs, par la Société des lettres de l'Aveyron. D'autres statues-menhirs seront trouvées par la suite, dans le Rouergue et plus loin, tout en respectant une localisation très resteinte : Corse, vallée de la Lunigiana (près de Pise) ou Daunie (nord des Pouilles), Portugal.
Réalisées durant moins d'un millénaire, elles se distinguent par leur grande taille, en opposition avec les statuettes du paléolithique. Mais elles sont bien moins réalistes, arborant des symboles géométriques, des membres et des attributs stylisés, permettant de distinguer les hommes des femmes. Les premiers portent baudriers et armes, les secondes sont dotées de seins, d'une belle chevelure et de colliers. Ces oeuvres originales de la fin du néolithique furent longtemps méprisées, décourageant un peu la recherche.
Qui représentent-elles ? L'hypothèse de divinités "ostentatoires" (plus de 4 mètres de haut pour l'une d'entre elles) faisant l'objet d'un culte est plausible. Un culte dont les secrets restent à lever, notamment celui-ci : pourquoi certaines statues ont-elles changé de sexe, devenant féminines par effacement des armes et adjonction d'une poitrine neuve ?
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