Le château de Fougères, gardien de Bretagne
Le château de Fougères est une forteresse parmi les plus vastes d’Europe. Elle a été le témoin des guerres incessantes entre le duché de Bretagne et le royaume de France.
Château ? Forteresse ? Cité militaire ?
« Au pied des enceintes de Fougères, on reste ébahi devant tant de puissance, devant la masse de l’énorme château chevauchant le ressac fgé des blocs de schiste », écrivait Julien Gracq. Balzac, Chateaubriand et même Victor Hugo (peut-être parce que Juliette Drouet était fougeraise !) y ont également succombé…
Son histoire
Nous sommes en 1166. Le premier château en bois vient d’être incendié par le roi d’angleterre. Raoul II, seigneur de Fougères, le fait reconstruire, mais en pierre. Il faut dire que Fougères fait partie des Marches de Bretagne – comme châteaubriant, clisson ou Vitré –, ces forteresses destinées à protéger le duché indépendant des appétits de ses voisins français et anglais.
Arrêtons-nous sur le choix du site, plutôt insolite : dans une cuvette, en contrebas de la ville haute, mais sur une petite presqu’île rocheuse, entourée par la rivière Nançon. La forteresse compte trois enceintes successives, ce qui en faisait à l’époque un remarquable site défensif : la garnison pouvait en efet se replier jusqu’au réduit, le dernier carré fortifé protégé par de hautes tours.
Des fortifications infranchissables ?
Franchissons la première enceinte en contrebas, protégée par trois tours avec archères dont la tour La-Haye-Saint-Hilaire, du XIIe siècle. Imaginons un instant l’ennemi : avant d’arriver là, il doit franchir la rivière sur un petit pont de bois et sous les flèches des défenseurs.
Une fois dans la première enceinte, il n’est pas au bout de ses peines : face à lui, la tour de Coëtlogon, ses deux herses et ses meurtrières. Passage obligé pourtant pour qui veut pénétrer dans l’enceinte principale, encerclée par 320 mètres de courtines : au Moyen Âge, la basse cour est le lieu de vie quotidienne du château et sert aussi de refuge à la population en cas d’attaque.
À gauche en entrant, on découvre d’ailleurs les vestiges du logis du XIVe et les souvenirs d’une chapelle. Sur le chemin de ronde, les tours Raoul et Surienne sont en fer à cheval : une forme caractéristique au XVe siècle, qui permet de tirer à l’arme à feu ou au canon. Et des murs de 7 mètres d’épaisseur, qui laissent rêveur ! Elles ont été construites à une époque où le duché de Bretagne craignait l’affrontement avec le royaume de France.
Encore un effort et voici la troisième enceinte, ultime refuge pour le seigneur en cas d’attaque. elle s’appuie sur les deux plus hautes tours : des Gobelins et Mélusine. Celle-ci fut édifée par Jeanne, fille de Raoul III, seigneur de Fougères et compagnon de Saint-Louis. Femme de poigne, elle a aussi fortifé la ville au XIIIe siècle.
On peut s’attarder sur l’architecture de la tour Mélusine : 30 mètres de haut, 13 de diamètre, des murs épais de 3,50 mètres, des archères et une plate-forme pour les vigies ; quatre étages avec escalier à vis, salles de garde, cheminées et latrines. C’était à l’époque ce qu’on pouvait faire de mieux en matière d’architecture militaire. Entre les deux tours subsistent encore les soubassements de l’ancien donjon de Raoul II, aux proportions respectables : 20 mètres de diamètre et des murs de 5 mètres.
Robuste mais pas insurmontable
Malgré son système de défense remarquable, Fougères a été pris plusieurs fois au cours de son histoire ; la plus importante en 1488 quand les armées de Bretagne sont décimées par les troupes de Charles VIII, suite à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier.
Une défaite qui sonne le début du rattachement du duché à la France. Fougères s’en est tiré sans trop de mal et a traversé tous les conflits sans dommages. Voilà qui explique son remarquable état de conservation. Ce qui avait fait dire à Lawrence d’Arabie, qui en avait pourtant vu d’autres :
Il n’y a pas d’extérieur plus beau, j’en suis certain.
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