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L'Adour, frontière vivante entre le Pays basque et les Landes

Par Philippe Bourget

L'Adour, fleuve traversant dans sa partie aval un paysage de plaines et de barthes, affiche une tradition piscicole et les traces d'une batellerie disparue. L'itinéraire par l'eau ou la route, rive gauche, glisse depuis Bayonne jusqu'à Bidache. Des maisons labourdines aux demeures navarraises, ce territoire mi-basque, mi-gascon est connu sous le nom du pays charnegou.

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Le château du Bec du Gave, au bord de l'Adour (Landes)
Le château du Bec du Gave.

Voilà une région du sud-ouest que les touristes visitent rarement. Un espace tampon, sous influence basque et gasconne, très discret vu de la côte et de ses stations balnéaires. C’est pourtant là que coule une artère du territoire, le fleuve Adour. Sans lui, le commerce local n’aurait peut-être jamais atteint une telle prospérité. Petit rappel : l’Adour prend sa source dans les Pyrénées et se jette dans l’océan à Bayonne, après 300 kilomètres de course. Depuis des lustres, il est navigable dans sa partie aval, où l’influence des marées se fait sentir jusqu’à Dax. Les marins d’eau douce remontaient même jadis à Saint-Sever, aux confins de la Chalosse. Au passage, l’Adour reçoit les eaux des Gaves Réunis, de la Bidouze et de la Joyeuse. Autant d’affluents eux aussi navigables en partie et qui irriguent des territoires isolés. Tout bon pour les échanges !

L'Adour, une ancienne autoroute fluviale

Un petit monde de bateliers, charpentiers et ouvriers de marine, aubergistes et passeurs « naviguait » entre Bayonne et l’arrière-pays. Au début du XXe siècle, plus de mille galupes (des barques à fond plat, de 10 à 24 mètres de long) et de couralins (plus courts et maniables) étaient en activité sur le fleuve. « Autrefois, l’Adour était une autoroute. Tout à Bayonne arrivait par l’eau », rappelle Michel Ravel, le patron du Coursic, bateau qui emmène les visiteurs sur le fleuve au départ de Bayonne. Tout ? Les vins de Chalosse, l’armagnac, les volailles... et la pierre calcaire de Bidache. Celle-ci est utilisée pour construire les maisons bourgeoises et quelques châteaux de bord de fleuve, à l’image de celui du Bec du Gave, au confluent des Gaves Réunis et de l’Adour, et de Roll Montpellier, sur la rive droite face à Urt. Dans l’autre sens, barils de poissons salés, harengs, morues, sardines, poivre, safran, huile, étoffes d’Angleterre remontaient depuis le port de Bayonne... Un va-et-vient permanent, observé de près par une communauté de pêcheurs agriculteurs qui n’avaient d’yeux, eux, que pour les saumons, anguilles, lamproies, aloses et civelles.

La fin d'une navigation commerciale

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La maison Naguile au bord de l'Adour à lahonce.

La navigation commerciale s’est éteinte au début des années 1990, avec les derniers transports fluviaux de pierres. Lahonce marque l’entrée du bas Adour. Comme tous les villages de la rive gauche, il est séparé en deux, le hameau du port d’un côté, le bourg sur la colline de l’autre. Un vent frais et une odeur de vase mouillée indiquent à coup sûr qu’ici passe un fleuve. L’eau trouble d’après la pluie coule largement, puissante, charriant du bois flottant. Le ciel d’un bleu laiteux taché de nuages couvre un paysage plat agricole, émaillé de bosquets boisés et, rive droite, de grosses maisons chaulées de blanc, avec pontons et barques. Hérons, martins-pêcheurs, aigrettes, spatules, cigognes lorgnent sur les poissons, les ragondins et les rares tortues cistudes. Ce paysage a, en réalité, été aménagé. Au XVIIIe siècle, des Hollandais installés dans la région – l’un d’eux, négociant, fit construire le château du Bec de Gave – ont rehaussé la rive droite de digues. Rive gauche en revanche, les terres cultivables ont été laissées ouvertes à l’eau pour réguler les crues de l’Adour. On appelle ces terres les barthes. Un tour sur l’île de Lahonce, l’une des cinq du bas Adour, démontre la richesse de ces parcelles maraîchères alluviales et leur vulnérabilité si l’eau monte.

Une communauté de pêcheurs à Urt

Plus en amont, passé Urcuit et sa belle église blanche, voici Urt. Le village a été fondé par une communauté de pêcheurs vers l’an mil. Il s’est développé autour de cette activité, toujours vivace – il reste près de 150 pêcheurs professionnels – et celle des passeurs de bacs fluviaux. Depuis le XIIIe siècle, Urt est le port naturel de la Basse-Navarre et le seul point de passage sur l’Adour entre Bayonne et Peyrehorade grâce à son pont de style Eiffel. Les maisons blanches à volets rouges signent le caractère basque de la commune. Mais de justesse ! Car voici que commence le fameux pays charnegou, mi-basque, mi-gascon, qu’incarnait Roland Barthes, l’enfant du pays né il y a tout juste un siècle et enterré à Urt. Le village avec sa jolie cale à gradins empierrée (pour la mise à l’eau des bateaux) est l’un des points d’escale du Coursic.

Christian Montauzer : label aventure...

Depuis 1946, la maison Montauzer produit charcuteries et spécialités basques, à Guiche. Pâtés, saucissons et salaisons n’ont plus de secrets pour Christian Montauzer, l’héritier de la famille. Si, dans la salle où pendent plus de 500 jambons, se trouvent des pièces de Bayonne « classiques », détentrices d’une IGP (indication géographique protégée), l’atelier est aussi connu pour ses jambons Ibaiama. Issus de deux élevages de porcs rigoureusement sélectionnés, ces jarrets sont le nec plus ultra de la production. « Je les affine pendant 20 mois, les 8 premiers au froid, les 12 autres dans ce hangar », témoigne l’artisan. Christian Montauzer a été médaillé d’argent au salon de l’Agriculture 2014 pour sa première participation au Concours général agricole !

Bidache et ses vestiges fantomatiques

Vers l’est, l’embarcation quitte l’Adour et s’engage sur la Bidouze, à hauteur de Guiche et du château des ducs de Gramont. Les ex-princes de la principauté de Bidache ont marqué de leur empreinte ces terres tour à tour navarraises et gasconnes. Dans un paysage de collines vertes et de prairies, leur château de Bidache, en ruine, brûlé en 1796, dresse ses vestiges fantomatiques aux faux airs écossais par-dessus la Bidouze. Une rivière qui vit passer jusqu’à la fin du XXe siècle des chalands chargés de blocs calcaires, extraits des célèbres carrières de pierre de la commune. L’ultime trace d’un trafic sur des rivières désormais rendues à la navigation de plaisance et à la pêche.

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