Inscrivez-vous à la newsletter hebdomadaire
Reportages, photos, bons plans: partez à la découverte des régions françaises avec notre newsletter !
Votre email pour recevoir vos newsletters :
Les informations vous concernant sont destinées à l'envoi des newsletters afin de vous fournir ses services, des informations personnalisées et des conseils pratiques. Elles sont conservées pendant une durée de trois ans à compter du dernier contact. Ces informations pourront faire l’objet d’une prise de décision automatisée visant à évaluer vos préférences ou centres d’intérêts personnels. Conformément à la loi française « Informatique et Libertés » n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée et au Règlement Européen 2016/679, vous pouvez demander à accéder aux informations qui vous concernent, pour les faire rectifier, modifier, ou supprimer, pour vous opposer à leur traitement par mail à dpo@uni-medias.com ou par courrier à l'adresse suivante : Uni-médias, à l'attention du DPO, 22 rue Letellier - 75015 - Paris, ou pour demander leur portabilité, en écrivant par courrier à l'adresse suivante : Uni-médias, à l'attention du DPO, 22 rue Letellier - 75015 - Paris ou par mail à dpo@uni-medias.com. Vous pouvez également définir les conditions d'utilisation, de conservation et de communication de vos données à caractère personnel en cas de décès. Pour toute demande relative à vos données personnelles, vous pouvez contacter le délégué à la protection des données à l’adresse mail suivante : dpo@uni-medias.com, ou introduire une réclamation auprès de la Commission Nationale Informatique et Libertés.

Le Mont-Saint-Michel : d'Aubert à la Merveille de l'Occident

Par Dominique Le Brun

Au tout début du VIIIe siècle, saint Michel devra se manifester à trois reprises dans les rêves d’Aubert, évêque d’Avranches, pour que celui-ci accepte de bâtir un oratoire sur ce qui s’appelle alors le mont Tombe. Dès l’origine, le Mont-Saint-Michel s’entoure de mystères.

det_Normandie916.jpg
Vue aérienne du Mont-Saint-Michel

Histoire du Mont-Saint-Michel

Les songes d'Aubert 

En 709, si l’on en croit la tradition, saint Michel apparaît dans le sommeil d'Aubert, pour lui demander d’établir un lieu de culte sur le mont Tombe. Bien visible au milieu de la baie qu’Avranches domine du haut de la falaise, ce gros rocher accessible à marée basse était désert, abritant à l’occasion des ermites. Aubert préfère ne pas prêter attention à ce rêve qui l’encourage à une ruineuse entreprise. Mais saint Michel revient vers lui en songe, quelques nuits plus tard. L’évêque, alarmé, y voit une manifestation du Malin. Il prie et jeûne, dans l’espoir de retrouver la paix. En vain : l’archange lui apparaît à nouveau. Cette fois, le rêve vire au cauchemar puisque, tout en réitérant sa demande, le saint appuie très fort son index sur la tête d’Aubert. Réveillé par la douleur, celui-ci constate que son crâne est enfoncé. Le message, on l’aura compris, est passé ! Pure légende ?

det_Normandie1203.jpg
Le Mont-Saint-Michel et sa passerelle

Et si vous vous laissiez tenter par une randonnée iodée au Mont-Saint-Michel ? 

Le mystère du crâne percé de saint Aubert

Le crâne de saint Aubert, précieusement conservé dans une châsse dorée se trouvant dans la basilique Saint-Gervais d'Avranches, présente une caractéristique spectaculaire : il est percé d’un orifice de 2 centimètres de diamètre. En 2019, le carbone 14 date avec précision ce crâne. C’est celui d’une personne ayant vécu entre 662 et 770. S'agit-il d'Aubert ? Il n’existe pas de preuves formelles, certes, mais alors le trou ? Auparavant, aussi, une analyse paléopathologique avait conclu à un kyste épidermoïde affectant un homme âgé d'une soixantaine d'années… Suite à l'injonction de l’archange – quelle que soit sa réalité ! –, un chantier hallucinant va être lancé.

