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De Saint-Malo au cap de la Hague : un itinéraire littoral

Par Philippe Bourget

De la Bretagne au Cotentin, embarquez à bord de votre voiture ou mieux... votre camping-car, sur la côte littorale parsemée de joyaux patrimoniaux. Ils ont pour nom Saint-Malo, Cancale, le Mont-Saint-Michel, Avranches, Granville.

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Saint-Malo, jour de tempête. Bienheureux remparts, qui protègent la ville de l'humeur de la mer. Hors l'enceinte, la Chaussée du Sillon est moins chanceuse, balayée par la violence inouïe des vagues percutant la digue en béton. Déchaînée, la Manche transforme Saint-Malo et son granit sombre en citadelle outragée. En venant un tel jour de furie, vous en ressentirez les effets au plus profond de votre cabine (si vous êtes en camping-car), secouée de hoquets sous la cavalcade des rafales. Intra-muros, ce chaos n’empêche pas les visiteurs d’être dehors, au contraire ! Cirés sur le dos, ils arpentent courbés et ruisselants la cité corsaire.

De Saint-Malo aux îles de Petit-Bé et de Grand Bé

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La vieille ville fortifiée de Saint-Malo, en Bretagne


Un « métier » d’aventurier, dont Surcouf fut l’un des illustres représentants. Même battus par les flots, les tours et bastions confèrent à la ville close et ses commerces un air de vaisseau assiégé. Le plaisir est alors de se réfugier dans la chaleur d’une crêperie ou d’un bar bretonnant, après avoir acheté dans une vieille librairie aux rayonnages foutraques, une œuvre de Châteaubriand, l’enfant du pays. Par temps calme et à marée basse, il est possible de rallier à pied les îles de Petit-Bé et de Grand-Bé (où se trouve le tombeau de Châteaubriand). On peut aussi marcher, le long de la digue, au pied des belles villas balnéaires de Paramé. Pensez également à profiter des thermes marins, voire du casino, sans oublier une visite au grand aquarium de Saint-Malo (comptez 1 h 30 à 2 heures).

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L'île de Grand Bé

De Cancale, ancien quartier de marins au port de Granville

Depuis l’aire d’accueil des îlots où vous serez probablement garés, à Rothéneuf, notre itinéraire file à l’est en direction de Cancale, à 22 kilomètres par la côte. La D201, panoramique, vous conduit devant le château de Lupin (XVIIe siècle) à Saint-Coulomb. Plus loin, dans un creux, la chapelle Notre-Dame-du-Verger et ses superbes ex-voto témoignent de la reconnaissance des familles de marins à la providence. La pointe du Grouin se profile et offre son panorama grand angle sur la côte d’Émeraude, depuis le cap Fréhel jusqu’à Granville. Cette vigie rocheuse incorruptible surveille tous les quatre ans les bateaux de la Route du Rhum, dont elle constitue la ligne de départ. Voilà Cancale, une des capitales de l’ostréiculture française. Dans cet ancien quartier de marins aujourd’hui résidentiel, les maisons basses à rideaux brodés contrastent avec la ville haute et ses maisons cossues, à l’image de la mairie. Le meilleur souvenir à conserver de Cancale est sans doute celui de la dégustation de « plates » aux cabanes d’ostréiculteurs, rassemblées sur le quai face aux parcs à huîtres. Un instant gastronome « sur le pouce » délicieux, le regard tourné vers le large où se dessinent le triangle noir du Mont Saint-Michel et la tache blanche du port de Granville.

Du Guesclin, l'île Robinson

Vous l’apercevrez à gauche en roulant sur la D201, entre Saint-Malo et Cancale. L’îlot du Guesclin est un splendide caillou de granit posé à quelques encablures de la côte, accessible en bateau, ou à pied à marée basse. Le fort solitaire qui fait face à la plage semble inviter le passant à l’occuper. Ne rêvez pas. L’île n’a qu’un seul propriétaire, après avoir appartenu dans les années 1960, à l’artiste Léo Ferré.

