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Côte Vermeille : grand spectacle littoral

Par Philippe Bourget

Entre France et Espagne, les Pyrénées tombent dans la Méditerranée. La confrontation est violente et le paysage se tord en caps et anses superbes. Qu’elle se nomme Vermeille ou Brava, cette côte est un territoire gâté, exalté par Matisse et Dalí.

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Vue aérienne de Collioure

Soixante kilomètres. Voilà la distance qui sépare Collioure de Cadaqués. Peu au regard de la géographie mais beaucoup à l’aune de l’intérêt touristique. La côte méditerranéenne rompt ici brutalement avec l’atonie rectiligne du Languedoc. Elle se tortille en anses, pointes, villages et ports, livrant au pied du schiste pyrénéen l’éventail des prétentions humaines. Un parcours de rêve etaccessoirement un des plus beaux spots de plongée de France métropolitaine !

Collioure

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Le château royal de Collioure

Zoom sur son château royal comme posé sur l’eau. Il fut fortifié
 par Vauban, mais sa physionomie générale date du XIIIe siècle. À droite, le clocher- fanal de l’église Notre- Dame-des-Anges.

Collioure signe l’entrée en matière de l’itinéraire. Autour du château royal, successivement dans le giron des rois d’Aragon, de Majorque, des Habsbourg puis des Bourbons – l’enjeu frontalier explique son rôle de place forte –, le village affiche une harmonie rare. La petite baie, soulignée par le château et l’ancien phare fortifié, devenu clocher d’église, ne se contente pas d’abriter des barques catalanes et des plages bondées durant l’été. Elle protège aussi un noyau villageois aux maisons pastel, des rues hautes et basses à balcons fleuris, battues par la tramontane et la marinade, témoins d’une activité jadis florissante : la pêche aux anchois. L’intimité méditerranéenne du village ne pouvait pas échapper aux artistes. Dans le sillage de Paul Signac, Matisse, Derain, Max Jacob, Dufy et tant d’autres débarquent à Collioure dès le début du XXe siècle. Ils sont subjugués par la couleur, au point que Matisse et Derain y inventeront, l’été 1905, le fauvisme, art pictural défini par sa « violence » chromatique. Une épopée dont on s’imprègne au musée d’art moderne de Collioure.

Port-Vendres, 
« gueule d’atmosphère »


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Vue sur la Côte Vermeille et la chîne des Albères depuis le cap Béar au-dessus de Port-Vendres

Vue sur la Côte Vermeille et la chaîne des Albères depuis le cap Béar au-dessus de Port-Vendres. Le massif des Albères couvre 175 km2.

À peine 4 kilomètres au sud, Port-Vendres roule des mécaniques plus populaires. Une « gueule d’atmosphère », dirions-nous, entretenue par une activité maritime portée par le dernier chalutier, les pêcheurs au lamparo et les navires fruitiers venus d’Afrique. Comme dans tous les ports du monde, il faut rôder près des quais et humer ce parfum d’iode et de poissons mêlés, sur fond d’aventure embarquée. L’arôme remonte jusque rue Pasteur et place Bélieu, accessibles par des volées d’escaliers, ici nommées rampes Madeloc, Massane, de la Tramontane... Il suinte aussi rue Arago, surnommée rue du Soleil. Bordée de maisons colorées, près de l’église Notre-Dame-de-la-Bonne-Nouvelle, leurs façades jouent des coudes pour mieux profiter de la lumière du port.

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Église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à Port-Vendres

Port naturel en eau profonde. Son église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (XIXe siècle) est de style «romano-byzantin».

Dynamite et vins doux

La pêche, certes, mais aussi la vigne ! De Vermeille à vermillon, il n’y a que trois lettres et un 
saut de puce, celui qui expédie le visiteur vers les
 cépages dont on fait d’excellents vins rouges, secs ou doux, de Collioure et de Banyuls. Flirtant avec la tour de guet Madeloc (XIIIe siècle), l’étroite route s’élève dans les collines désertes, au-dessus de Port-Vendres. Elle explore de près le carroyage des parcelles en terrasses, ouvrant des panoramas sublimes sur Collioure, Port-Vendres, le cap Béar et la mer. À droite du cap, une anse abrite le site des Paulilles. Depuis 2008, l’ancienne dynamiterie Nobel, créée en 1870 par Gambetta, est accessible au public. On s’y promène entre pelouses et vieux bâtiments industriels. Dans les années 1960, jusqu’à 400 personnes vivaient là, tout près de l’usine à poudre, dans des maisons ouvrières. Boum boum, c’est ce que fait le cœur des amateurs de vin doux naturel de passage à Banyuls-sur-Mer !

