Jour 1.
9 heures : le marché

Chaque mercredi, le marché prend ses aises le long de la Corrèze, entre le quai Baluze et le chevet de la cathédrale Notre-Dame. Sous les platanes, les producteurs locaux présentent les richesses de leur terroir : fraises et framboises (la Corrèze est le premier producteur français de framboises), pomme du Limousin (une golden AOP), miel du massif des Monédières, châtaignes, noix... Ici, on vend même de la volaille vivante ! On ne manquera pas d’acheter un tourtou (galette à la farine de blé noir) ou le milhassou (galette de pomme de terre râpée), plats typiquement corréziens. En été, il n’est pas rare de croiser ici François Hollande, qui fut maire de Tulle de 2001 à 2008.
10 h 30 : balade en centre-ville

Le vieux Tulle offre une agréable balade parmi le patrimoine ancien. La place Gambetta arbore les plus belles façades de la ville. Mention spéciale pour la maison Loyac (fin XVe, début XVIe siècle) avec ses fenêtres en accolade, ses tours poivrières et ses porcs-épics sculptés (emblème de Louis XII). Plusieurs escaliers s’engouffrent dans des venelles qu’il faut suivre pour découvrir des coins secrets. Celui qui jouxte la maison Loyac est de loin le plus pittoresque. Rue Riche, l’hôtel Lauthonie (XVIe siècle) comporte aussi de beaux éléments Renaissance. Face à la Cité de l’accordéon et des patrimoines, la préfecture se pousse du col avec son architecture pompeuse à souhait ! L’ancien couvent des Bernardins a du charme avec ses colombages et sa treille qui s’accroche à sa façade jaune. Le bâtiment est lié au drame du 9 juin 1944, lors duquel 99 Tullois furent pendus par la division Das Reich (qui commettra le massacre d’Oradour-sur-Glane), en représailles à la résistance du maquis.
14 heures : visite de la Cité de l’accordéon et des patrimoines

Saviez-vous que l’accordéon fut d’abord joué par les femmes de la haute bourgeoisie dans les salons parisiens ? Qu’il devint populaire grâce aux émigrés italiens dans les cafés de bougnat, berceaux du bal musette ? Que la Corrèze a compté quatre facteurs d’accordéon (dont la célèbre manufacture Maugein) ? C’est ce qu’on apprend dans ce musée tout nouveau, ouvert en avril 2024 dans l’ancienne Banque de France. La visite sait rendre passionnante l’histoire du piano à bretelles. On peut même s’essayer à en jouer (diatonique ou chromatique) dans l’ancienne salle des coffres ! Le « mur des vedettes » rend hommage aux légendes nationales, de Jean Ségurel à Yvette Horner, dont le jupon tricolore signé Jean-Paul Gaultier est exposé. Deux autres parcours permanents présentent les savoir-faire identitaires de la ville : la dentelle en point de Tulle et l’histoire de la manufacture d’armes, qui fut le cœur battant de la ville au XXe siècle. Saluons la muséographie moderne et inventive, qui dépoussière ce patrimoine tulliste.
15 h 30 : la cathédrale Notre-Dame et son cloître

Les travaux de construction de cette église abbatiale, érigée à partir de 1103, devenue cathédrale en 1317, ont pris tant de retard, que le plan roman prévu à l’origine a évolué vers un style gothique, plus aérien et élancé. C’est surtout les beaux vitraux mauves du maître-verrier Jacques Grüber qu’on admire. Jouxtant l’édifice, le superbe cloître aux arcades gothiques (XIIIe siècle) est le seul subsistant en Bas-Limousin. Ancien lieu de vie des moines bénédictins, il abrite toujours les gisants des trois papes limousins qui résidèrent en Avignon (Clément VI, Innocent VI et Grégoire XI). Très belle salle capitulaire recouverte de peintures murales datant du XVe siècle.
16 h 30 : le château de Sédières

À vingt minutes de Tulle, cette ancienne résidence fortifiée médiévale a été transformée au XVIe siècle en un superbe château de plaisance au style Renaissance. Pont-levis, tours poivrières, meneaux et décors sculptés se reflètent avec majesté dans les eaux de l’étang de la Prade. Chaque été, des expositions d’art ont pour décor les voûtes en anse de panier et la galerie à vitraux. On a pu y voir des œuvres d’Arman, Nikki de Saint-Phalle ou de Claude et François-Xavier Lalanne. Les familles plébiscitent le parc du domaine, qui propose une foule d’activités (chasse au trésor, tir à l’arc, tyrolienne, etc.) et des spectacles jeune public. Des apéros concerts et des soirées d’opéra (dans le cadre du festival de la Vézère) font aussi vivre les lieux... jusqu’au bout de la nuit.
Soirée : théâtre ou panorama

