Pour entrer
dans ce tableau paradisiaque, partez à pied de la station Sainte-Foy-Tarentaise, par un sentier forestier, pour rejoindre
le hameau « de remue » du Monal. Ce site classé, situé au débouché du vallon du Clou et face au mont Pourri (3 779 mètres), regroupe des chalets datant des XVIII
e et XIX
e siècles autour de la petite chapelle Saint-Clair.
« Il était une fois, en bordure du ciel, un grand dôme de neige qui recouvrait les sommets et dominait la vallée. C’était le plus haut de tous ; avant même que les savants l’aient mesuré, on le savait : il était le premier à être habité par les rayons du soleil, et, le soir, c’est encore sur ses pentes qu’ils s’attardaient après avoir abandonné toutes les autres cimes. Un peu plus tard, la nuit venant, il soutenait le ciel, et parfois une étoile, lourde d’être seule, toujours suspendue, venait ses poser sur ses crêtes et veiller avec lui ; les neiges éternelles sont faites de poussières d’étoiles... » Ainsi Gaston Rebuffat, alpiniste et guide de haute montagne formé à la Compagnie des guides de Chamonix, décrivait ce massif du Mont-Blanc qui était son jardin dans
La Montagne est mon domaine.
Avec le massif du Mont-Blanc en toile de fond et près des Aiguilles Rouges,
le désert de Platé, ici près du col de Monthieu, dominant la vallée de l’Arve
à 2 000 mètres d’altitude, forme une étendue naturelle parmi les plus impressionnantes des Alpes occidentales. Ces roches calcaires sont nées
au fond des océans et se sont élevées au moment de la formation du massif montagneux. Lorsque les glaces se sont retirées, il y a environ 10 000 ans,
le gaz carbonique contenu dans l’eau de pluie s’est ajouté à celui de la fonte des neiges, et a agressé, poli, dissous la roche calcaire. C’est ainsi que se sont formés les lapiaz, reliefs karstiques caractéristiques : ces crevasses rocheuses aux arêtes effilées et tranchantes sont les témoins en surface d’un réseau touffu et complexe de galeries souterraines.
Il fête cette année ses 105 ans et ne semble pas accuser le poids des ans. Avec ses wagons rouges équipés de banquettes en bois, le train à crémaillère du Montenvers exploité par la Compagnie du Mont-Blanc appartient au patrimoine chamoniard... même s’il faillit ne jamais être mis sur rails, les Chamoniards craignant de le voir endommager la nature. Aujourd’hui, après 20 minutes d’une grimpette à allure gentillette, le petit « scenic railway » entaille les épais rideaux de conifères bordant la voie métrique, caresse les flancs des Drus chers à Frison-Roche dans son
Premier de cordée, avant de vous déposer au pied de la Mer de Glace (à 1 913 mètres), un mastodonte de 7 kilomètres de long, au dos large de 700 à 1 950 mètres, et dont la peau est épaisse de 200 à 400 mètres.
Sur la rive nord du lac Léman, entre Genève et Lausanne, les pentes du Jura suisse se couvrent de vignes, tandis que les rives vaudoises sont jalonnées de villages coquets aux villas luxueuses. À Rolle, où court un long quai-promenade, se dresse une forteresse médiévale dont l’aura demeure mystérieuse. On suppose qu’elle fut élevée à la fin du XIII
e siècle par la Maison de Savoie quand ses comtes fondèrent la petite cité. La structure architecturale, au plan irrégulier, notamment sur la partie côté lac, continue de poser question aux historiens et archéologues. Les propriétaires se succédant, avec des fortunes très diverses,
il devient au XIX
e siècle un lieu aux usages les plus divers : école, prison et, en 1830, bibliothèque historique riche de 13 000 volumes (7 000 ouvrages du XVII
e siècle, incunables...). Remarquablement restauré, l’édifice abrite aujourd’hui des salles d’expositions.