Dans les secrets de la Bonne Mère Notre-Dame de la Garde
Vigie, sanctuaire, forteresse puis basilique, Notre-Dame de la Garde occupe une place à part dans le cœur des Marseillais. Depuis la plus haute colline de la ville, elle veille sur ses habitants, ses marins et recueille leurs prières. Montez à la Garde pour saisir ce lien indéfectible, admirer ses mosaïques et ex-voto... et contempler Marseille depuis un point de vue exceptionnel.
Une forteresse à Marseille
Combien de basiliques dans le monde peuvent-elles se prévaloir d’une entrée avec un pont-levis ? Beaucoup l’ignorent, mais avant d’être ce sanctuaire tant aimé, Notre-Dame de la Garde fut une forteresse. Un site de défense commandé en 1524, en même temps que le château d’If, par François Ier inquiet de la vulnérabilité de la cité après le siège des troupes de Charles Quint. Tous les matins à 7 heures, les gardiens de la basilique perchée abaissent le pont-levis rebâti au XIXe siècle.
La ville entière aux pieds de la Bonne Mère
« Le seul vestige du bastion est un éperon en pierre, en forme de proue de bateau, qui regarde vers le large », confie Magali Chapus, responsable du musée de Notre-Dame de la Garde en nous entraînant sur ce morceau de rempart dans l’angle sud-ouest de la terrasse. De là, le regard embrasse les quartiers Sud et cette mer d’un bleu intense où flottent les îles du Frioul. Il faut faire le tour complet de l’esplanade pour comprendre pourquoi cette ville blottie entre les massifs de Saint-Cyr, de Marseille- veyre, du Garlaban, de l’Étoile et de la Nerthe s’est choisi un destin maritime.
Une vigie marseillaise
La Garde est le nom d’une colline de 161 mètres où s’installa une vigie dès 904, avant qu’un certain Magister P, ermite et homme religieux, y bâtisse une maison et une chapelle dédiée à la Vierge en 1214. Le sanctuaire marial était né. « François Ier était très religieux. Il a conservé la chapelle au sein du fort et a autorisé sa fréquentation en temps de paix », précise Magali Chapus. C’est l’élan marial du XIXe siècle et son afflux de pèlerins qui entraînent en 1853 la construction de la basilique telle qu’on la connaît aujourd’hui. Un édifice aux façades jouant la bichromie entre calcaire blanc et grès gris-vert, coiffé d’un dôme et d’une tour brandissant une monumentale statue de la vierge dorée à la feuille d’or.
Mosaïques...
Dans une ville ouverte sur l’Orient avec son grand port colonial, l’architecte Henri-Jacques Espérandieu a choisi le style romano-byzantin, très en vogue à l’époque. Il culmine dans le foisonnement de mosaïques dorées, savamment éclairées, qui réjouissent le regard dès l’entrée dans la basilique. Ces tesselles de verre habillent les voûtes, le dôme, les transepts, l’abside, d’oiseaux, de couronnes de fleurs, d’anges, de scènes bibliques et de médaillons chargés de symboles. Là un buisson ardent, ici l’arche de Noé...
...Et ex-voto
On distingue le nom des grandes familles marseillaises qui ont financé les œuvres, comme les armateurs Pastré et Fabre. Du plafond, pendent des maquettes de bateaux, autant d’ex-voto qui soulignent l’attachement des marins à la basilique. « Elle fait partie de la vie de la cité. De par sa position géographique, on la voit de partout... et on la cherche. Quelle que soit leur confession, les Marseillais ”montent” à Notre-Dame de la Garde pour les grands évènements de leur vie », rappelle monseigneur Jacques Bouchet, recteur de la basilique.