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Bonifacio, une cité corse de caractère

Par Rafael Pic

La vigie de la pointe sud de Corse est tout sauf fade ! Au cours de son histoire, Bonifacio a subi des sièges, des invasions, des épidémies, mais a toujours su se relever des revers en cultivant un caractère propre. Aujourd'hui encore, perchée sur son éperon, ou "piale", face à la Sardaigne, elle cultive un particularisme original. Découvrez Bonifacio, cité corse de caractère.

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Le port de plaisance est dominé par la citadelle.

En découvrant la topographie de Bonifacio, on ne peut que retenir son souffle. Comment les habitants ont-ils pu construire leurs maisons sur ces falaises à pic ? Comment les maçons et charpentiers ont-ils défié le vide pour y accrocher ces cubes pastel, qui tiennent parfois en porte-à-faux ? Ce pouvoir de fascination de Bonifacio n’est pas neuf. En 1887, le prince Bonaparte, face au soleil trouant les nuages, évoquait « l’aspect de ces cités fantastiques noyées dans un rayonnement inouï de lumière ». Les premières maisons sont mentionnées en 828 lorsque le comte Boniface de Toscane chasse les Arabes et lègue son nom à la ville. Même si elles tombent parfois dans l’abîme, toujours elles sont reconstruites au même endroit.

Autre région: et si vous passiez au Nord après visité le Sud de le Corse ? Pour ce faire, découvrez le village de Centuri, une pépite du Cap Corse.

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Inexpugnable, la citadelle de Bonifacio continue de veiller sur le port. À l'intérieur de ses murs, architecture et ambiance vous transportent dans le passé.

Un port très beau, très fort et très sûr

Il faut dire que la ville exprime sa personnalité têtue et cultive sa différence depuis longtemps. À l’époque où Gênes était honnie sur toute l’île, ici on continuait d’être fier de cette ascendance. Comme l’exprimait le père des chroniqueurs, l’évêque Agostino Giustiniani (1470-1536) : « Les Bonifaciens sont par origine génois et cela fait deux cents ans que furent prélevées deux cents familles à Gênes qu’on a envoyées habiter Bonifacio ». Une description qui remonte au début du XVIe siècle… Rien ne semble avoir changé : la baie est toujours « très belle » et le port « très beau, très fort et très sûr ». Mais pas facile à trouver ! « Pas d’apparence de port, c’est comme un nid de forbans inaccessible », écrit Victor Ardouin-Dumazet en 1898, quand, soudain, « le timonier donne un coup de barre, et notre paquebot semble entrer dans la falaise même ». C’est le miracle de ce fjord si photogénique et si bien caché. Si elle ne dispose pas de la rade qu’auraient souhaitée certains spécialistes de la marine militaire, Bonifacio a de quoi recevoir des gabarits non indifférents comme le ferry sarde de la Saremar, l’Ichnusa. Chaque jour, il vient ancrer ses 2 181 tonnes à l’abri des parois de craie. Comme Bergame, comme Zagreb, Bonifacio est une ville à deux étages. Et il n’est pas aisé de passer de l’un à l’autre. Au temps de miss Thomasina Campbell (1872), « on atteint la ville haute et la citadelle par un magnifique chemin qu’une lourde diligence parcourt régulièrement deux fois par jour ».

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La Marine et la ville basse vues de la forteresse. À Bonifacio, la place est comptée, d'où l'étroitesse des rues et la hauteur des maisons qui comptent cinq ou six étages.

L'ascension de la montée Saint-Roch

Aujourd’hui, pour gravir le dénivelé, il faut compter sur ses muscles dans la montée Saint-Roch ou risquer l’ascension en automobile, au risque de ne pas trouver place dans les parkings. Car l’affluence ne se dément pas – provenant notamment de Sardaigne, toute proche – et il n’est pas question de se garer dans la vieille ville. Les ruelles étroites aux façades très hautes, évoquant quelque bourg italien du Moyen Âge, un San Gimignano ou un Todi, ne le permettent guère. On sent de la fierté dans ces murs vertigineux, un orgueil urbain qui s’est manifesté plus d’une fois avec un courage inédit. En 1420, la résistance est farouche contre le roi d’Aragon, auquel la légende attribue la construction, en une nuit, d’un escalier de 187 marches. Sans succès ! En 1528, la peste noire s’efforce d’anéantir la ville. Elle y réussit presque mais pas entièrement : on passe de 5 000 habitants à 800, mais les survivants résistent ! En 1553, lorsque les Ottomans de Dragut mettent le siège, 5 700 boulets sont tirés en quelques jours depuis la mer, mais les 250 vaillants hommes de la garnison résistent contre une force quinze fois supérieure avant d’être passés par le fil du cimeterre.

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Dans la rue Doria, les édifices du passé se sont adaptés à la vie urbaine du XXIe siècle. C'est l'une des rues les plus au sud de la Corse, la Méditerranée et la Sardaigne sont à quelques mètres.

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La résurrection de Sainte-Marie-Majeure

C’est un programme ambitieux qui s’est appliqué depuis 2006 à cette belle église de la Ville Haute et monument historique depuis 1982. La toiture a été refaite pour lutter contre les infiltrations et la condensation par échauffement des voûtes, et le clocher a été stabilisé. Le groupe sculpté de la Vierge de l’Assomption, que l’on sort chaque année en procession, se sent désormais en sécurité ! Plus original : pour pallier la dégradation des décors peints du XIXe siècle, on a demandé une nouvelle fresque de l’abside à un artiste contemporain. La création de Pierre-François Battisti, choisi sur concours face à quatre autres concurrents, a pu être admirée pour la première fois lors de la Semaine sainte de 2015.

Bonifaciens d'abord, Corses ensuite

L’épopée militaire de Bonifacio cesse avec le départ en 1983 de la Légion étrangère. La ville avait alors un je-ne-sais-quoi d’interlope, comme les ports louches avec ses bars à tatoués, et même deux discrètes maisons de passe. Une époque révolue, incarnée par les immenses casernes Montlaur, dont la reconversion n’a toujours pas été définie. Depuis, le développement exponentiel du tourisme a contribué à combler la perte de revenus causée par le départ des militaires. Mais il y a une chose qui ne change pas : les locaux continuent
de parler leur dialecte à tonalité génoise, de se considérer Bonifaciens avant d’être Corses
, et d’entretenir leurs cinq confréries religieuses. L’identité, ça se défend !

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L'église Sainte-Marie-Majeure date du XIIIe siècle et cette loggia lui sert de porche. La loggia (d'où la photo est prise) a été bâtie sur une citerne contenant 650 md'eau : indispensable pour tenir les sièges.