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Angoulême : un scénario pour le futur

Par Détours en France

Le festival de BD a construit la notoriété de la ville et elle n’est pas prête de s’éteindre, vu l’engouement pour le genre. Alors qu’en juillet la LGV mettra la cité à 1h40 de Paris et à 35 mn de Bordeaux, Angoulème en profite pour vitaliser ses quartiers bas et livrer un patrimoine inattendu, mélange de vestiges romans et d’architecture 19ème siècle, imbriqués au milieu de zones piétonnes agréables.

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Nous n’avions d’Angoulême, vue de loin, qu’une idée sommaire. Celle d’une ville dévolue à son festival de BD mais à court d’image patrimoniale. Nous avons découvert une cité architecturalement bien dotée et agréablement animée, du moins quand la saison s’y prête. Comprendre Angoulême, c’est d’abord saisir sa géographie. La ville est bâtie sur un éperon calcaire dominant la Charente. Quartiers hauts (d’abord défensifs et religieux, puis résidentiels et « politiques ») et quartiers bas (d’activités et d’habitat, globalement populaires…) se distinguent expressément et nul ne peut assimiler la ville sans ce référentiel.

La ville haute contient tout ce que l’Histoire a accumulé de strates. La meilleure synthèse est donnée par l’Hôtel de Ville, bâti lors d’un 19ème siècle très impactant pour le socle médiéval et Renaissance de la cité. L’immense bâtiment, inauguré en 1870 et entièrement restauré il y a deux ans – les Angoumoisins l’ont ainsi redécouvert – s’appuie sur les vestiges de l’ancien château moyenâgeux, dont il ne reste qu’une tour et un donjon. C’est ici, en 1492, que serait née Marguerite de Valois, sœur de François Ier, tous deux enfants de Charles d’Angoulême. La cité est alors capitale d’un comté puissant et se love sur son plateau rocheux. Celui-ci est ceint de remparts, tour à tour agrandis, reconstruits, remaniés... La place du Palet abrite la principale halle de la ville. Un palais épiscopal (aujourd’hui musée d’Angoulême) figure l’autorité religieuse. La chapelle des Cordeliers (13ème s.) révèle la présence d’ordres mendiants. Et la haute ville reçoit une cathédrale romane, Saint-Pierre. Entamée au 12ème s., sa construction tranche avec « les villes du Nord, déjà passées au gothique », souligne Pascale Lacourarie, guide à l’association Via Patrimoine.

Balcon de l’Angoumois

La balade dans le Vieil Angoulême et le quartier du Minage, maillés de ruelles où styles médiéval et Renaissance se confondent, illustre l’enchevêtrement des époques. Le secteur est aujourd’hui embelli par la piétonisation, laissant s’épanouir restaurants-terrasses, cafés et commerces, très animé l’été (rues de Genève, Trois Notre-Dame, Saint-André…).

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L' hôtel de ville, ancien château des Comtes d'Angoulème

Mais il est dit que la seconde moitié du 19ème s. est la « grande période » d’Angoulême. Quand l’architecte Paul Abadie fils entreprend, en 1858, la construction de l’hôtel de ville, la cité « est prospère grâce aux fonderies mécaniques, aux papeteries et aux échanges commerciaux sur la Charente », précise la guide.

« La bourgeoisie ne veut plus des remparts mais une ville qui s’ouvre, avec une dimension hygiéniste », éclaire Pascale Lacourarie. Le rempart de Beaulieu est aménagé en promenade. La place de New-York et son esplanade, appelée « balcon de l’Angoumois », sont tracés sur un bastion démoli. Au sud, le quartier de la Préfecture se dote d’un plan en damier, avec demeures pour grandes familles - c’est aujourd’hui un secteur de balade agréable. Depuis l’Hôtel de Ville est tracé une rue conduisant aux halles en fer et verre (1888), inspirées des modèles parisiens – on peut y acheter le délicieux grillon charentais, à déguster au printemps avec un brin d’aillet. La place du Minage remplace l’ancienne halle aux grains. Un théâtre voit le jour place New York. Un parc de 4 hectares, le Jardin Vert, est conçu en 1860 comme un lieu de déambulation, sous les remparts… Surtout, la cathédrale Saint-Pierre est réinterprétée. C’est Paul Abadie fils qui s’y emploie, à partir de 1852. Il rajoute un pignon, remplace les chapiteaux romans, façonne des coupoles…

