La chapelle royale du Château de Versailles : l'art de la ferveur
Au départ de l’aile du Nord, la Chapelle Royale est dédiée à Saint Louis, ancêtre et modèle du Roi-Soleil. Par l’édification de ce sanctuaire, dernier des édifices bâtis sous son règne, Louis XIV démontre sa foi et solidifie la Contre-Réforme.
De loin, lorsque l’on regarde vers le château, c’est la chapelle que l’on aperçoit en premier. Au départ de l’aile du Nord surgit son imposant chevet en pierre avec son toit qui forme le point culminant de tout le Domaine. Cet édifice est la cinquième chapelle bâtie à Versailles, la quatrième, édifiée en 1682 à l’emplacement du salon d’Hercule, s’était vite révélée trop étroite.
Un luxe d'Ornements
Le chantier de la « grande » chapelle, commencé dès 1689 par Hardouin-Mansart, fut sans cesse retardé par les guerres. L’architecte ne vit pas la fin du chantier : il mourut en 1708, deux ans avant que la chapelle soit consacrée. Son beau-frère Robert de Cotte lui succéda et mena à bien le projet. À l’époque, on dénonce un « immense catafalque » (Saint-Simon) ou le « fatras d’ornement » (Gabriel). À l’architecture gothique est emprunté l’élan vertical – la chapelle s’élève à vingt-cinq mètres vers le ciel –, les hautes fenêtres, les gargouilles... Les deux niveaux à l’intérieur de l’édifice sont inspirés du modèle des chapelles palatines, le style classique avec ses colonnes corinthiennes de pierre blanche évoque la Sainte-Chapelle. Le décor est riche en peintures et sculptures. Le sol de marbre polychrome, les arches et colonnes finement sculptées, les peintures de la voûte, le buffet d’orgue, le bronze doré des bas-reliefs du maître-autel sont résolument baroques. Dommage que ce terme soit galvaudé, car vraiment, la chapelle est grandiose.
La musique de la Chapelle
2. Au chatoiement bleu et or des peintures de la voûte répond la blancheur du marbre. L’intérieur de la chapelle est clairement baroque, donc de son temps. Sous la profusion du décor de cet édifice où les dorures étincellent et où le blanc resplendit, on vénérait Dieu tout en honorant le roi.
Il faut imaginer, chaque matin, généralement à 10 heures, le roi s’y rendant depuis son Grand Appartement, escorté de ses courtisans, pour assister à la messe. Il se tient à la tribune royale, entouré des membres de sa famille. Dans la nef, se trouvent les officiers et le public. Le souverain n’y descendait que lors des grandes fêtes religieuses, pour les cérémonies de l’Ordre du Saint-Esprit et pour les baptêmes et les mariages royaux qui y furent célébrés jusqu’en 1789. Il faut imaginer, entendre aussi, la musique que l’on y jouait. Lorsqu’il y entra pour la première fois, Louis XIV n’y fit-il pas chanter un motet pour juger de l’acoustique ? À chaque messe, chaque jour, la Musique de la Chapelle, alors l’une des meilleures formations d’Europe de chanteurs et de musiciens de musique liturgique, y jouait des motets autour de l’orgue installé – et c’est un emplacement inhabituel – dans la tribune au-dessus du maître-autel. Aujourd’hui, c’est le Centre de musique baroque de Versailles qui investit les lieux et y donne toute l’année des concerts. L’occasion d’écouter, entre autres, des œuvres de François Couperin qui composa et joua pour Louis XIV ici même.
L’oratoire de la Pompadour

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