Challans : la discrète maraîchine
Avec son air de bourgade endormie, la deuxième ville de Vendée cache bien son jeu. Ville de foires et de marchés, la capitale du Marais breton-vendéen affiche un dynamisme économique à faire pâlir d’envie bien des préfectures. De quoi justifier que l’on s’y arrête un moment avant de prendre la clé des champs.
Un emblème des foires à l'ancienne Autrefois Challans, Léon, le canard géant.
Chaque mardi matin, plus de cent cinquante commerçants envahissent le centre de Challans lors du marché hebdomadaire, le plus grand du département. Sur la place du Champ-de-Foire, les éleveurs de volailles exposent les célèbres poulets et canards de Challans, tandis que la foule se presse sous les halles pour s’approvisionner en mogettes, fromages et sardines de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Des vieux en casquette se taquinent dans un patois maraîchin qu’ils débitent vite en avalant les mots. C’est ainsi depuis le Moyen Âge... Challans doit son activité commerciale à sa situation privilégiée au carrefour du bocage et du littoral vendéen (Saint-Jean-de-Monts est à quinze minutes). Foires et marchés continuent d’animer la ville, même en été lors des fêtes d’Autrefois Challans : pendant deux jeudis de juillet et deux en août, le bourg renoue avec ses foires à l’ancienne : les habitants enfilent de vieilles blouses, un maréchal-ferrant œuvre au pied du clocher et l’on célèbre même des noces maraîchines. Le reste du temps, Challans trompe son monde. Nulle effervescence, nulle trace de richesse dans les rues du centre-ville, bordées de maisons basses.
Une maison bourgeoise de Challans, au charme discret.
Ici, l’opulence se cache derrière des façades ordinaires. Quelques curiosités méritent tout de même le coup d’œil, telle l’église Notre-Dame et son clocher séparé. Comme les fonds manquaient pour construire le clocher de la nouvelle église, on conserva l’ancien clocher, qui se dresse juste en face. Dans la rue Carnot, le théâtre Le Marais (en fait, c'est un cinéma) arbore, sur sa façade 1950, un bas-relief des frères Jan et Joël Martel.
Une sculpture des frères Jan et Joël Martel (nés en mars 1896 d’une mère challandaise), Pierrette et le pot à lait.
Ces jumeaux ont embelli la ville par leurs sculptures inspirées du style Art déco. Leur fresque réalisée en hommage au peintre Charles Milcendeau, un autre enfant du pays, se cache dans le jardin de l’hôtel de ville. La rue Carnot abrite aussi, au 25, une ancienne auberge, dite « maison de Louis XIII », au discret décor Renaissance. Le roi y séjourna, une nuit d’avril 1622, avant de vaincre les troupes protestantes du duc de Soubise.
L’Auberge Louis XIII, sise dans la maison la plus ancienne de la ville, 1580.
Au coin des halles, sur la place Aristide-Briand, cherchez la quincaillerie Bailly, qui a conservé sa devanture vert et or des années 1900. À l’intérieur, jetez un œil aux nombreux tiroirs et à l’escalier métallique des années 1920. La boutique semble avoir traversé les époques. Une autre belle devanture est à dénicher au 49, rue Bonne-Fontaine (accès par la place du Champ-de-Foire). Le Garage Moderne étale ses lettres Art déco noir et or sur une façade en mosaïque bleue du plus bel effet. En poussant jusqu’à l’impasse du Guy, faites un saut au lavoir du Guy, où les lavandières frottaient leur linge. Les premiers signes extérieurs de richesse apparaissent enfin dans la très commerçante rue Gambetta. De belles demeures bourgeoises en pierre, comme la maison du Légat et celle des Marzelles, s’alignent sans pour autant se pousser du col. À Challans, on ne tord le cou qu’aux volailles...
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