L'Île de la Barthelasse, une des destinations originales de cette année
L'île de la Barthelasse est la plus grande île fluviale d’Europe. C’est l'un des quartiers d'Avignon, son poumon vert. De l’autre côté du célèbre pont d’Avignon sur le Rhône. L'île de la Barthelasse est une zone inondable qui n’en reste pas moins un territoire très prisé des promeneurs, des agriculteurs… et de quelques espèces animales ravies d’y trouver un environnement naturel préservé.
L'histoire de l'île de la Barthelasse
L'île de la Barthelasse résulte de la soudure progressive d'un chapelet d'île rhodaniennes dont l'île Piot qui forme la pointe de l'île au Sud et qui a conservé son nom. Un lac est toujours présent au Nord de l'île, il s'agit du lac du Parc des libertés. 700 hectares composent l'île, dont 400 cultivables. Ne manquez donc pas de vous balader à pied en suivant les sentiers de randonnée pour découvrir les fermes et espaces naturels. Ne manquez pas non plus le château de la Bartelasse, construit au XVIe siècle par Jean de Fogasses dans le but de marquer la limite du Royaume de France avec les Etats du Pape.
Vers l'île de la Barthelasse
Départ du circuit en empruntant le pont Édouard-Daladier, ou plus amusant, par la navette fluviale gratuite. Une fois sur l'ile, vous apercevrez des rangées de choux, des tomates zébrées sous l’oeil du rocher des Doms, des courges tarabiscotées sur fond de palais des Papes. La ferme La Reboule offre à ses fruits et légumes le plus beau décor qui soit ! Voilà plus de huit ans que les trois frères Cappeau vendent à la ferme le produit de leur labeur.
Les caprices du Rhône sur la Bathelasse
La ferme est entre les mains de la même famille depuis 1911. « Autrefois on ne cultivait guère que du raisin sur l’île de la Barthelasse, car la vigne résiste très bien aux excès d’eau. Depuis les années 1980, on y cultive essentiellement des fruits : pommes, poires, pêches, abricots, prunes…Mais les crues se sont succédées dans les années 1990, et celle, centenaire, de 2003 a tout inondé. Il y avait un mètre d’eau au-dessus de votre tête ! », se souvient Numa Cappeau, la trentaine dynamique. Les flots calmés, la famille Cappeau a donc arraché ses arbres fruitiers et s’est tournée vers le maraîchage.
Sur la Barthelasse, on a appris à accepter les caprices du puissant Rhône. « Les 1200 habitants de l’île ne se fréquentent pas tant que ça, car nous sommes répartis sur 700 hectares, mais en cas d’inondation, tout le monde se serre les coudes et s’entraide. » L’île compte une mairie, une école, un coiffeur et deux restaurants. La promenade plantée face au palais des Papes ne dit rien des paysages de l’intérieur des terres, succession de vergers et de vignes délimités par des haies de peupliers ou de roseaux.
Une ferme atypique sur l'île de la Barthelasse
De loin en loin, une ferme ou une maison. Celle de Rinske et Loïc, dans le nord de l’île, est des plus atypique. On y élève des volailles sous les poiriers, des porcs de Bayeux, des canards et des moutons Hampshire, on y cultive de l’orge pour la fabrication de la bière maison, des courges, du maïs, des tournesols, on y ouvre un brunch le dimanche… « Le sol ici est exceptionnel grâce aux alluvions apportées par le fleuve. C’est une terre sableuse, sans caillou, riche en minéraux », explique Loïc. Une terre sauvage, malgré l’emprise agricole : « L’autre jour, j’ai vu le tronc d’un de mes poiriers taillé comme un crayon. Les castors… »
Un biotope préservé sur la Barthelasse
Les castors sont aussi visibles (avec beaucoup de patience) sur l’Islon de la Barthelasse, mince virgule de terre située entre le bras occidental du Rhône (côté Villeneuve-lès-Avignon) et le canal d’amenée d’un des deux barrages hydroélectriques exploités par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) sur la Barthelasse. Cet écrin de nature de 23 hectares, classé pour son biotope, est l’une des seules forêts alluviales du bas Rhône.
Son accès est autorisé, mais l’inextricable végétation qui y pousse en fait une zone difficile d’accès. Peupliers blancs et saules colonisent les berges de l’îlot, servant de perchoirs aux hérons cendrés, aux martins-pêcheurs ou aux tortues cistudes. De puissants chênes se dressent dans les terres, sur un sol tapissé de lierre et de bois morts où nichent pics et chauves souris. Chèvrefeuille, clématite et vigne poussent en longues lianes : un décor de jungle. Même ambiance tropicale dans une lône paisible, à deux coudées du Rhône.
L'île de la Barthelasse, presque intouchée
Tandis que le fleuve charrie les bois morts amenés lors d’un épisode cévenol, tout ici n’est que calme et exotisme : les herbiers du Rhône font d’étranges nénuphars, les jussies invasives des tapis amazoniens où s’ébattent les carpes et où s’égosillent les batraciens. Dans le secret des roselières cohabitent hérons, bécassines et échassiers. On s’attendrait presque à voir surgir un alligator… Grands amateurs de saules et de peupliers au bois tendre, les castors sont présents tout au long du Rhône, et la loutre peut aussi être observée. Tout cela près d’un camping, d’exploitations agricoles, d’un barrage hydroélectrique et d’une ville !
Le rapport avec le pont d'Avignon
Le bras oriental du Rhône, qui enserre l’île de la Barthelasse du côté d'Avignon, est moins sauvage mais tout aussi agréable. Autrefois, les Avignonnais y dansaient dans les guinguettes – c’est ainsi qu’il faut d’ailleurs comprendre la célèbre chanson : « Sous le pont d’Avignon (et non « sur »), on y danse… » Aujourd’hui, ils ont pris l’habitude de flâner le long de la promenade Antoine-Pinay, ancien chemin de halage face au pont écroulé. On peut aussi y louer des canoës pour admirer la ripisylve plus en amont. Sur l’eau, on a de bonnes chances de croiser un aviron de la Société nautique d’Avignon. C’est là que s’est formé le rameur Jérémie Azou, champion du monde 2015. Un autre sujet de fierté de la Barthelasse...