Cap sur la baie du Mont-Saint-Michel

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Vue aérienne de la baie du Mont-Saint-Michel, Normandie

Par la D76 puis la D797, l’itinéraire met cap sur la Merveille, située à 45 kilomètres. Vous apprécierez de passer par les habitations de Saint-Benoît-des-Ondes, Hirel, Le Vivier-sur-Mer, Cherrueix et l’immensité des parcs à bouchots, méthodiquement alignés, à gauche, sur les étendues sableuses découvertes à marée basse. Entre les chenaux – les criches, en langage local – vous apercevrez des moutons, sur les prés-salés. À Pontorson, une fois le Couesnon franchi (frontière symbolique entre la Bretagne et la Normandie), il faudra obliquer à gauche par la D976, jusqu’au Mont-Saint-Michel. Depuis l’inauguration du pont-passerelle, en 2015, la mer contourne à nouveau le Mont à marée haute, lui rendant son caractère insulaire. Côté parking, attention un seul est réservé aux camping-cars, la « poche P8 » (stationnement autorisé la nuit mais ni eau, ni électricité). Que dire de ce site, parmi les plus célèbres de France ? « Les jours de brouillard ou de tempête, l’abbaye flotte au-dessus de l’eau. On se croirait au temps de la Genèse », nous avait un jour avoué le père André Fournier, recteur du Sanctuaire.

Villedieu-les-Poêles, l'artisanat sous cloche

30 kilomètres séparent Granville de Villedieu-les-Poêles, au cœur de la campagne normande. Autant dire peu de choses et l’occasion de découvrir une ville à l’histoire singulière. Ici, depuis le Moyen Âge, l’activité se concentre autour de la dinanderie (d’où le nom de poêles accroché à celui de la ville) et de la fonderie de cloches. Deux métiers qui ont façonné l’architecture de Villedieu, avec ses cours-ateliers, et dont vous appréhenderez l’artisanat séculaire en visitant l’Atelier du Cuivre et la fonderie Cornille Havard.

En direction d'Avranches, ville perchée

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Avranches

Le meilleur conseil que nous puissions donner est d’y rester tard le soir, après le reflux de la marée... touristique. Par la petite D75, via les hameaux de la Rive et des Bas-Courtils, la vue sur le Mont est d’une photogénie sans égal. La RN175 rejoint Avranches (23 km à l’est du Mont-Saint- Michel), une ville perchée où et il est d’usage de faire étape, ne serait-ce que pour visiter sa basilique Saint-Gervais, phare de la Manche sud avec ses 74 mètres de clocher et, surtout, le Scriptorial. Ce musée contemporain
 raconte l’histoire du Mont-Saint-Michel et
 ses liens avec Avranches, présentant, c’est
 le clou de la visite, des manuscrits du IXe au
 XVe siècles réalisés par les moines du Mont
 et d’ailleurs. En sortant, vous pourrez aussi 
vous balader dans la vieille ville médiévale
 et contempler de belles maisons à colombages et à encorbellements. Toujours sur fond de Mont-Saint-Michel, précédé ici de l’îlot de Tombelaine, vous découvrirez le Grouin du sud et sa vue splendide, l’ancien prieuré de Saint-Léonard, le port de Genêts et ses maisons de schiste et de grès, le bec d’Andaine point de départ de la traversée pédestre vers le Mont-Saint-Michel par la baie, le château de Brion, les plages dunaires de Dragey où l’on entraîne encore des pur-sang, Saint-Jean-le-Thomas et ses villas balnéaires XIXe siècle, les falaises de Champeaux et leurs cabanes Vauban, Carolles et ses cabines de bains colorées, Jullouville et sa grande plage... Il y a là de quoi passer la journée.

