Centuri, la sentinelle du cap Corse
Centuri est un incontournable du Cap Corse. La presqu’île du nord-est de la Corse et sa colonne vertébrale de montagnes laissent peu de place à des villages groupés autour de ruelles et d’escaliers. La commune de Centuri, divisée en plusieurs hameaux, est incontestablement l'une des perles du cap Corse.
Centuri et son sublime littoral
Les puristes sont tous d'acord : l'identité corse ne s'exprime jamais aussi bien que dans "le Cap". Montagne et mer se mélangent ici plus qu'ailleurs, quand des sommets de près de 600 mètres dominent le rivage distant de quelques kilomètres seulement. Un tel dénivelé - dû au plissement alpin - explique la formation des falaises qui tombent à pic dans les flots. C'est dire combien la côte peut être austère et inhospitalière quand la Méditerrannée - qui sait si souvent déployer toute sa séduction turquoise - se fâche, transformant les flots en "chaudrons du diable".
Bénéficier d'un abri même précaire est alors une question de survie. Ce qui explique que la moindre indentation de la côte revêt une importante particulière. C’est le cas de Centuri-Port avec sa tour génoise, marine de la commune de Centuri. Installer le village loin du rivage n’est pas une exception dans cette partie de l’île. Cela serait même l’une des caractéristiques du nord de la Corse : durant des siècles, le danger venait de la mer et il était vital de voir l’ennemi arriver du plus loin possible.
Centuri: sept hameaux et un port
Pays de serpentine et de maquis, Centuri ne comporte pas moins de sept hameaux placés en arc de cercle à une altitude comprise entre 0 et 130 mètres. Il s’étend sur un territoire qui a les pieds dans l’eau et la tête au mont Toricella, situé à plus de 500 mètres d’altitude. Au détour des virages qui ponctuent la D 80 – qui fait le tour du cap Corse entre Saint-Florent et Bastia – les vues sur la mer en contrebas sont sublimes. C’est ainsi que, au débouché d’une des rares vallées, l’on découvre le septième hameau, niché derrière l’abri que forme l’îlot de Capense : le port, sur lequel se focalise toute l’activité en période estivale.
Un réseau dense de sentiers – qui traversent un maquis bas où les chênes verts, les arbousiers et les lentisques disputent l’espace aux épineux, aux bruyères et aux cistes – relie tous ces hameaux qui ont chacun leur attrait, marques d’un passé où le commerce était florissant et l’activité agricole intense. Ainsi, Camera, principale entité de la commune, est riche de l’église paroissiale Saint-Sylvestre, de l’ancienne confrérie Santa Croce et de la chapelle des Cipriani, toutes serrées autour des ruelles et des escaliers. Il faut y aller au soleil couchant, quand la mer en contrebas se teinte de rouge sang et que les pierres rosissent.
Un château dans les arbres
Entre les hameaux de Camera et d’Orche, en suivant la D35, celui de Merlacce mérite une visite plus longue. Ici, la famille de Franceschi, marquis de Sedilo au XXe siècle, a transformé en château l’ancienne tour quadrangulaire des Preziosi en lui adjoignant un pastiche médiéval. C’est en dessous de ce château qu’a été récemment mise au jour une jolie petite fontaine.
À Orche, une chapelle, la Sainte-Trinité, possède un triptyque sur bois daté du XVIe siècle et une tour carrée en ruine. Enfin, desservi par la « via », sa voie centrale pavée à l’antique, Cannelle est un joli village perché dont la vieille tour située près de l’antique chapelle San Ghjacumu a été récemment réaménagée.