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Les falaises de Banuyls en kayak de mer

Un excellent moyen de découvrir les falaises de Banuyls sans devoir les escalader ? Une sortie en kayak de mer !

Le village n’a pas le charme de Collioure et de Port-Vendres, alors autant prendre la mer pour découvrir son rivage et ses vignes. En kayak, on aperçoit vite les parcelles gagnées au plus près de la mer, celles qui font dire que les barques catalanes servaient jadis aux vendanges autant qu’à la pêche... La côte est ici déchiquetée, falaises bosselées, éboulis de schistes... Survolés par les sternes et les goélands, des figuiers de Barbarie s’y accrochent tant bien que mal, entre deux criquettes de gravier, du côté du cap Oullestreil.

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Les barques catalanes de Banyuls

Les barques catalanes de Banyuls-sur-Mer.

Cap cerbère, voici l’Espagne

Il est temps de filer vers Cerbère. La route, sauvage, tortueuse, bordée de vignobles, est jalonnée de caps échancrés (Rederis, Peyrefte, Canadell). À la frontière, Cerbère rappelle le temps des contrôles douaniers, quand il fallait ouvrir le coffre de sa Peugeot pour prouver qu’on ne rapportait pas 30 kilos de jambon ou 20 litres de sangria... Le Rayon Vert, hôtel-squelette abandonné au-dessus des rails, témoigne des haltes de voyageurs, sur le chemin de Barcelone et de l’Andalousie.

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l'hôtel du Belvédère du Rayon Vert, Cerbère.

Étonnant squelette de béton, l’hôtel du Belvédère du Rayon Vert, construit à Cerbère dans les années 1930, est en cours de restauration.

Passé le cap Cerbère et l’espace mémoire du col des Balitres, voici Port-Bou, autre verrou ferroviaire. Avec son immense verrière métallique, ses entrepôts et son faisceau de rails, la gare paraît démesurée. Elle témoigne d’une activité encore vive : ici, rails français et espagnols, à l’écartement différent, obligent toujours au transbordement.

Dalí, celui de Cadaqués...

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Cadaqués la Blanche

Cadaqués la Blanche, bijou de l’espagnole Costa Brava, s’agenouille doucement dans la mer. Autour de son église Santa Maria du XVIe siècle, les maisons du village semblent n’avoir pas vu le temps passer depuis que Salvador Dalí et Elena Ivanovna Diakonova, alias Gala, s’y sont rencontrés en 1929.

Cadaqués, enfin. Heureux village qui malgré la notoriété a su préserver son harmonie. Les maisons chaulées de blanc aux volets bleus se jouent des ondulations de terrains en un lacis de carrer (ruelles) et d’escaliers, laissant apparaître les dalles de schiste. Des bougainvillées et lauriers-roses odorants débordent des balcons. Entre deux arêtes de maisons, le bleu roi de la Méditerranée jaillit. On comprend que Dalí, artiste « ultra-localiste universel », comme il se définissait, ait adopté ce village, tant il incarne la cohérence entre l’humain et la nature, si près de Figueras, sa ville natale.

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Fondation Gala-Salvador Dalì

Salvador Dali vécut tout près, ici, dans cette maison qu’il agrandit peu à peu et qui abrite aujourd’hui la Fondation Gala- Salvador Dalí.

Jeune homme, il y passait des vacances et c’est tout naturellement qu’en 1930, séduit par le pay- sage et la lumière, il s’installe dans une petite maison de pêcheur, à Portlligat, à deux brassées du village. Il en fera son refuge, partageant son temps entre le travail, les sorties en mer et son amour pour Gala. L’ombre de Dalí plane toujours sur Cadaqués.