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Les îles Chausey, l'archipel du sublime

Par Tuul Morandi

À quelques encablures de Granville, l’archipel de Chausey déploie ses îlots granitiques, aux plages paradisiaques, sur un dégradé de bleu marin. Montons à bord du Lys Noir, vénérable deux-mâts, hissons les voiles et mettons le cap sur ces îles normandes. Dépaysement garanti.

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Vue aérienne des îles Chausey (Normandie)

«Je préfère voguer 17 kilomètres à bord d’un vieux gréement vers les îles Chausey, que prendre un avion pour le bout du monde », nous confie une habituée, en s’installant sur le pont en bois vernis du voilier. Christian Penneau, le skipper, nous accueille : « Bienvenue sur le Lys Noir. Nous naviguerons à la voile, comme dans le temps. Destination, les îles Chausey. Vous êtes sur un bâtiment centenaire, un yawl aurique, un deux-mâts avec 250 m2 de voilure, construit en 1913, à Arcachon, pour le compte d’un prince allemand... » Il est 10 heures. Christian Penneau entreprend les manœuvres pour quitter le port de Granville, la rivale de Saint-Malo. La marée est haute et le luxueux yacht largue les amarres. Les cordages claquent sur les mâts nus, qui s’élèvent vertigineusement vers le ciel.

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Le Lys Noir, vieux gréement de 1914

Dès que le Lys Noir atteint la pleine mer, Julien, le second, défait les nœuds. Sous le commandement du skipper, nous voici les mains sur les drisses pour hisser tout d’abord le tapecul, la voile rectangulaire à l’arrière. Celle-ci prend le vent et enfle immédiatement avec un bruit sec. Julien, aidé par des passagers volontaires, monte ensuite la grand-voile, la trinquette, et le foc. Le vent s’engouffre dans les toiles immaculées, le moteur est éteint, un silence étrange s’installe à bord, le navire glisse doucement sur l’eau. « Quand on ne voit pas l’horizon comme aujourd’hui, il faut regarder la boussole sur la console. Essayez de garder le cap à 280° », me recommande Christian Penneau avant de me céder sa place de barreur. C’est plus difficile qu’on ne pourrait l’imaginer : le navire fait des embardées. Au fur et à mesure, pourtant, cela devient naturel. Le vent et la voile ne font qu’un.

Du granit posé sur l'océan

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Les îles Chausey à marée basse (Normandie)

Les îles Chausey se dessinent bientôt à l’horizon : elles apparaissent telles de grosses vagues noires qu’aurait fait naître l’Océan. La légende affirme qu’à marée basse, autant d’îlots que de jours dans l’année émergent de ces eaux turquoise. Nus, bruts, sombres... ces cailloux granitiques jaillissent, innombrables, lorsque la mer se retire loin – son niveau s’abaisse jusqu’à 14 mètres lors des grandes marées ! À marée haute, « seules » 52 îles sont visibles, ce qui fait néanmoins de Chausey le plus grand archipel d’Europe. C’est aussi l'un des plus étonnants. Imaginez, en plein milieu de la Manche, un paysage minéral qui émerge des eaux émeraude ! « Là, c’est la Mauvaise. Plus loin, il y a la Petite Mauvaise », indique Julien. Il pointe du doigt les îlots, lorsque le Lys Noir dévie de sa trajectoire pour se faufiler parmi eux, rendant la croisière plus spectaculaire. D’autres îles, aux formes évocatrices sculptées par l’érosion, s'appellent : Puceau, Dormeur, Pi-Pi, Enfer... Plus de 200 noms ont été ainsi imaginés par les îliens. Nous ne sommes pas dans les Marquises ; pourtant, on se prend à chanter du Jacques Brel : « Et la mer se déchire infiniment brisée / Par des rochers qui prirent des prénoms affolés » ! Au Moyen Âge, les moines du Mont-Saint-Michel utilisèrent les roches granitiques de Chausey, dures et meubles à la fois, pour bâtir l’abbaye.

La Grande-Île se découvre à pied

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La Grande-Île et son phare, îles Chausey (Normandie)

Il est midi. Le Lys Noir emprunte le chenal naturel du Sound et longe la Grande-Île, la seule à être habitée. Le phare de la Tour, quelques maisons éparses, ainsi que l’hôtel-restaurant du Fort et des Îles, surplombent le gou- let, où se joue le ballet des plaisanciers et des pêcheurs de homard. « Vous pouvez faire le tour de l’île à pied en 2 heures. Le vent vient de l’est aujourd’hui. Alors, je vous conseille d’aller sur la plage de Port- Marie, qui est surveillée, ou celle de Port- Homard au pied du château Renault », nous lance Christian Penneau, tandis qu’un Zodiac nous transfère à terre. Depuis la cale, nous grimpons les quelques marches qui mènent sur le plateau, d’où l’on peut contempler les îlots alentour. Ici, tout se découvre à pied.