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Les quartiers bas, accessibles par des rampes et des escaliers, et visibles depuis les places-belvédères Saint-Pierre, Beaulieu ou Resnier, entourent la ville haute en autant de secteurs identifiables. Victor Hugo est militaire (le 1er RIMA y est basé) ; Saint-Martin est résidentiel ; Saint-Gelais, aussi, bâti au 19ème s. autour de l’église d’Obézine pour les officiers de la caserne ; l’Houmeau, enfin, est par définition le quartier populaire, étalé de part et d’autre de la rue de Paris, entre la gare et l’ancien port sur la Charente. C’est dans cet ancien repaire d’artisans, d’ouvriers et d’aubergistes, que se dessine une partie du futur d’Angoulême. Le FRAC Poitou-Charentes y a déjà son siège. La très design médiathèque l’Alpha y a été inaugurée en 2015. Elle accompagne un projet de requalification incluant logements, centre d’affaires, pépinières d’entreprises… En 2018, une passerelle devrait enjamber les voies ferrées et relier l’Alpha à la gare d’où il ne faudra guère plus d’1h30 pour se rendre à Paris, grâce à la LGV.

L’autre rive de la Charente rappelle qu’Angoulême est aussi « une ville à la campagne ». Une coulée verte tranquille, des bords d’eau à promenade, des saules-pleureurs… ainsi va le fleuve, jusqu’au Musée de la bande-dessinée, aménagé dans d’anciens chais de la rive droite.

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200 auteurs installés en ville

Voilà en définitive le fil rouge qui relie ville basse et ville haute. Depuis la création du festival de BD en 1974, devenu le 1er événement de ce type en Europe, le Neuvième Art a tissé sa toile. Inaugurée en 1990 par Jack Lang, ce qui est devenu la Cité Internationale de la BD et de l’Image, entre Charente et remparts, « n’aurait jamais été créée si le festival n’avait pas existé », affirme Pierre Lungheretti, directeur général de la Cité. Le musée (le seul de ce type en France, réaménagé avec un nouvel espace enfants) et la balade des « murs peints » (itinéraire de street art autour d’une vingtaine de fresques BD) sont les faces émergées d’un pôle Neuvième art qui mobilise assurément Angoulême toute l’année.

« 200 auteurs sont installés en ville, de toutes générations et de tous styles. Le potentiel de croissance de la BD est considérable. (…) Nous sommes dans une société de l’image. L’association avec l’humour est une forme de lecture unique de la société », assure Pierre Lungheretti. D’où des actions ambitieuses pour la Cité de la BD. « Nous souhaitons favoriser la rencontre avec d’autres formes d’expériences artistiques et renforcer la place des auteurs ». Il existe déjà une Maison des Auteurs, ville haute, où scénaristes et dessinateurs sont accueillis en résidence. Des lieux sont aussi devenus des points de rencontre officieux pour bédéistes, comme le café Le Chat Noir ou la boutique Le Comptoir de l’Image. Les auteurs interviennent dans les écoles et Angoulême abrite le LISA (Lycée de l’Image et du Son) et l’EESI (Ecole Européenne Supérieure de l’Image), dotée d’un master BD. « Nous avons organisé en septembre 2016 les 1ères Rencontres nationales de la BD, pour débattre des enjeux de la profession. Nous souhaitons aussi consacrer un nouvel espace aux auteurs, New Factory, qui soit un lieu d’expérimentation avec expositions, ateliers et concerts, pour stimuler la créativité », se projette Pierre Lungheretti. De quoi entretenir l’émulation – et par conséquent l’animation - dans l’ancien fief des Valois.