Découvrez Collonges-la-Rouge, petite cité haute en couleur
Collonges-la-Rouge, la célèbre petite cité tout en grès rouge de Corrèze, happe littéralement le visiteur par sa beauté préservée et son homogénéité Renaissance. « Collonges est un joyau qui mérite que des étrangers traversent un océan pour venir le voir… », affirmait l’écrivain André Maurois. Attention, en haute saison, la foule se presse pour visiter Collonges-la-Rouge, la cité aux vingt-cinq tours. Découverte d’une star.
Les parkings payants, les boutiques à touristes, les restaurants où le meilleur côtoie le pire… Avouons le d’emblée : nous avons craint Collonges-la-Rouge, le village le plus visité du Limousin. C’est pourtant un choc visuel lorsque se dévoile le village à flanc de colline – qui se devine à peine de la départementale 38. On ne peut qu’être séduit par ce joyau… unique au monde peut-être !
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Collonges tout en rouge
Expliquons : Collonges est rouge. Rouge pourpre, rouge foncé, rouge pâle, rouge roux… Un rouge qui flamboie encore plus spectaculairement au coucher de soleil. Bref, sous vos yeux, se découvre un extraordinaire camaïeu de rouge, tranchant superbement avec le vert des châtaigniers, genévriers et noyers qui l’entourent. L’écrivain Henri Pourrat avait visé juste en décrivant Collonges comme « un panier de fraises versé dans l’herbe ». Pour être plus terre à terre, cette couleur si singulière, Collonges la doit à un petit gisement de grès, juste au nord : la faille géologique reliant le bassin de Brive à celui de Meyssac a la particularité d’être riche en oxyde de fer, à l’origine de cet insolite rouge. Mais, surtout, les bâtisseurs ont fait des miracles avec ce grès.
À travers ce petit dédale de ruelles pavées entièrement piétonnes, s’élèvent partout de superbes demeures, de véritables petits châteaux Renaissance ornés de fines tourelles en tous genres. Il y a, à l’entrée, la maison de la Sirène, du XVIe siècle à la toiture de lauze : sur le montant droit de sa porte, une sculpture de sirène. On admirera la maison Ramade de Friac, aux allures de mini-château fort, le castel de Vassinhac qui dresse ses deux tours hexagonales et ses deux tours en poivrière, puis le castel de Maussac, reconnaissable à son portail à auvent. Ne manquez pas, en contrebas du village, le castel de Benges qu’on dirait tout droit sorti d’un conte de fées ! Unique touche blanche dans cette monochromie rouge, le beau tympan sculpté de l’église Saint-Pierre. À l’origine de la surprenante densité de belles demeures, des raisons historiques : Collonges, qui a prospéré par la fondation d’un prieuré dès le VIIIe siècle, est intégré à la puissante vicomté de Turenne. Cette dernière, au XIVe siècle, lui octroie des franchises avant que, au XVIe siècle, les officiers de justice et les grands fonctionnaires de la vicomté décident, séduits, d’en faire leur lieu de villégiature : ils y bâtissent de superbes gentilhommières, manoirs et castelets, qui donneront au village son surnom de cité aux vingt-cinq tours…
Pionnier du patrimoine
« C’est une ville de rêve où l’on s’attend à voir passer, sous les portes et les halles, un cortège du XVe siècle », écrivait André Maurois. Ce qui frappe à Collonges, c’est cette incroyable homogénéité architecturale, comme si le bourg était resté dans son jus depuis la Renaissance. Rien ne vient gâcher l’ensemble, superbement préservé. Et pour cause, Collonges fait figure de pionnier dans la préservation du patrimoine. Le village, rattaché à la Couronne de France en 1738, était tombé dans l’oubli à la fin du XIXe siècle, avec l’exode rural conjugué à la crise du phylloxéra. En 1927, une société – devenue aujourd’hui Les Amis de Collonges – est créée pour sauvegarder l’intérêt architectural et historique du site. Restaurations de l’église, de la chapelle des Pénitents, de la maison de la Sirène… Elle sera à l’origine, avec le concours des pouvoirs publics et de la mairie, de la spectaculaire renaissance du bourg, doyen des fameux Plus beaux villages de France.