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La route des grands crus, de Dijon à Santenay

Par Hugues Dérouard

Consécration pour la Bourgogne : les 1247 « climats » qui composent les côtes de Nuits et de Beaune sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. L’occasion d’arpenter la mythique route des Grands Crus, qui, de Dijon à Santenay, permet de découvrir sur une soixantaine de kilomètres, quelques-uns des vignobles les plus prestigieux au monde.

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A peine avons-nous quitté Dijon que nous arrivons dans un gros bourg viticole, Marsannay-la-Côte, sur la départementale 974. Nous sommes sur la mythique route des Grands Crus. Une voie royale, souvent surnommée « les Champs-Élysées de la Bourgogne », tant elle aligne quelques-uns des vignobles les plus prestigieux au monde. Vosne-Romanée, Aloxe Corton, Pommard… La seule évocation de ces noms illustres suffit à émoustiller les papilles des œnophiles. Ce ruban enchanté – de moins d’un kilomètre de large – court sur une soixantaine de kilomètres, jusqu’à Santenay, au sud de Beaune. La route nous mène au cœur de la côte de Nuits, au pied de collines hérissées de vignes qui donnent quelques-uns des plus grands vins rouges. Cette côte compte à elle seule vingt-quatre grands crus sur les trente-trois que compte la Bourgogne. Nous passons Couchey, Fixin puis Brochon.

En septembre, le paysage commence à prendre des teintes rougeoyantes. Des silhouettes, sécateurs en main, s’activent entre les rangées de vignes : c'est le début des vendanges. Pourtant, les vignerons comme les vendangeurs prennent le temps de discuter, de nous montrer les installations viticoles, puis de nous offrir une dégustation. « Le bourgogne correspond à l’idée que les Français se font d’un bon vin, analyse l’écrivain Jean-Paul Kauffmann, fondateur de la revue L’amateur de Bordeaux. La trogne rouge et la truculence rabelaisienne, la générosité et la jovialité de l’accueil, les toiles d’araignée dans le caveau, les lettres gothiques sur les étiquettes garantes de la tradition et preuves de l’authenticité du vin : aucun doute, nous sommes chez les Gaulois. La Bourgogne est un vin terrien, continental, artériel. »

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Une maison vigneronne typique à Fixin, entre Dijon et Gevrey-Chambertin. Ses hauts toits de tuiles brunes, ses murs épais en roche dorée, ses pierres de réemploi traduisent l'ancienneté de ses murs solidement bourguignons.

 

Gevrey-Chambertin, grand cru de renom

Malgré leur prospérité, les villages viticoles ont en effet gardé un côté tranquille, ne cherchent pas à vous en mettre tout de suite plein la vue. Voyez Gevrey-Chambertin, qui s’échelonne au débouché de la combe de Lavaux. S’il est mondialement renommé, notamment pour son grand cru chambertin, le bourg – où ont été découvertes les plus anciennes traces de vignes, datant du Ier siècle – s’orchestre sans tape-à-l’œil autour de son église romane Saint-Aignan. Quant au château de Gevrey, il a conservé son austérité médiévale. Idem, quelques kilomètres plus au sud, pour le château du Clos de Vougeot. Aujourd’hui siège de la confrérie bachique des Chevaliers du Tastevin, ce monument historique, l’un des emblèmes du vignoble bourguignon, a été fondé au XIIe siècle par les moines de l’abbaye de Cîteaux, pour servir de bâtiments d’exploitation viticole, comme en témoignent les superbes anciens pressoirs, le grand cellier et la cuverie. Agrandi à la Renaissance, puis au XIXe siècle, il semble encore protéger les 50 hectares de vignes qui l’entourent avec ses tours défensives. Des terres aujourd’hui réparties entre quelque 80 propriétaires !

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Les falaises de la combe de Lavaux font partie d'une réserve naturelle qui s'étend sur 487 hectares sur les communes de Brochon et Gevrey-Chambertin. Les tunnels sont nombreux, mais courts (et étroits) sur cette portion de route.

 

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Domaine Kohut, l'exception Bourguignonne 

Fixin, village de la côte de Nuits, aux portes de Dijon. Fin septembre, c’est l’heure des vendanges au domaine Kohut. « Nous sommes avant tout un domaine familial, explique Jacques. Il y a eu Théodore en 1946, puis moi,  et depuis 1999 Ghislain, qui a créé sa propre exploitation. Mon objectif était bien sûr de poursuivre le domaine familial, mais en même temps de développer mon style basé sur le respect des sols, de l’environnement et sur une vinification naturelle et lente – l’élevage peut durer jusqu’à 30 mois si besoin. Un « viti », c’est un paysan. On travaille sur du vivant, que ce soit à la vigne, à l’élevage dans la cave ou dans la commercialisation – l’essentiel de nos ventes se font sur place. » L’exploitation des Kohut compte aujourd’hui 80 petites parcelles sur 10 hectares. « Nous sommes dans ce que l’on appelle la « porte d’or de la côte de Nuits », notamment en appellation Marsannay, qui, dans cette côte célèbre pour ses vins rouges, donne aussi des blancs et des rosés : c’est « l’exception bourguignonne », dit-on.

