Ce n’est pas la Loire, mais le Cher qui a le privilège de se glisser sous les cinq arches du château de Chenonceau. Bâti sur les plans d’un palais vénitien au XVIe siècle, dans sa robe de tuffeau, le château semble se mirer dans l’eau. Ce n’est pas un hasard s’il distille une grâce féminine, plus encore qu’à Chaumont-sur-Loire. Il fut offert par Henri II à sa favorite, Diane de Poitiers. Le jardin de Diane a conservé son charme Renaissance : « Clôturé, pourvu de terrasses et divisé en croix. Il existe très peu de jardins Renaissance entièrement conservés en France. Ici, seule l’organisation des massifs a changé », explique Nicholas Tomlan, directeur botanique de Chenonceau. Et quels massifs ! Chaque année, 27 000 plantes sont changées sur l’ensemble du parc tandis que, deux fois par an, le jardin Catherine de Médicis renouvelle 11 000 végétaux.
L'histoire des jardins de Chenonceau

Le 10 juillet 1559, la reine Catherine de Médicis, veuve d’Henri II, écarte Diane de Poitiers et dirige le royaume depuis son cabinet de travail, le « cabinet vert ». Son jardin prend alors le contre-pied de celui de Diane, sa rivale. « C’est un jardin très florentin, moins géométrique, qui profite de sa situation devant les arches du château. À l’époque, on y trouvait une grotte artificielle, une volière d’oiseaux exotiques, une collection de pins... Le jardin a gardé son bassin central, mais aujourd’hui, les plantes viennent du monde entier. » C’est à Nicholas Tomlan d’imaginer chaque année quel visage donner à chacun des jardins. « Chenonceau étant le “château des Dames”, j’essaie de garder une atmosphère intime, florale, féminine. »
Compositions hétéroclites

Floral, on ne saurait mieux dire. Depuis plus de vingt ans, les salles du château sont décorées de bouquets de fleurs qui attirent les visiteurs, bien plus que les Tintoret du cabinet vert. Un atelier floral de trois personnes, dirigé par le meilleur ouvrier de France, Jean-François Boucher, est même spécialement consacré à la réalisation des bouquets du château. Le potager de fleurs à couper fournit une partie de la matière première des fleuristes. Amarantes, dahlias et autres splendeurs sont ainsi cultivées sur un hectare. Branches, herbes et tiges sont quant à elles chinées dans les environs. Leur imagination est aussi débordante qu’inépuisable, puisque les compositions sont changées tous les jours, au rythme de 200 à 300 par semaine ! La thématique de Noël est d’ailleurs devenue un rendez-vous très prisé des connaisseurs... En 2018, Chenonceau a aussi consacré un de ses jardins à Russell Page, l’un des plus grands paysagistes contemporains. « Il envisageait le jardin comme un tableau. Nous nous sommes donc inspirés de ses croquis pour ce jardin clos, et nous avons utilisé ses plantes, comme la rose et l’iris », commente Nicholas Tomlan. Un jardin sobre, sans faste, peuplé des bronzes animaliers de François-Xavier Lalanne. « Venez en mai et juin pour voir les massifs mélangés », conseille le directeur botanique. Citons encore le labyrinthe à l’italienne, si élégant avec sa gloriette en bois façon Renaissance. Le risque serait de s’y perdre, mais qui se plaindrait d’être enfermé dans les jardins de Chenonceau ?

Quelle est la durée de la visite du château de Chenonceau ?
Il faut compter au moins deux heures pour visiter le château et ses jardins.
Qui est le propriétaire du château de Chenonceau ?
Chenonceau appartient à la famille Menier depuis près d'un siècle. C'est le château privé le plus visité de France.