Le mobilier urbain de Paris : témoin du XIXe
À la tête du service des Promenades, Alphand et Davioud conçoivent une batterie de mobilier urbain, alliant trouvailles techniques (grilles de protection des arbres, bornes d’incendie...) et équipements d’agrément et de confort. Un siècle et demi plus tard et à peu de chose près, ce mobilier est identique...
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Fontaines Wallace - En cette seconde partie du XIXe siècle, alors que des fortunes colossales se bâtissent, le philanthropisme, où hygiénisme et libéralisme charitable s’entremêlent, prend son essor. Partant du constat que ce qui manque au petit peuple parisien est l’eau courante et potable, le richissime sir Wallace va offrir à Paris de belles fontaines. Cet accès difficile à l’eau était particulièrement patent aux lendemains de la Semaine sanglante qui écrasa la Commune (1871). Les modèles à cariatides, dont les quatre statues féminines symbolisent la Bonté, la Simplicité, la Charité et la Sobriété, furent sculptées par Charles-Auguste Lebourg, artiste nantais formé par François Rude. Surnommées par les grisettes, apaches ou ouvriers des faubourgs les « brasseries des quatre femmes », ces fontaines en fonte, dont une centaine est encore en activité aujourd’hui, étaient fabriquées à la Fonderie du Val d’Osne. N'en doutez plus, les monuments de Paris se cachent sous de multiples formes.
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Vespasiennes - Que de noms pour ces lieux d’aisance publics, et masculins : urinoirs, tasses, Ginette, pissotières, latrines, goguenots... Les raffinés les nomment vespasiennes, du nom de l’empereur romain qui, entre l’an 69 et 79 de notre ère, dota Rome de ces commodités. Ils arrivent avec Rambuteau, préfet de la Seine de 1833 à 1848. Bronca immédiate de la part des ligues bien-pensantes et des « pères et mères la pudeur » qui fustigent ces « colonnes Rambuteau »! La Mondaine surveillera également de près les quelques quatre cents urinoirs en fer peint en vert qui jalonnent les trottoirs de la capitale. Ils furent remplacés à partir de 1980 par les sanisettes de Decaux. De ces étonnants mais si utiles édicules, il ne subsiste à notre connaissance qu’un seul exemplaire dans Paris : il se situe sur le boulevard Arago, devant la prison de la Santé. Sans doute Paris a-t- elle jugé utile de conserver un témoin d’une autre époque ?