De la plaine Monceau aux Batignolles : balade haussmannienne
L’urbanisme haussmannien passe par une nouvelle organisation administrative de la capitale. Les Batignolles, Monceau, Les Ternes, Auteuil : nombre de communes limitrophes sont rattachées à Paris, désormais divisée en vingt arrondissements dotés chacun de sa mairie, de ses marchés et lieux de culte. Comment imaginer aujourd’hui que le 17e arrondissement est né du néant, à partir de la voie de chemin de fer reliant la gare Saint-Lazare à Auteuil ?
C’est en 1860 que les communes des Batignolles, de Monceau et des Ternes furent rattachées à Paris : l’actuel boulevard de Courcelles marquait jusque-là la limite de la capitale, et la rotonde à l’entrée du parc Monceau était alors un pavillon d’octroi. Les frères Pereire demandèrent une concession à la Ville de Paris pour lotir deux boulevards de part et d’autre de la voie de chemin de fer Saint-Lazare-Auteuil. Aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui, ce voisinage était alors du meilleur chic ! Mais Haussmann leur proposa mieux : lancer l’aménagement de la plaine Monceau. Il y a quelque chose de vertigineux à suivre ce projet sur un plan de Paris, en imaginant les lieux nus, ou bâtis de diverses constructions qui seront rasées sans état d’âme.
Le parc Monceau, avec sa jolie rotonde à colonnes donnant sur le boulevard de Courcelles et signée Claude Nicolas Ledoux, est créé par Philippe d’Orléans en 1778. Il est amputé de moitié sous le Second Empire, lors de l’édification du quartier de la Plaine Monceau. Les frères Pereire, florissants chefs d’entreprise, deviennent les agents concessionnaires de la ville. Les lotissements poussent alors comme des champignons...
La rue de Madrid, autour de la gare Saint- Lazare, quartier de l’Europe, est l’une des rues en étoile, toutes baptisées de noms de capitales, qui partent de la place de l’Europe. Construit en 1868 par Ernest Goüin, le pont métallique de la rue du Rocher est le « héros » d’un des courts-métrages du film Paris, je t’aime.
La station Europe, sur la ligne 3 du métropolitain, créée en 1904 par Hector Guimard, s’ouvre sur la rue de Madrid. L’habillage fait appel à la symbolique florale, la lettre « M » est présente sur tous les cartouches latéraux, et le mot « Métropolitain » est porté par deux mâts dotés chacun d’une feuille abritant une lampe orange, les « brins de muguet ».
La gare Saint-Lazare a été chantée par nombre d’artistes, comme Colette Deréal (« À la gare Saint-Lazare, à l’horloge pendue ») ou encore Jacques Brel, qui y a vu « les fleurs du mal, par hasard »... Aujourd’hui, sa salle des pas perdus voit transiter chaque année 100 millions de voyageurs, contre tout de même 25 millions en 1867. Après avoir été déplacée et plusieurs fois agrandie, la gare prend sa forme définitive en 1889. C’est l’architecte Juste Lisch qui mena les grands travaux de modernisation.
L’immeuble du 7 rue Rembrandt, dans le quartier de l’Europe (8e arr.), conçu par l’architecte Gustave Rives, possède de superbes bow-windows Art nouveau (1899).