Soirée théâtre au bord de la Corrèze ? Scène nationale, le théâtre L’Empreinte bénéficie d’une programmation culturelle éclectique (danse, théâtre, musique). On aime particulièrement sa belle façade orientalisante incrustée d’émaux, imaginée en 1899 par Anatole de Baudot (1834-1915). Autre option : une balade pour contempler Tulle d’en haut. Pour une jolie vue, il faut se rendre devant le lycée Edmond-Perrier, auquel on accède à pied par une série d’escaliers (hélas vandalisés). Autre option, le cimetière du Puy Saint-Clair offre un beau panorama, sous autre angle... mais il faut gravir un autre escalier, remonter la rue de la Bride et grimper encore !
Jour 2.
9 heures : le « coin des Clampes »

Au carrefour des rues du Trech et du Fouret, les statues de la fontaine du « Coin des Clampes » montrent deux mégères en train de médire. Clampar signifie bavarder en occitan... On garde ici en mémoire l’affaire du corbeau de Tulle, une autrice de messages anonymes qui dénonça les faits et gestes des habitants de 1917 à 1922 par une série de lettres ordurières et diffamatoires. L’histoire inspira à Henri-Georges Clouzot son film Le Corbeau (1943).
10 heures : Gimel-les-Cascades

À 10 kilomètres de Tulle, ce village doit son nom aux spectaculaires chutes d’eau qui s’abattent avec fracas en son sein. Mais réduire Gimel à ses cascades serait injuste. Le village a beaucoup de charme avec ses ruelles fleuries, ses terrasses en escalier et ses maisons en granit coiffées d’ardoise de Travassac. Descendez au pont péage, où une chaumière entourée d’hortensias regarde couler la Montane encore calme... Depuis le jardin étagé du castel Vuillier, joli panorama sur les gorges et les ruines de la chapelle Sainte-Étienne-de-Braguse sur son rocher. L’église Saint-Pardoux vaut absolument le coup d’œil pour son clocher à peigne roman, ses fresques murales du XIIIe siècle et son trésor : une châsse émaillée renfermant les reliques de Saint-Étienne, chef-d’œuvre de la production limousine médiévale.
11 heures : les cascades de Gimel

Descendue du massif des Monédières, la rivière Montane se jette à corps perdu dans un gouffre, qui fut l’un des premiers sites naturels classés de France (1912). Trois chutes spectaculaires se succèdent (le Grand saut, la Redole et la Queue de cheval) sur une hauteur totale de 143 mètres, et finissent leur cours dans le gouffre de l’Inferno, avant de rejoindre la Corrèze. Deux parcours, l’un public (et gratuit), l’autre privé (et payant), chacun sur une rive, permettent d’apprécier le spectacle... et les embruns qui vont avec. Mieux vaut venir le matin pour profiter de la lumière sur les gerbes d’eau. Une jolie guinguette permet de se restaurer dans le parc aménagé par le peintre Gaston Vuillier à la fin du XIXe siècle. Un bain de fraîcheur au cœur de l’été.
14 heures : Maison du patrimoine à Naves

Si le site de Tintignac est fouillé depuis bien longtemps, c’est en 2004, le tout dernier jour des fouilles, qu’est trouvé un fabuleux trésor gaulois : armes, pièces de harnachement, chaudron, casques ouvragés (dont un superbe casque-oiseau) mais aussi et surtout sept carnyx. L’une de ces trompettes de guerre à tête de sanglier, chose rarissime, est entière ! Ces objets avaient été délibérément enfouis dans une petite fosse peu profonde, creusée dans l’enceinte d’un temple gallo-romain. L’actuelle Maison du patrimoine, qui met en valeur cette découverte exceptionnelle avec des moyens limités, doit faire place à un véritable musée en 2025. La visite au village de Naves serait incomplète sans un tour à l’église, qui renferme un superbe retable en noyer de style baroque.
16 h 30 : site archéologique de Tintignac

Ouvert au public de juin à septembre, ce site archéologique, classé depuis 1840, regroupe un ensemble de bâtiments : théâtre, tribunal à deux basiliques, bâtiment en hémicycle et fanum. Un temple gallo-romain recouvre un sanctuaire gaulois, dont la fouille a livré les fameux carnyx exposés à Naves. Pourquoi un tel site ici ? C’est que Tintignac se trouve sur une ancienne voie commerciale, la « route des métaux », où transitaient étain, fer et or. Le site, en partie sous chapiteau, se compose de ruines très arasées. Tintignac est loin d’avoir livré tous ses secrets puisque seul un bâtiment, le fanum, a été fouillé dans son intégralité.
18 heures : lac de Bournazel, à Seilhac

À Seilhac, à 10 kilomètres au nord de Naves, ce lac entouré d’étangs permet de se délasser et de se rafraîchir au cœur de l’été. Les arbres penchés sur l’eau en font un cadre agréable. Jolie plage artificielle avec plongeoir et, pour pique-niquer au bord de l’eau, de grandes pelouses. Idéal pour se détendre après avoir visité les sites de Tintignac et de Naves.