 

Lieu-dit Clos-de-Vougeot, premier climat de Bourgogne

Cerné par des murs, le lieu-dit Clos-de-Vougeot passe pour être le tout premier climat de Bourgogne. Sur leurs 8 000 hectares de vignes, les côtes de Nuits et de Beaune totalisent aujourd’hui 1 247 climats ! Une singulière mosaïque qui a permis aux « climats de Bourgogne » de rejoindre en juillet dernier la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’Unesco.  Alors qu’est-ce qu’un « climat » ? « En Bourgogne,  quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre », formule Bernard  Pivot, qui a été le président du comité de soutien à la candidature à l’Unesco. Pas grand-chose à voir avec la météorologie, en effet, il s’agit d’un terme bourguignon désignant le terroir viticole. « Un climat, c’est une parcelle de vignes, souvent  connue sous le même nom depuis des siècles. Chaque climat, œuvre conjuguée de l’homme et de la nature, possède une identité propre, autant culturelle, à travers son histoire, que naturelle, par ses sols, sous-sols, expositions et microclimat. Chacun des climats bénéficie de conditions géologiques et climatiques particulières », détaille l’association Climats de Bourgogne, qui a monté le dossier de candidature auprès de l’Unesco. Ce paysage façonné par l’homme depuis 2 000 ans apparaît aujourd’hui comme un modèle dans le monde entier. Il se dévoile dans toute sa splendeur à Vosne-Romanée ou autour de Nuits-Saint-Georges, petite capitale de la côte de Nuits. 

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Le château du Clos de Vougeot, l'un des emblèmes de la Bourgogne. Son domaine de vignes est un trésor partagé par près de 80 propriétaires.

 

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Michel Pont : vigneron atypique

À Savigny-lès-Beaune se trouve un château viticole très insolite. Cette imposante forteresse médiévale a été acquise par le viticulteur Michel Pont en 1979 (vignoble de 17 hectares sur sept grands crus). Ancien pilote de rallye automobile dans les années 1960, en côte et en circuit, cet octogénaire est un grand collectionneur et a transformé des bâtiments du domaine en musée. Qu’y voit-on ? Une trentaine de voitures de course Abarth – dont des prototypes très rares – ainsi que 350 motos des années 1900 à 1960. Quelque cent avions de chasse, qu’il est quelquefois allé chercher au bout du monde, sont posés dans le parc. « Et ce n’est pas tout, je me suis lancé dans des collections de véhicules de pompiers, de tracteurs enjambeurs ou encore de matériel viticole ancien. Je déteste voir les choses disparaître ! Je préfère sauvegarder cela plutôt que ce soit découpé à la tronçonneuse. » 
www.chateau-savigny.com

 

Les terroirs à vins blancs de la côte de Beaune

Au fil de notre déambulation à travers les vignes, nous tombons sur un « meurger », muraille ou tas de pierres qui délimite les climats et consolide la parcelle en retenant la terre. Et il y a les cabottes : ces cabanes en pierres sèches servaient d’abri aux vignerons, qui y stockaient aussi leurs outils. Nombre de murets de pierre sèche ont été également élevés pour prévenir l’érosion des sols. Bientôt, nous arrivons sur la côte de Beaune, au flanc d’un escarpement calcaire, qui se différencie de la côte de Nuits par ses terroirs à vins blancs. Le village de Pernand-Vergelesses apparaît comme un bout du monde, au creux d’une combe, sur la départementale 18. Son clocher semble vouloir se hisser à hauteur des collines environnantes ! Puis, à Aloxe-Corton, voici le château de Corton André, construit au XIXe siècle. Avec ses toits de tuiles vernissées, c’est une vraie carte postale de la route des Grands Crus. Passé Beaune, la capitale du bourgogne, la route nous mène à Pommard, célèbre pour ses vins rouges. Ce beau village s’enorgueillit d’un château construit face aux vignes au XVIIIe siècle : il subjugue par son jardin à la française, ses sculptures de Dalì – Saint-Georges terrassant le dragonou La Licorne – qui ornent la cour carrée,  mais surtout par ses caves voûtées du XVIIe siècle abritant des centaines de fûts de chêne et des  milliers de bouteilles. Un détour par les hautes-côtes de Beaune s’impose : couronné de tuiles vernissées, le château de La Rochepot jaillit sur une colline boisée, dominant le village. Cette forteresse médiévale, fief des seigneurs Pot, chevaliers de la Toison d’Or et conseillers des ducs de Bourgogne, a été restaurée en style néogothique dans la seconde moitié du XIXe siècle par la famille du président de la République Sadi Carnot. La route des Grands Crus s’achève à Santenay, ville thermale… 

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Sur une parcelle de Savigny-lès-Beaune, une cabotte. Ce petit patrimoine viticole fait l'objet de soins de restauration et d'entretien réguliers.