Ce que la Normandie a apporté à la France
Les régions et terroirs, riches de leurs contrastes, ont forgé l’unité de notre pays au fil des siècles. Personnalités locales aux destins qui marquèrent l’Histoire nationale, gastronomie, architecture, vocabulaire... Découvrez ce que la Normandie a légué à la France.
Le camembert, le roi des fromages
En 1791, un prêtre de la Brie, persécuté par les révolutionnaires, se réfugie dans la ferme de Marie Harel, à Camembert, dans l’Orne. De concert, ils auraient élaboré la recette de ce fromage au lait cru de vache. Mais c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que le camembert va affoler les papilles des Parisiens. Napoléon III y voit le petit Jésus en culottes de velours. Sa boîte ronde en bois de peuplier devient le réconfort des Poilus au front. En 1983, le camembert made in Normandie obtient une AOC.
Ses chaumières pittoresques
Que serait la Normandie privée de ses chaumières lovées dans le bocage ? Ce joyau architectural est conçu avec des matériaux naturels : murs épais en terre argileuse, toit végétal (chalumeaux de roseaux) avec faîtage couronné d’iris, tronçon de chêne équarris sur ses flancs, socle minéral constitué de silex et de blocs de grès ou de craie. Ils permettent d’assurer à ses habitants une protection inégalée contre la chaleur des beaux jours et les grands froids humides en hiver.
Un peuple de navigateurs
Pendant la guerre de Cent Ans et au XVIe siècle, la Normandie est sûrement la première région maritime de France. Contre les Anglais, les Normands fournissent l’essentiel des bateaux de la flotte royale et composent l’essentiel des équipages de guerre. Dans les premières années 1500, le Honfleurais Paulmier de Gonneville aurait atteint le Brésil et son compatriote Jean Denis la baie du Saint-Laurent au large du Canada actuel. Dans leur sillage, d’autres Normands arment pour la pêche à la morue au large de Terre-Neuve. Jean Ango, un armateur dieppois, est une grande figure du XVIe siècle : il finance en partie plusieurs expéditions lointaines en Amérique du Nord, au Brésil et à Sumatra.
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La tapisserie de Bayeux
Exposée au musée de la Tapisserie de Bayeux (Calvados), cette œuvre d’art brodée au XIe siècle, mettant en scène plus de 600 personnages, une quarantaine de navires et plusieurs centaines d’animaux et figures mythologiques, est considérée comme un chef-d’œuvre de l’art roman profane. Précieux témoignage historique, cette « bande dessinée médiévale », longue de 70 mètres et large de 50 centimètres, raconte la conquête du trône d’Angleterre par Guillaume duc de Normandie, de 1064 jusqu’à la bataille de Hastings. Commandé par Odon, demi-frère de Guillaume et évêque de Bayeux, l’ouvrage, également dit « de la reine Mathilde », est inscrit au registre « Mémoire du monde » de l’Unesco.
Bourvil, l'enfant du pays de Caux
Près d’un demi-siècle après sa mort prématurée, l’acteur reste l’un des grands de la comédie française. Célèbre pour ses rôles de faux benêt mais de vrai gentil dans La Grande Vadrouille ou Le Corniaud, tous deux signés Gérard Oury, Bourvil était aussi capable d’incarner des personnages dramatiques comme dans Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, son film ultime. Fils d’agriculteurs normands, André Raimbourg (1917-1970), né à Prétot-Vicquemare (Seine-Maritime), choisit son nom d’artiste en l’honneur du village cauchois Bourville. Il y avait passé une partie de son enfance et en avait gardé l’accent et la simplicité qui ont fait son succès.
Le Mont-Saint-Michel
« Merveille normande », le Mont-Saint- Michel est aussi l’un des emblèmes de la France à travers le monde. S’élevant au milieu d’une baie magnifique, cet îlot-commune, situé dans la Manche et couronné par une abbaye, accueille 3 millions de visiteurs chaque année, ce qui en fait la première destination touristique de l’Hexagone après Paris. Ce petit morceau de granit est investi par des ermites au VIe siècle. En 708, Aubert, évêque d’Avranches, rapporte d’Italie les reliques de l’archange Michel et lui élève un sanctuaire. Le Mont et son abbaye, chef-d’œuvre gothique, deviennent un haut lieu de la spiritualité catholique. Aujourd’hui encore, l’abbaye est occupée par deux communautés de moines et de moniales de la Fraternité de Jérusalem.
Le Débarquement de juin 1944
6 juin 1944. Jour J, heure H. Par milliers, les soldats des forces alliées, parachutés, aéroportés, débarqués, se lançaient à l’assaut des côtes de la Normandie, de l’embouchure de l’Orne au marais du Cotentin. Un D-Day qui sera le prélude à la libération de Paris. Le Débarquement marquera à jamais l’histoire comme constituant l’une des plus importantes journées de la Seconde Guerre mondiale. Le front ouvert par Overlord s’étend sur l’ensemble de la baie de Seine, entre le pied du Cotentin à l’ouest, et Cabourg à l’est, soit 80 km. Cet étalement de l’assaut est destiné à multiplier les chances d’établir une tête de pont et à compliquer les possibilités de contre-attaques allemandes. Il exige des Alliés une coordination sans faille, surtout lorsqu’il s’agira d’établir la liaison entre les cinq fronts ouverts. D’ouest en est, ils ont pour noms de code : Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. S’y ajoute Port Winston, le port que les Anglais vont construire de toutes pièces devant Arromanches.
Un vocabulaire maritime aux accents vikings
Avec l’implantation, à partir du IXe siècle, des Vikings sur les côtes de la Manche et les rives de la Seine, le vocabulaire s’est enrichi de mots issus du norrois, la langue médiévale scandinave. C’est dans le domaine maritime que cette empreinte se fait la plus forte : les termes de navigation « bâbord » et « tribord » auraient ainsi été formés à partir des termes norrois « babordi » (gauche) et « tribordi » (droite), « crique » viendrait de « kriki » (petite baie), « havre » de « hafn » (port), « varech » de « agrek » (ce qui est apporté par les vagues). Même lorsqu’on déguste un crabe, c’est au norrois qu’on le doit ; du moins son nom, tiré de « krabi ».