Compostelle : marcher dans la Grande Lande
Sur le chemin de Tours ou la Via Turonensis, pour les connaisseurs, plusieurs jours durant, vous ne quitterez quasiment pas les pistes forestières des Landes. Ennuyeux ? Cela dépend de vous, car ces kilomètres de forêt sont propices à l’introspection. La plus grande forêt d’Europe offre un souffle vert gorgé de surprises architecturales comme l’église Saint-Michel du Vieux-Lugo où les fontaines guérisseuses. Partez à la découverte de ce cette superbe étape dans les pas d'un pèlerins.
Une traversée des Landes qui relevait de la mésaventure
Entre Bordeaux et Mont-de-Marsan, la traversée des Landes : « Si tu traverses les Landes, prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là-bas (…) ; et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t’enfonceras jusqu’au genou dans le sable marin. » Voilà, selon Aymeri Picaud le sort promis, au XIIe siècle, aux pèlerins qui se lançaient imprudemment dans ce « pays désolé, où l’on manque de tout », où « les villages sont rares », où « tout est plat ». Noir tableau ! Et c’est sans compter les hordes de bandits qui hantaient cette région quasi désertique de pauvres terres de bruyères et d’ajoncs.
La plus grande forêt d'Europe offre un grand souffle vert
Aujourd'hui, pour le pélerin comme pour le randonneur, c'est une partie de plaisir. Les choses ont changé : la traversée des Landes n’est plus une aventure hasardeuse. Elle offre aux amoureux de nature un grand souffle vert. Peu après Cayac, la route entre désormais dans une verdure dont s’est recouverte, sous le Second Empire, cette ex-contrée inhospitalière. Napoléon III mena une véritable bataille contre ce désert de sable, contre l’eau et le vent. À cheval sur trois départements (Landes, Gironde, Lot-et-Garonne), la surface actuelle de la forêt des Landes est estimée à environ un million d’hectares, presque exclusivement constitués de pins maritimes : c’est la plus grande forêt d’Europe ! On respire aujourd’hui une rare sérénité entre ces millions de pins. Le soleil se glisse entre ces arbres délicatement élagués. Sous vos pas, écoutez le craquement du moelleux tapis d’aiguilles…
Des églises cachées entre les pins
Au milieu de la forêt, l’église Saint-Michel- du Vieux-Lugo, bâtie sur la rive gauche de la Leyre, était au centre de l’ancien village de Lugos, abandonné par la population au XIXe siècle. Dans les années 1950, le curé de la paroisse y a découvert des peintures murales qui dateraient de la fin du XVe siècle, relatives au pèlerinage. Vous apercevrez ensuite, perdue au milieu des pins, l’harmonieuse petite église Saint-Jacques de Labouheyre qui s’ouvre avec un étonnant porche Renaissance, où apparaissent des visages de jacquets sur fond de coquilles et fleurs de lis. Bientôt, les Landes cèdent le pas aux vallons et aux collines arrondies, annonçant le Pays Basque, prochaine étape de la Via Turonensis.
Les fontaines guérisseuses

Voir aussi le dossier complet sur la Via Turonensis :