det_Normandie1002.jpg
Mont-Saint-Michel, toits d'ardoise

Premiers miracles de la construction

En contemplant le mont Tombe, Aubert se sent perdu. Où et comment édifier le lieu de culte exigé ? Il invoque saint Michel qui, dans un nouveau songe, le tranquillise. Au sommet du rocher, il trouvera un taureau attaché à un piquet, et l’aire qu'il aura foulée déterminera la situation et la dimension de l’église. Sur place, en effet, un bovin a dessiné le plan de l’église. Il y a également une énorme pierre cultuelle païenne. Comment la dégager ? Une force divine se manifeste alors, et la pierre roule dans la pente pour s’effondrer au pied du mont. C’est sur elle que sera dressée la chapelle Saint-Aubert. Non loin, d’ailleurs, se trouve une fontaine, apparue par miracle, dit-on. C'est pour cette raison qu'elle est dédiée à l’évêque… L’église, capable d’accueillir une centaine de fidèles, est consacrée en 709. Avant cela, Aubert a pris soin d’envoyer des moines en Italie, et plus précisément dans la région des Pouilles, pour rapporter de précieuses reliques du monte Gargano, le plus ancien sanctuaire en Occident consacré à l'archange Michel. À son tour, le mont Tombe deviendra une destination de pèlerinage… Ainsi est né le Mont-Saint-Michel, en même temps que s'y installe un chapitre de douze chanoines.

det_Normandie1212.jpg
La Mont-Saint-Michel dans l'immensité de sa baie

La marque de l'archange

À ce stade, une question demeure : pourquoi l’archange désirait-il un lieu de culte situé précisément sur le mont Tombe ? Rien n’empêche d’y lire un épisode de sa lutte éternelle contre le Démon. En effet, à 20 kilomètres du Mont-Saint-Michel, au milieu du polder créé à partir du Moyen Âge, se dresse le mont Dol. Une légende s’attache à cette colline : le duel homérique qui opposa le saint au Diable. Sur le rocher, à gauche de la chapelle, on distingue la marque laissée par le séant et les griffes du diable terrassé par l’archange. Celuici aurait alors creusé une faille (dite « Trou du Diable », de l’autre côté de la chapelle), où il aurait précipité son adversaire. Lequel, s' enfonçant dans les entrailles de la terre, aurait ressurgi… sur le mont Saint-Michel ! D’un saut, l’archange se serait jeté sur lui. L’empreinte, laissée par son pied en se propulsant, apparaît dans un rocher, près de la tour qui porte la statue de la Vierge. On y croit, ou pas.

Une abbaye edifiée à la verticale

det_Normandie970_1.jpg
Le Mont-Saint-Michel et sa passerelle

Rien de plus difficile que d'appréhender l’agencement de l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Il faut comprendre que, de siècle en siècle, les édifices se sont ajoutés à la verticale, sur les flancs du rocher. Ils ont pris appui sur les plus anciens, comme s'ils cherchaient à atteindre le ciel. D’où ces cryptes, dont les piliers soutiennent l’église abbatiale. Ainsi la chapelle Notre-Dame-sous-Terre, qui est l’ancienne église où officiait Aubert ; ou la crypte des Gros- Piliers, dont chacune des 10 colonnes mesure 5 mètres de circonférence. Comment les moines bâtisseurs du Moyen Âge sont-ils parvenus à calculer les forces mises en oeuvre ? Pour nombre d’ingénieurs et de constructeurs, que l’abbaye tienne debout relève du miracle ! L’autre originalité du sanctuaire est d'avoir adapté l'architecture bénédictine traditionnelle au relief du mont.

det_Normandie1033.jpg
Le cloître de la l'abbaye du Mont-Saint-Michel

Au lieu d’occuper le centre du monastère, le cloître est à son sommet : on y médite entre ciel et mer. Il communique avec le réfectoire, lequel constitue le troisième étage des pièces où les hôtes de l’abbaye se restauraient. Au-dessous, se trouvent la Salle des hôtes, réservée aux pèlerins de noble ascendance, et l’aumônerie (au premier niveau), qui accueillait les plus pauvres. Sans oublier le cellier et la Salle des chevaliers, servant de scriptorium. On appelle « Merveille », l’ensemble que forment ces six lieux.

Les toutes dernières découvertes

Le Mont-Saint-Michel est bien loin d’avoir livré tous ses secrets. Aussi, de temps à autre, le hasard apporte-t-il des réponses à des questionnements très anciens. Par exemple, on ignorait quelle valeur historique il fallait accorder à un événement qui serait survenu en 1204 : des Bretons, alliés au roi de France Philippe-Auguste, ont pris d’assaut le Mont, pillé les maisons et incendié l’abbaye.

det_Normandie1002.jpg
Mont-Saint-Michel, toits d'ardoise

Or, en 2017, la remise en état de canalisations, dans la rue principale, a mis au jour les fondations d'une enceinte et de la porte du village du XIIIe siècle, que l'on pensait disparues à jamais. Ainsi que, à la surprise générale, une nécropole médiévale. Elle recelait une trentaine de corps, vraisemblablement en rapport avec l'attaque de 1204. À suivre…