Pélerinage, entre Normandie et Camargue
Chaque année les pèlerins vivent sur les routes, une aventure collective et intime. Au-delà de l’évident accomplissement d’un acte de foi s’exprimant par la dévotion, le pèlerinage correspond aussi à la quête d’un idéal. De Sainte-Thérèse de Lisieux aux Saintes-Maries-de-la-Mer, retour sur ces lieux de pélerinage.
Thérèse de Lisieux, la « petite voie »
Thérèse de Lisieux, considérée comme la plus grande sainte du XIXe siècle par Pie XI, n’a pas fait de miracle ni vu la Vierge. Son titre de gloire consiste en une sainteté mineure mais humaine : elle a « élaboré » la « petite voie », c’est-à-dire un chemin vers Dieu et la sainteté consistant en une discipline modeste mais systématique, basée non sur l’héroïsme mais sur un engagement quotidien.
Malade de tuberculose, Thérèse décède à 24 ans, en 1897, mais son message se diffuse dans le monde entier. En 1908, un miracle à Lisieux, la guérison d’une jeune aveugle, accroît l’audience de la ville. Thérèse est béatifiée en 1923, canonisée en 1925 et élevée au rang de docteur de l’Église en 1997. Elle est aussi patronne secondaire de la France, après la Vierge.
Saintes-Maries-de-la-Mer
Avec son cortège de carrioles, ses cavaliers, ses bateaux enguirlandés, le pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer est l’un des plus colorés de France. C’est aussi l’un des plus politiques, et son évolution est un indice de l’intégration de la communauté gitane.
Sur ce littoral provençal où les saintes Marie auraient miraculeusement abordé en provenance de Palestine, une autre femme se mêle au groupe : Sara, la servante noire. C’est elle qui est vénérée par les Gitans, mais le pèlerinage officiel des 24 et 25 mai s’intéresse plutôt aux autres : Marie Jacobé (soeur de la Vierge) et Marie Salomé (mère de Jean et Jacques le Majeur), surtout à partir de la découverte des reliques des deux femmes, à la suite de fouilles ordonnées par le bon roi René, en 1448.
Les Gitans, eux, ne peuvent que révérer la châsse de leur patronne dans la crypte, en y entrant par une porte dérobée. Jusqu’en 1935… À cette date, le combat de Folco de Baroncelli (1869-1943) porte ses fruits. Ce personnage haut en couleur, descendant d’une ancienne noblesse toscane, ami de Frédéric Mistral et de Buffalo Bill, éleveur émérite et défenseur de la course camarguaise, est l’artisan d’une petite révolution.
Sara peut enfin être emmenée, comme les saintes Marie, vers le rivage (le 24 après-midi), et cette translation bénéficie désormais de la bénédiction de l’évêque d’Aix-en-Provence.