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Dieppe : une âme toujours authentique

Par Hugues Dérouard

« Dieppe est un endroit admirable pour un peintre qui aime la vie, le mouvement, la couleur », disait Pissarro...

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Dieppe, vue du ciel

C’est du ciel qu’apparait son tropisme pour la mer. Dieppe s’est développée sur l’embouchure de l’Arque, au
 XIe siècle, c’est un petit port de pêche. Au XVIe, on y embarque pour l’Afrique, Terre-Neuve, le Nouveau-Monde. En bas à gauche de l’image, on aperçoit son château bâti au XVe pour protéger la ville et ses habitants. Aujourd’hui, il abrite ses œuvres d’art, dont une superbe collection d’ivoires sculptés du XVIIe siècle.

La plage la plus proche de Paris pourrait jouer les fières. Jadis, elle fut une cité de corsaires, de grands explorateurs et de riches armateurs qui firent la prospérité de la ville, tel Jehan Ango (1480-1551), conseiller maritime de François Ier. Historiquement, Dieppe est aussi la première ville à bénéficier de la mode des bains de mer dans les années 1820, bien avant Deauville ou Cabourg, grâce à la duchesse de Berry, qui attire ici l’aristocratie parisienne et londonienne. Très vite, la ville sera l’un des décors de prédilection des impressionnistes comme Degas, Pissarro, Jacques-Émile Blanche ou Gauguin.

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La Grande-Rue à Dieppe

La Grande-Rue, les boutiques et les chalands s’y bousculent.

Malgré un prestigieux passé, l’ambiance reste authentique. Et ses pavés, ceux de la commerçante Grand-Rue, s’arpentent avec plaisir, comme les quais Henri-IV et Duquesne, égayés de façades colorées qui donnent sur le port de plaisance. Pourtant Dieppe a beaucoup souffert. On pourrait remonter à la « Grande Bombarderie », en 1694, lorsqu’elle est réduite en miettes par la flotte anglo-hollandaise. On pourrait évoquer les raids aériens de la Seconde Guerre mondiale qui l’ont profondément marquée ; ou, plus récemment, les éboulements spectaculaires de la falaise. Aujourd’hui, la cité, labellisée Ville d’art et d’histoire, s’enorgueillit de son riche patrimoine. Le château, le musée de la ville, est bien sûr son joyau : son imposante silhouette de silex et de grès domine tout Dieppe. Bien que remanié à plusieurs reprises, celui qui a été édifié pour défendre la ville contre les Anglais durant la guerre de Cent Ans a gardé sa fière allure de château fort.

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La porte des Tourelles, dernière des sept que comptait la ville.

La porte des Tourelles, date du XVe siècle, elle est la dernière des sept que comptait l’enceinte.

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Eglise Saint-Jacques

Située sur le trajet de Saint-Jacques-de- Compostelle par la mer, l’église Saint-Jacques arbore plusieurs styles, du fait du temps écoulé entre le début et la fin de sa construction, XIIe-XVIe siècles. Ses chapelles rayonnantes datent du XVe siècle.

Des deux grandes églises, Saint-Jacques, XIIIe - XVIe siècle, est la plus fascinante avec sa « frise des sauvages » (réalisée vers 1530) : un exceptionnel linteau sculpté représente les peuples d’Afrique, d’Amérique et d’Asie rencontrés par les marins dieppois. On y aperçoit sur certaines chapelles d’émouvants graffitis de bateaux. Il faut voir aussi la maison Miffant, rue d’Écosse, à pans de bois, rescapée du XVIIe siècle, ou, dans un style plus contemporain, la villa Perrotte, un hôtel particulier Art déco transformé en galerie d’art et centre culturel.

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La maison Miffant à Dieppe

Détail de la façade
 de la maison Miffant, rescapée de l’incendie et du bombardement de la ville en 1694. Grâce à elle, on peut imaginer à quoi ressemblait Dieppe au XVIIe siècle, mais il serait urgent d’œuvrer à sa restauration.

Mais pour découvrir l’âme de Dieppe, il faut passer le pont tournant Colbert, de style Eiffel, édifié pour laisser passer les bateaux vers le chenal qui mène au bassin du Commerce et rejoindre le Pollet. Le café Mieux ici qu’en face s’annonce comme une promesse. Nous voici dans un ancien quartier de pêcheurs, historiquement un peu à part à Dieppe. « Ici, les Polletais ont eu jusqu’à la fin du XIXe siècle leur costume, leur parler, leurs chansons, vante Mich, un habitant. Mais c’était aussi un quartier pauvre : il y a même eu dans les gobes, ces excavations des falaises, des pêcheurs qui vécurent jusqu’après la guerre. D’ailleurs, elles ont tristement été occupées par des Kurdes, dans l’attente d’un avenir meilleur en Angleterre. » Rien de spectaculaire, mais un charme certain dans ces ruelles tordues et escarpées et ces petites maisons en silex. On se croirait presque plongé dans un autre temps rue Quiquengrogne – n’est-ce pas là le cri de guerre des corsaires de la Manche au XVe siècle ? Juchée, solitaire, au sommet de la falaise, l’église Notre-Dame-de-Bonsecours est tapissée d’ex-voto dédiés aux marins. Là, respirez un grand coup, Dieppe, dans son ensemble, se dévoile comme jamais. Colorée, vivante et iodée.