Azay-le-Rideau : le diamant de l'Indre
Délicat vaisseau de pierre posé sur l’Indre, Azay-le-Rideau apparaît comme suspendu entre le ciel et l’eau. Un miracle d’équilibre, une belle incarnation de la Renaissance. En rénovation depuis 2015, le château accueille cependant toujours les touristes.
Une beauté inachevée ?
La bonne fée qui s’est penchée sur le berceau d’Azay-le-Rideau s’appelait Philippa. Car c’est une femme – encore une ! – qui est à l’origine de ce château plein de grâce. Épouse de Gilles Berthelot, intendant des finances sous François Ier, elle supervisa les travaux en l’absence de son mari, tout comme Katherine Bohier à Chenonceau. Autre similitude : le château fut confisqué par décision royale, les travaux pas encore terminés, en 1528.
Il faut dire que François Ier n’entretenait pas d’excellents rapports avec les banquiers de l’époque, qu’il accusait de ne pas avoir suffisamment contribué au versement de sa rançon à Pavie. Lui-même devant de fortes sommes à certains d’entre eux, les poursuivit de ses foudres : Gilles Berthelot préféra s’enfuir plutôt que de subir le royal courroux.
L'originalité imprévue
Le plan en « L » du château, qui fait son originalité, n’est donc pas un coup de génie de l’architecte, mais bien le fait de travaux inachevés.
Une charme immuable
L'arrivée au château
Une belle allée de chênes conduit les visiteurs dans la cour d’honneur.
D’emblée, Azay séduit avec sa façade délicatement ourlée à la mode italienne, baies à loggias, lucarnes à pilastres, chapiteaux ioniques. Difficile de s’imaginer qu’un tel ensemble est bâti sur… pilotis ! En effet, le site est celui d’une île entre deux bras de l’Indre, au sous-sol meuble et boueux. Il faudra des mois à une centaine d’ouvriers pour évacuer des tonnes d’eau à l’aide de pompes de fortune.
De l’audace, toujours de l’audace !
Le second sujet d’émerveillement est l’escalier : à Azay, il n’est pas à vis comme à Blois, mais à rampe sur rampe, dans la plus pure tradition de la renaissance italienne. Et revendique sa place en plein milieu de la façade avec ses quatre niveaux de baies centrées.
L’architecte s’est sans doute inspiré de celui du château de Bury, près de Blois, aujourd’hui disparu.
Le décor est exceptionnel
Le décor mérite toute votre attention : hermines, salamandres, angelots, rois et reines décorent chapiteaux et médaillons. Il dessert les pièces maîtresses d’Azay : la chambre royale, qui accueillit Louis XIII et Louis XIV, les appartements privés et leurs collections de tapisseries, la bibliothèque et ses toiles peintes, la grande cuisine voûtée d’ogive et le salon Biencourt.
Le marquis du même nom acheta le château en 1791 et lui redonna le lustre qu’il avait perdu depuis deux siècles. c’est aussi la famille Biencourt qui aménagea, au XIXe siècle, le parc à l’anglaise. La balade sous les cyprès chauves, les séquoias et les « arbres aux quarante écus » est une belle manière de terminer la visite. Vous y savourerez la plus belle vue d’Azay, en vous disant que Balzac avait bien raison. L’auteur du Lys dans la vallée – il en rédigea une partie ici – écrivait :
Azay est un diamant taillé à facettes, serti par l’Indre, monté sur pilotis, masqué de feurs
Au feu !
Entouré d’eau, Azay-le- Rideau est marqué par le feu.
- En 1418, le dauphin Charles VII est pris à partie par la garnison du château de l’époque, une grosse maison forte occupée par les partisans des Bourguignons. Insulté, le futur roi assiège le château féodal, s’en empare, passe la garnison au fil de l’épée et fait incendier l’édifice. Le village en gardera le nom d’Azay-le-Brûlé jusqu’au XVIIIe siècle.
- Un drame qui faillit bien se répéter en 1871. Azay est alors occupé par les Prussiens. Un lustre mal accroché s’écroule sur la table où dîne le prince Frédéric-Charles de Prusse. Celui-ci croit à un attentat et menace d’incendier le château. Ses officiers réussissent à l’en dissuader. Ouf !
Rénovation du château
Ce majestueux et charmant édifice fut classé Monument Historique le 18 Avril 1914. Aussi est-il géré par le Centre des Monuments Nationaux ayant pour vocation de conserver, administrer, restaurer et animer plus de 100 monuments.
Aujourd'hui, 7,5 millions d'euros ont été investis afin de raviver la splendeur du remarquable castel du Val-de-Loire. Ce projet s'échellone sur 6 ans et prévoit notamment des restaurations techniques (éclairages, réseaux hydrauliques), visuels (décorations intérieures, façades etc...).
Le Centre des Monuments Nationaux valorise ces travaux et organisait cet été conférences et expositions : "C'est quoi ce chantier ?".
Suivez ainsi l'actualité du château sur leur site internet.
Pendant les restaurations le Château d'Azay reste ouvert, et les visites sont toujours possibles.
Tarifs
Plein Tarif : 6,5€
Tarif Réduit : 5,5€
Gratuit pour les moins de 18 ans (25 ans si européen).
Horraires
Du 1er Avril au 30 Septembre : tous les jours 9.30-18.00
Du 1 Octobre au 31 Mars: tous les jours 10.00-17.15
Du 1er Juillet au 31 Août : tous les jours 9.30-19.00
- Château d'Azay-le-Rideau - Musée/Monument/Site - Voir la fiche