Road-trip en van sur la Côte d'Argent
Quoi de mieux qu’un van pour découvrir la côte d’Argent, de Biscarrosse à Contis ? Une virée rétro sur trois jours qui prend son temps entre stations balnéaires vouées à la glisse et autres plaisirs aquatiques, lacs tranquilles, forêts profondes, et les discrets villages du pays de Born qui ont su garder l’âme landaise.
« Bisca » en mode sport et nature
Biscarrosse Plage est la première étape. À l’arrière d’une longue promenade ourlant l’océan, la petite station balnéaire n’a rien de remarquable côté architecture et patrimoine. Son charme est 100 % naturel : cinq kilomètres de sable blanc, trois lacs d’eau douce et translucide où se baigner à l’abri des rouleaux de l’océan (Biscarrosse Sanguinet, Petit Biscarrosse et Parentis-Biscarosse et une pinède à perte de vue. L’endroit est propice au farniente, entrecoupé d’activités physiques pour les plus courageux, notamment le vélo grâce aux nombreuses pistes cyclables, dont une partie de la Vélodyssée, qui court de Roscoff à Bayonne, mais aussi golf, surf, promenade équestre, activités nautiques sur les lacs…
Habillé en garluche !
Le deuxième jour, le van file droit sur la D40 à travers la forêt de Piché. Pontenx-les-Forges a connu des années fastes au XIXeme siècle avec une activité sidérurgique en plein essor, qui s’acheva après la Première Guerre mondiale. En témoignent des maisons bourgeoises et cossues, incongrues dans un environnement si rural, et partout la pierre de garluche, qui habille chaque façade dans un camaïeu de marron et de rouille du plus bel effet, y compris l’église et la mairie. L’ensemble est plutôt coquet, agrémenté d’airials plantés de chênes, et l’église a fière allure avec son clocher trapu surmonté d’une tourelle. Pierre des Landes en grès ferrugineux, la garluche a servi de matière première dans la fabrication de la fonte et du fer, ce qui explique son omniprésence dans le secteur. Sur la place centrale, un combi noir et blanc attire le regard. C’est le Bière Truck, un bar à bières ambulant qui se déplace de village en village pour recréer un peu de convivialité. Son propriétaire, Pierre, montre les fûts, au nombre de cinq, tous de bières artisanales et landaises, et « le sixième, c’est de la limonade pour les enfants ». De passage à Pontenx, il réserve ses prestations un peu plus haut, entre Ychoux et Liposthey.
L’airial, rendez-vous traditionnel landais
À quatre kilomètres à l’est par la D626, Bouricos est un ancien quartier de Pontenx, occupé par un airial d’autrefois et sa grande pelouse, avec maison d’habitation, bâtiments agricoles et chapelle. En 1917, une unité de génie militaire américain y installa des scieries et des forestiers, comme dans d’autres sites des Landes, car la guerre exigeait du bois en quantité. Aujourd’hui, le lieu est redevenu champêtre, habité pendant cinquante ans par des moines dont on retrouve les tombes au pied de l’église romane du XIIeme siècle et dépendait alors de la maison d’Albret. Autour de la demeure principale, qui reconstitue un intérieur landais au XIXeme siècle, un potager de simples, un poulailler, un gîte pour les pèlerins et même une fontaine réputée miraculeuse, comme les aiment les Landes où on en compte plus de deux cents. Celle-ci est consacrée à saint Jean-Baptiste et guérirait, dit-on, les maladies de peau.
Mimizan, née du sable
Mimizan : trois syllabes douces qui résonnent comme une chanson de Trenet, promesse de vacances familiales. Elle est née du sable dans les années 1880, rêve d’une bourgeoisie landaise émoustillée par Biarritz. Elle n’en a jamais eu ni l’aura ni le patrimoine, même si l’arrivée du chemin de fer a donné un coup de fouet au tourisme encore balbutiant. Comme Biscarrosse et les stations balnéaires de la côte d’Argent, Mimizan se décline en trois identités : le bourg, la plage et le lac, reliés par un courant. On appelle ainsi ces avatars de fleuves côtiers, qui s’échappent des lacs pour aller se jeter dans les remous de l’océan, en zigzaguant entre les dunes sur quelques kilomètres. Ils permettent aux lacs de déverser leur trop-plein d’eau. À l’entrée de Mimizan, le lac d’Aureilhan a tout pour séduire : plus de 300 hectares d’eau douce où s’adonner à la pêche, aux sports nautiques, et même à la pirogue hawaïenne pour changer du canoë. Un sentier, où l’on croise hérons et aigrettes, chevaux et quelques vaches highland cattle venus pâturer en toute liberté pour entretenir ces zones humides, en fait le tour sur 13 kilomètres. Plus courte est la Promenade fleurie, aménagée sur une anse du lac, garantie d’une immersion colorée et odorante au milieu de 400 variétés de plantes et de fleurs.