De Regnéville-sur-Mer à Coutances

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Vue sur la cathédrale de Coutances

Granville « la blanche » clôt ce passage remarquable. Stationné rue du Roc, sur le parking réservé aux camping-cars, vous devrez consentir une autre journée pour profiter pleinement de ce port, actif depuis le XVe siècle. Il règne ici une belle atmosphère marine, mélange d’activité portuaire – une gare maritime dessert les îles anglo-normandes – et de fréquentation touristique. Ville haute, dominant la mer, vous apprécierez 
la sobriété noble des demeures d’armateurs en granit, les ruelles étroites, les boutiques de galeristes... Ville basse, vous flânerez le long des quais et de la plage. La suite est affaire de flair et d’un peu d’improvisation. Par la D971 puis la D20, vous rejoindrez au nord Regnéville-sur-Mer (à 24 km de Granville) et l’embouchure de la Sienne. Rien ne vous empêche toutefois de quitter un moment ces deux départementales pour respirer l’air d’Hérenguerville, de Lingreville, d’Hauteville-sur-Mer, villages à portée de volant de la route principale qui reflètent le caractère rural et préservé du pays de Coutances. Regnéville possède le charme des ports figés dans leur histoire et pas encore dévoyés par la marée humaine. Un gros donjon carré, une église du XIIe siècle, des maisons cossues et la pointe naturelle d’Agon rappellent le rôle passé de ce port – baie d’échouage dans l’industrie et le commerce de la chaux.

De Barneville-Carteret, station balnéaire à la Hague

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Le cap de la Hague. Le GR223 longe le littoral. Vous pourrez y randonner sur 88 km en 4 étapes. Pour les amoureux de la mer et des côtes sauvages

La couleur blanc-beige du sable domine au long des 57 kilomètres qui séparent Regnéville-sur-Mer de Barneville-Carteret, au nord. Une côte « pleine nature », jalonnée de plages et de dunes à n’en plus finir, à peine interrompues par de rares stations balnéaires un brin désuètes. Agon-Coutainville et Blainville-sur-Mer en sont les exemples, figées dans leur vernis classique mais agréables pour leur calme et leurs plages au grand air. La D650 et ses mille occasions d’arrêts file ainsi le long du Cotentin, dépassant des espaces dunaires et lacustres protégés, flirtant avec le port de pêche à crustacés de Pirou et son étonnant château médiéval, glissant autour de la méconnue embouchure de l’Ay, avant de rejoindre le havre de Port-Bail. Vous y visiterez l’église d’allure fortifiée Notre-Dame. Il reste encore une étape avant d’affronter le cap de La Hague. Elle se nomme Barneville-Carteret, station balnéaire très animée et ancienne (1840), reliée comme Granville par ferries aux îles anglo-normandes. Elle marque en tout cas l’ultime arrêt avant la « terre des confins », ce cap de La Hague aux paysages spectaculaires d’océan, de falaises et de prairies.

Conquérant Nez de Jobourg et redoutable Raz Blanchard

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Arrêtez-vous au Nez de Jobourg


Depuis le village de Siouville et ses maisons blanches défiant la mer, 27 kilomètres au nord de Barneville-Carteret, l’itinéraire saute de hameaux calfeutrés en dunes malmenées, de belvédères spectaculaires (le Grand Thot) en pieds de falaises isolés. Héauville, Biville, Vauville... les maisons de granit et de schistes se tassent et font le gros dos au suroît. Sous la pluie, la lande ruisselante livre les fulgurances mauves de sa bruyère. Arrêtez-vous au Nez de Jobourg, falaise conquérante face à la tâche lointaine de l’île d’Aurigny. Ou dans la baie d’Ecalgrain, plage éden par temps calme, « zone de combat » par tempête. En filant toujours plus au nord, entre les champs-rectangles clos de murets, vous finirez par atteindre le hameau Goury, face au redoutable Raz Blanchard. Un port courbe, de rares maisons, le dôme rassurant de la station de sauvetage en mer et un phare au large : Goury signe l’ultime présence de l’homme au cap, le dernier village à résister aux assauts atlantiques. Une belle fin pour cet itinéraire hors du commun.

 

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