Balade en roulotte dans le Marais poitevin
Au cœur de la Venise Verte, canaux et conches dessinent un labyrinthe aquatique que l’on explore d’habitude en barque. C’est pourtant à une jolie balade en roulotte que nous vous convions. De l’abbaye de Maillezais à l’embarcadère du Mazeau, en route pour une promenade tranquille entre terre et eau, à l’ombre des frênes têtards.
Vous aurez peut-être la chance de vous faire promener en « plate » par un pigouilleur (ou batelier) qui a grandi dans le marais poitevin et qui connaît le marais mouillé comme sa poche. Vous apprendrez que les plates servaient aussi au transport des vaches, amenées à brouter sur les « mottes », petites parcelles délimitées par les canaux. Que l'avant du bateau n’est pas pointu mais droit afin d’être mieux calé contre la berge. Que les paysans cultivaient aussi la mogette, l’or blanc du marais, sur ces parcelles bordées de frênes têtards. La petite et la grande histoire du marais défile et c’est encore plus beau le matin, lorsqu’une lumière douce éclaire les montées de brume...
Commençons notre balade en roulotte devant l’abbaye de Maillezais, fondée à la fin du premier millénaire... sur une île. À l’époque, le Marais poitevin est entièrement recouvert par la mer, et Maillezais n’est que l’un des vingt et quelques îlots du golfe des Pictons. Les moines de l’abbaye entreprennent d’assécher les terres humides et d’aménager le marais. Nécropole des ducs d’Aquitaine, évêché durant trois siècles et demi, l’abbaye accueille Rabelais pendant cinq ans. L’abbaye a beau avoir servi de carrière de pierres pendant la Révolution, sa beauté, même mutilée, reste intacte. En mai, de gros bouquets de lavande embaument même l’ancien cloître.
Des ruines grandioses de l'abbaye de Maillezais. En contrebas des bâtiments conventuels, le pied de Gargantua rappelle que son créateur, Rabelais, vécut dans l'abbaye entre 1520 et 1524. Ces murs furent son refuge pour s'éloigner des moines franciscains de Fontenay-le-Comte qui n'appréciaient pas qu'il étudie le grec : culture qui, selon eux, menait à la rebellion.
Passé le village de Maillezais, deux canaux tapissés de lentilles d’eau interrompent brusquement la campagne pour nous plonger au cœur du Marais mouillé, ces 32000 hectares qui, à la façon d’une éponge, protègent des inondations les prairies du Marais desséché. Les chemins d’eau sont bordés de frênes têtards, dont les racines noueuses maintiennent les berges. Leur nom vient du renflement caractéristique au sommet de leur tronc torsadé.
Halte culturelle et photogénique devant l'église Saint-Nicolas de Maillezais qui date du XIIe siècle. La voussure interne de son portail central est sculptée de dizaines de volatiles tenant de petits person
Les long des conches glissent les plates
Un petit pont enjambe l’eau vert petit pois et mène à l’embarcadère de Saint-Sigismond. Deux couples embarquent dans l’une des plates (barques) postées à l’ombre des saules pleureurs. Avec plus de 4000 kilomètres de « conches » (petits canaux), la Venise Verte se prête à la balade au fil de l’eau. Encore faut-il ne pas se perdre dans le dédale du « petit chevelu », ainsi que l’on nomme le réseau de petits canaux. Avec une carte précise, on pourrait d’ici rejoindre La Rochelle en canoë. Mais le plus simple est de se laisser guider par un batelier, qui pousse la plate à l’aide de sa pigouille, longue perche en bois. « Elle permet d’économiser trois ou quatre coups de rame », nous confie le batelier, fier de son « marais sauvage ». « Il n’est pas rare d’apercevoir des chevreuils dans l’eau... Les loutres sont plus rares. Mais pour la pêche, quel bonheur : gardons, silures, carpes ! »
Nous laissons le batelier à ses rêves de poissons pour rejoindre Saint-Sigismond au petit trot. Sans un regard pour les élégantes demeures en pierre à la sortie du village, Océane avance à un bon rythme vers Le Mazeau. Le village possède lui aussi son « port ». Les barques noires attachées ensemble évoquent un éventail dans l’eau à cet endroit d’un vert laiteux.
Au rythme des pas de la jument, une découverte particulière du Marais mouillé. Le charme des minuscules voies de circulation est immense. Qu'un vieux pont de pierre vienne à enjamber une conche bordée de frênes têtards, et l'on sait que l'embarcadère est proche.
De très agréables balades en plates sont proposées ici. La roulotte continue son chemin dans le décor typique du marais poitevin : les allées de frênes têtards, la pente d’un potager se terminant dans l’eau du canal, l’ombre dansante des saules et des peupliers sur la route...
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