Mimizan-Bourg vaut surtout la visite pour les vestiges de l’église Sainte-Marie, souvenir d’un prieuré bénédictin qui dépendait de l’abbaye de Saint-Sever. Il n’en reste plus qu’un clocher-porche en briques, abritant un des plus beaux portails du Sud-Ouest, et sa galerie de statues polychromes du XIIIeme siècle, représentant les apôtres, ainsi que des peintures murales du XVeme. Attention, le portail n’est pas visible de l’extérieur, renseignez-vous sur les horaires d’ouverture. La journée passe, l’océan appelle. Mimizan comporte six plages étirées sur 10 kilomètres de sable fin. Celle de Lespecier, la plus au sud, est réputée pour être la plus sauvage des Landes. C’est le mariage du sable et de l’océan à perte de vue, sans le moindre bâtiment pour gâcher la vue, à l’exception d’une cabane en bois qui fait office de restaurant de plage.
Au pays de Born, sans limites…
Au troisième jour, c’est le pays de Born, par la D38 puis la D66. Mézos, Uza, Lévignacq… Ces villages de l’intérieur racontent l’histoire des familles landaises qui, au XIXeme siècle, ont quitté leur métairie et les travaux des champs pour travailler dans les usines autour de la transformation du bois. Distilleries pour la résine, scieries, papeteries, chaque village avait la sienne. Aujourd’hui, Mézos profite d’un charme bucolique, avec ses maisons à pans de bois, ses airials, un vieux lavoir, un ruisseau bavard qui répond au doux nom de Courlis et qui file jusqu’à Contis. Tout en garluche, l’église du XIVeme siècle, merveilleusement trapue, revendique un caractère défensif, avec son clocher massif recouvert de bardeaux de châtaignier et les meurtrières du porche. Uza est plus insolite. Propriété de la famille Lur-Saluces, aussi à la tête du château d’Yquem, il abrite d’anciennes forges, bien conservées et transformées en habitations, un château un brin prétentieux, très remanié au début du XXeme siècle, un lac, une mairie comme une maison de poupée. Envie de pousser jusqu’à Lévignacq par la D41. Lové dans la vallée du Vignac, encore un affluent du courant de Contis, ce bourg coquet a un charme fou. Les maisons y sont joliment habillées de colombages, le pan de bois, quelquefois peint en bleu, y tutoie la garluche, des rideaux en dentelle derrière des fenêtres à petits carreaux, un vieux moulin et un pont de pierre sur le ruisseau qui murmure. Et toujours les airials qui parlent de la vie rurale d’autrefois.
La nature sauvage de Contis
Retour à l’océan par la D41 et Saint-Julie-en-Born. Par cette belle journée d’été, Contis est sortie de la torpeur de la basse saison touristique. Les badauds ont envahi la rue principale, des boutiques pimpantes égaient les façades en bois, les bars branchés se succèdent, plus attirants les uns que les autres. Contis est devenue la station branchée des Landes. À l’origine, il y avait Contis Vieux, siège au XVeme siècle d’une petite commanderie dépendant des hospitaliers de Saint-Jean, puis un port minuscule qui s’était installé sur les rives du courant. À la fin du second Empire, dès que l’homme parvient à stabiliser le cordon dunaire et le cours du courant, Contis est promue station balnéaire de poche et devient Contis-les-Bains, fréquentée par les habitants des communes voisines. Le seul phare des Landes, blanc souligné d’une bande noire en forme de vis, date de cette époque. Du haut de ses 38 mètres et 192 marches, il offre un superbe panorama sur la forêt de pins et les 20 kilomètres de sable, vierges de toute construction humaine. Si les endroits à la mode vous laissent de glace, allez faire un tour le long du courant de Contis et sa forêt-galerie, dont les vieux chênes protègent le promeneur des ardeurs du soleil. Cette petite canopée est le lieu de prédilection de la tortue cistude, des libellules en robe de bal et des loutres qui jouent à cache-cache. En se rapprochant de l’embouchure, l’eau joue avec les bancs de sable dans des dégradés de bleu et de blond qui ravissent l’œil. Il faut poursuivre la balade jusqu’au bout, pour assister au mariage de ce petit fleuve têtu avec l’océan fou, jamais avare de rouleaux, pour voir leurs eaux se mélanger en tourbillons indisciplinés. Même l’été, il y a toujours quelque chose de sauvage à Contis.