Qui vit à Chausey ?

Sur ce bout de terre de 2 kilomètres de long et 500 mètres de large, habité seulement par une dizaine de personnes qui vivent à l’heure des marées, il n’y a ni voiture ni vélo. Les résidents sont principalement pêcheurs, gardes du littoral et ponctuellement entreprises intervenant sur l'archipel de Chausey.

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Maison du peintre Marin-Marie sur la Grande-Île, îles Chausey (Normandie)

Parmi les constructions dispersées sur l’île, la maison Marie, belle bâtisse blanchie à la chaux et aux volets bleus, se distingue. C’est là que vécut le célèbre peintre, écrivain et navigateur Marin-Marie (1901-1987). Un peu plus haut, nous apercevons la chapelle Notre-Dame, bâtie en 1850. Les vitraux qui l’éclairent sont l’œuvre d’Yves Durand de Saint-Front, le propre fils de Marin-Marie.

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Village des Blainvillais, îles Chausey (Normandie)

En contrebas, le hameau des Blainvillais aligne quelques maisons de pêcheurs, au creux d’une anse vaseuse. Au XIXe siècle, des hommes, originaires de Blainville sur la côte Ouest du Cotentin, ont débarqué pour travailler. L’abondant varech de Chausey fournissait la soude qui était utilisée pour fabriquer le savon de Rouen. Au fil du temps, les soudiers se sont faits marins : sous les rochers de Chausey, se cachent bouquets et homards bleus. Le sentier qui fait le tour de l’île mène ensuite à l’ancien sémaphore, point culminant qui offre une vue à 360°. À marée basse, lorsque le soleil inonde l’archipel, les couleurs explosent. De longs cordons de sable blanc ourlés d’écume relient alors les îlots qui semblent flotter. Les rochers se dénudent, dévoilant écueils esseulés, algues vertes, vasières luisantes et chenaux tortueux. Mollusques, crustacés et coquillages abondent en ces lieux, pour le grand bonheur des pêcheurs à pied.

Nous reviendrons à Chausey

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Le Vieux Fort, la plage Port Homard et la plage Grande Grève, îles Chausey (Normandie)

Il est 17 heures 30. Le Lys Noir est déjà reparti, la dernière navette pour Granville quitte Chausey. Nous nous retrouvons presque seuls sur l’immense plage dominée par un fort du XVe siècle : le château Renault a été la propriété de la famille du constructeur automobile jusqu’en 1978. De là, le sentier littoral longe les rochers, mène vers le phare, passe devant le fort Vauban et ses casemates habitées par des pêcheurs, avant de rejoindre l’hôtel du Fort et des Îles et sa terrasse avec vue sur l’archipel. Un dicton prétend que : « Qui va à Chausey une fois, y revient trois cents fois ». Un autre voyage, à une autre saison ? C’est sûr, nous reviendrons.

Vos questions les plus fréquentes 

Traversée en navette, bateau... Comment se rendre aux îles Chausey ?

Plusieurs moyens s'offrent à vous pour rejoindre les îles granitiques de Chausey comme le voilier habitable ou traditionnel. Le ferry reste toutefois le moyen le plus économique, comptez entre 10 et 30 euros le ticket, selon l'âge du voyageur. Plusieurs traversées régulières font le trajet, au départ de Saint-Malo, de Dinard, de Cancale ou encore de Granville via notamment les compagnies maritimes Corsaire et Jolie France. 

Où dormir sur les îles Chausey ?

Les hébergements touristiques n'abondent pas sur l'archipel normand. Selon le budget et le style recherché, les visiteurs auront toutefois le choix de réserver un gîte communal ou de séjourner dans l'unique hôtel de l'archipel, l'hôtel du Fort et des Îles. Réservation fortement recommandée.

Où se baigner sur l'archipel de Chausey ?

Pour la baignade, direction la Grande-Île de Chausey. Celle-ci propose quelques plages, plus ou moins grandes, sableuses ou rocailleuses. Des plus familiales avec celle de Port-Marie, du Homard et de la Grande Grève ; aux plus confidentielles avec celle de Port à l’Âne ou de l’anse des Blainvillais. Comme il est coutume ici, les marées sont une nouvelle fois à prendre en compte avant de se jeter à l'eau.