Nohant, dans la maison de famille de George Sand
Nohant-Vic, village d’à peine 500 âmes, dans le profond pays berrichon, au cœur de la Vallée noire. George Sand y vécut dans le « château » de sa grand-mère paternelle, y savourant une enfance et une vieillesse heureuses. Elle offrira surtout à Nohant un écrin pour l’éclosion du romantisme européen, recevant des hôtes de renom.
Château ? Maison ?
« Le château, si château il y a (car ce n’est qu’une médiocre maison du temps de Louis XVI), touche au hameau et se pose au bord de la place champêtre sans plus de faste qu’une habitation villageoise », écrit, dans Histoire de ma vie, Amandine Aurore Lucile Dupin (1804-1876), baronne Dudevant, qui passera à la postérité pour son œuvre littéraire sous le nom de George sand.
« Cette construction, médiocrement spacieuse pour une maison de campagne et infniment trop petite pour être un château. Mais, telle qu’elle est, elle s’est prêtée à nos besoins, à nos goûts et aux nécessités de nos occupations : nous avons trouvé moyen d’y faire deux ateliers de peinture, un atelier de gravure, une petite bibliothèque, un petit théâtre avec vestiaire et magasin de décors.»
C’est cependant dans cette grande et modeste maison bourgeoise du XVIIIe siècle que celle qui dut prendre un nom d’homme pour pouvoir vivre pleinement sa vie de femme composera une grande partie de son oeuvre romanesque (dont ses « romans champêtres », La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi ou Les Maîtres sonneurs), de sa foisonnante correspondance (plus de 20 000 lettres) et qu’elle vivra ses plus intenses moments de créativité, d’amour et d’amitié.
La visite du lieu
Une fois poussé le portail bleu, une longue allée feurie d’hortensias mène au seuil de la demeure. Dans le hall, les murs rose et bleu ciel imitent le marbre, procurant au lieu un air de décor de théâtre. un théâtre, il y en eut un vrai. George sand écrivit 70 pièces et les produisit dans le théâtre de marionnettes qu’elle avait fait installer.
La salle à manger arbore un petit côté rustique et c’est sous le lustre en verre de Murano, qu’elle acquiert à Paris bien après son séjour à Venise avec alfred de Musset, que ses convives — Franz Liszt, Marie d’agoult, eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac ou théophile Gautier — festoyaient et « réenchantaient » le monde.
Dans le boudoir se trouve son bureau, lové dans un placard où elle passait nuitamment de longues heures à noircir des dizaines de pages. À l’étage, de la fenêtre de sa chambre, le parc s’ofre à la vue avec en point de mire deux cèdres majestueux plantés pour la naissance de son fls Maurice (1823) et de sa flle solange (1828). au bout d’un long couloir se trouve la chambre de ses petites-flles — aurore et Gabrielle — qui s’éteindront dans la maison de nohant ne laisseront aucune descendance à « la bonne dame de nohant»
Une femme libérée

Une femme, à cette époque, n’ayant aucune chance de trouver un éditeur, elle prend en 1832 le pseudonyme de George Sand. Celle qui s’habille en homme, écrit des romans brûlots anti-mariage et ne cache pas ses nombreux amants ni quelque amour saphique avec la comédienne Marie Dorval, devient vite une « scandaleuse ». Après un difficile procès la séparant définitivement de Casimir, elle recouvre le droit de retourner à Nohant, qu’elle ne quittera plus. Elle y meurt le 8 juin 1876 ; elle repose dans le petit cimetière de Nohant sous un if séculaire.