Vizzavona, une forêt Corse à découvrir
Vizzavona et sa forêt, au cœur géographique de la Corse, sont une étape importante du GR20, sentier de grande randonnée de l’île. Le long du ruisseau Agnone, on profite d'un panorama superbe, entre cascades chantantes et colonies de pins laricio, entre faune et flore. Il faut dire qu’avec altitude de 1 163 mètres, le col de Vizzavona a de quoi offrir une vue inoubliable qui subjugue aussi bien les touristes que les locaux. Cascade, randonnée, paysages de rêve, forêt… La Corse nous offre ce qu’elle a de plus beaux.
La cascades des Anglais : un accès relativement facile...
Cela fait longtemps que l’Europe entière a saisi la beauté du site et monte au col de Vizzavona (1 163 mètres) pour en admirer la grandeur. À la fin du XIXe siècle, la construction de la ligne de chemin de fer y attira ingénieurs, promeneurs et naturalistes. Malgré la réputation aventureuse du sentier de grande randonnée GR20, l’accès à la cascade des Anglais est ici relativement facile. Une fois quitté la N193 qui descend vers Ajaccio, on s’enfonce sous des frondaisons de feuillus. Après une descente en pente douce de quelques centaines de mètres, le murmure de l’eau devient omniprésent : ici passe l’Agnone, un ruisseau qui dévale la montagne avant d’aller se jeter dans le Vecchio et le Tavignano pour finir sa course dans la mer Tyrrhénienne. Seulement 6,9 kilomètres de long mais un compagnon idéal pour crapahuter vers le Monte d’Oro, le deuxième plus haut sommet de Corse (2 391 mètres). Sur le sentier, rive droite, attiré par les cascades, les rebonds de l’eau sur les vasques calcaires, les bassins cristallins, on perd facilement les indications rouges et blanches portées sur les chaos rocheux et les troncs. Les promeneurs rencontrés nous remettent sur le droit chemin. D’autres fois, c’est une vachette au pied montagnard, dont la cloche tinte au loin, qui sert d’efficace rabatteur…
Dans la forêt de Valdu Niellu, le roi des laricios
Au cours de l’ascension, le paysage se fait austère, dénudé. Il permet d’observer au plus près l’un des géants de la nature corse, le pin laricio. Marcelle Conrad (1897-1990), une artiste botaniste qui fit un colossal travail de recensement de la flore corse (et dont les ouvrages pourront être consultés dans la bibliothèque de l’hôtel Monte d’Oro) avait longuement décrit cet arbre : pouvant atteindre 50 mètres de haut, au fût droit, adapté aux mâts de navire mais donnant aussi des « boiseries aux tons chauds ». On reconnaît l’arbre à son ampleur (il n’est réellement exploitable qu’après avoir atteint l’âge de 180 ans et un diamètre de 70 centimètres), à ses aiguilles qui ne tombent que tous les six ou sept ans, mais aussi à son écorce, qui n’est pas craquelée horizontalement mais seulement verticalement. Marcelle Conrad mentionnait le roi des laricio, un patriarche de mille ans, abattu en 1956 dans la forêt Corse de Valdu Niellu (dans le Niolo) après avoir été touché par la foudre.
Retour au col de Vizzavona
Si l’on tend l’oreille, si l’on affûte le regard, peut-être pourra-t-on saisir le passage de la sittelle corse, qui raffole des pignons du laricio. Il suffira de détecter sa jolie tête noire… Salamandres, truites fario, geais, huppes et loirs : bien d’autres représentants du genre animal peuvent être croisés. Mais pas l’écureuil ni la vipère, qui n’existent pas en Corse ! Au retour vers le col de Vizzavona, ayant faussé compagnie au GR20, nous voici marchant sur la ligne de crête, sous le feuillage des noisetiers. La brume est montée, cachant totalement la descente vers Ajaccio. Mais fournissant une atmosphère inoubliable, lorsqu’apparaissent comme un fantôme, dans des lambeaux d’ouate, les ruines de l’autre fort de Vaux. La Corse, parfois, c’est mieux que l’Écosse !
Pour aller plus loin: Détours en France vous fait découvrir le village perché de Cargèse en Corse.