Ce que l'Alsace a apporté à la France
Les régions et terroirs, riches de leur contraste, ont forgé l’unité de notre pays au fil des siècles. Personnalités locales aux destins qui marquèrent l’Histoire nationale, gastronomie, vocabulaire régional... Découvrez ce que l'Alsace a légué à la France.
La Marseillaise
L’hymne national de la France porte un nom trompeur. Il est né en Alsace, la nuit du 25 avril 1792, alors que l’officier du Génie Rouget de Lisle est prié par le maire de Strasbourg de composer un chant de ralliement pour galvaniser les troupes françaises en guerre contre l’Autriche. Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin sera baptisé La Marseillaise après sa reprise par les volontaires originaires de la Cité phocéenne. Ils sont venus renforcer les rangs, tandis que les troupes doivent reculer devant la Prusse, alliée à l’Autriche. La Marseillaise est déclarée hymne national le 14 juillet 1795.
Victor Schoelcher, l'humaniste qui abolit l'esclavage
Né à Paris, Victor Schoelcher (1804-1893) est issu, côté paternel, d’une famille alsacienne originaire de Fessenheim (Haut-Rhin), propriétaire d’une usine de fabrication de porcelaine renommée. C’est en tant que représentant commercial de l’entreprise familiale qu’il sera pour la première fois confronté à l’esclavage lors de déplacements outre-Atlantique. Dès lors, révolté, l’homme politique humaniste, député à plusieurs reprises, fera de l’abolition de l’esclavage le combat de sa vie. L’historique décret d’abolition qu’il rédigera sera adopté le 27 avril 1848. Un musée (21, rue de la Libération, 68740 Fessenheim, 03 89 62 03 28), ouvert en 2015, salue aujourd’hui la mémoire de celui repose au Panthéon.
Le livre imprimé de Gutenberg
Né à Mayence, l’Allemand Johannes Gutenberg séjourna en Alsace avec sa famille de 1434 à 1445. Cette région est alors un foyer de l’humanisme rhénan, notamment grâce à son école latine de Sélestat qui rayonnait dans toute l’Europe. À Strasbourg, le jeune homme fit l’apprentissage de l’orfèvrerie. Si le premier livre qu’il imprima parut en 1454 dans sa ville natale, c’est bien dans la capitale alsacienne qu’il mit au point sa fameuse invention : l’imprimerie typographique qui révolutionnera la diffusion des savoirs en Europe. Strasbourg s’imposera comme un pôle majeur du livre imprimé.
La choucroute
Avant d’incarner la gastronomie alsacienne, la choucroute a voyagé. Le chou fermenté (autrement dit: « chou aigre », soit « Sur Krut » en alsacien) aurait été inventé en Chine pour nourrir les bâtisseurs de la Grande Muraille, avant d’essaimer en Europe centrale jusqu’en Alsace. Après l’annexion de 1871 à l’Allemagne, les Alsaciens émigrés à Paris exportent la choucroute dans leurs brasseries... Toutes sortes de viandes et de poissons peuvent la garnir, chaque cuisinier a sa signature : la « tisane » d’épices qui le parfume. En Alsace, le chou est récolté entre juillet et novembre ; il fermente deux à huit semaines avec du sel.
Des mots qui sonnent alsacien
Mine de rien, l’alsacien est entré dans le langage quotidien des Français. Exemples ? Si l’on vous dit « Vous prendrez bien une chope ? », sachez que le mot est directement issu de l’alsacien « schoppe » qui désigne un « grand verre à bière »... Mais si vous en prenez trop, vous risquez d’être « schlass », un mot lui aussi venu d’Alsace, synonyme de « fatigué, mou, voire ivre »... Et pour se requinquer, le mieux est de commander une bonne choucroute – un mot dérivé de « Sürkrüt », soit « chou aigre ».