Compostelle : à Saintes, de Rome au roman
Au bord de la Charente, la capitale historique de la Saintonge, sous une apparence quelque peu austère, allie le charme quasi méridional de ses façades blanches aux souvenirs de son riche passé. Les pèlerins du chemin de Tours y vénèrent les reliques de Saint-Eutrope.
Saintes : une création romaine
Après la triade romaine de Melle, Saintes... Le peuple des Santons lui a donné son nom, mais Saintes est bien une création romaine. Capitale de la Gaule aquitaine, la ville est dotée de nombreux monuments gallo-romains.Vous ne pouvez manquer le symbole de Saintes, l’arc romain de Germanicus (ce monument, sauvé au XIXe siècle par Prosper Mérimée, montre combien les Saintais adoptèrent rapidement les us et coutumes des Romains), un édifice votif érigé au Ier siècle au bord de la Charente à l’entrée du Vieux Pont, aujourd’hui détruit, qu’empruntaient les pèlerins. La ville compte aussi, rive gauche, un amphi- théâtre, l’un des plus anciens et mieux conservés.
Une architecture romane
Au nord, dans le faubourg Saint-Vivien, vous découvrirez les thermes de Saint-Saloine. Par-delà le pont Bernard-Palissy, vous pourrez flâner, rive droite, dans un quartier aux maisons de type saintongeois traditionnel, en pierre de taille à deux étages surmontés d’un attique éclairé par des fenêtres carrées ou des œils-de-bœuf. Au-dessus des toits se découpe le clocher en « pomme de pin » de l’abbaye aux Dames, fondée en 1047 par Geoffroy Martel et sa femme Agnès de Bourgogne. Elle a conservé son église romane, Notre-Dame (XIe-XIIe siècles), à la si belle façade, l’une des plus grandes et plus ornées de la Saintonge. Les anciens bâtiments monas- tiques, restaurés, abritent aujourd’hui le Centre de culture européenne de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Sous le ciel bleu de Saintonge, la pierre blanche magnifie la grâce du décor sculpté des églises romanes
L'église de Saint-Eutrope à Saintes
Au XIe siècle, Guy-Geoffroy-Guillaume, comte de Poitiers et Hugues, abbé de Cluny, décident de faire bâtir, rive gauche, à l’emplacement de l’ancien sanctuaire funéraire où reposerait le corps de saint Eutrope, l’évêque martyrisé, l’église qui lui est dédiée. Quoique mutilée, elle demeure l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture romane par son chevet à absidioles, sa crypte, ses sculptures saintongeoises et son clocher. Cette église, sur trois niveaux, fut conçue pour accueillir les pèlerins et devenir le lieu de culte d’une grande communauté de moines bénédictins. Merveille architecturale, l’immense crypte aux magnifiques sculptures, sur ses chapiteaux notamment, abrite encore le tombeau du saint et dégage une grande impression de puissance. Un peu plus loin, au pied de la cathédrale Saint-Pierre, triomphe du gothique flamboyant, les rues pavées suivent agréablement le cours de la Charente.
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L'église Saint-Pierre de la Tour d'Aulnay
Datant du XIIe siècle, l’église Saint-Pierre de la Tour d’Aulnay, classée au patrimoine de l’Unesco mais un peu à l’écart de la via Turonensis, en Charente-Maritime, mérite un détour. Bien que conçue sur un plan très simple en forme de croix latine, avec nef à collatéraux, c’est une merveille de l’art roman. Sa sobriété met en valeur la richesse du décor sculpté de son portail sud notamment, orné d’un magnifique bestiaire. Ici tout est remarquable : chaque chapiteau, chaque modillon est d’une beauté exceptionnelle. L’église est entourée d’un cimetière – avec de curieuses tombes sur pilotis – et d’une belle croix hosannière du XVe siècle.
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