48h à Auvers-sur-Oise sur les pas de Van Gogh
Adossé à une falaise de craie, le village sur les bords de l’Oise doit sa renommée mondiale à Vincent Van Gogh. En été, les tournesols qui s’ébattent sur les talus des voies ferrées accueillent les visiteurs. Passer 48 heures à Auvers sur les traces du peintre hollandais et sur celles de Charles-François Daubigny permet de remonter le temps et de s’imprégner d’une campagne encore préservée.
Embarquer à bord du Botin
Pour se mettre dans l’ambiance de la fin du XIXeme siècle, rien de mieux que d’embarquer sur la reproduction du bateau-atelier de 8,50 mètres de long utilisé entre 1857 et 1867 par Charles-François Daubigny. À l’époque, ce bateau en bois était tracté depuis les berges par son fils Karl… ou un cheval. Son idée était de renouveler les points de vue et les cadrages du paysage aquatique. Des bénévoles gèrent les balades (2h environ 12€/adulte) sur rdv (06 27 34 96 51). Au fil de l’Oise, on observe hérons cendrés et cormorans en admirant les reflets, comme 160 ans auparavant.
Découvrir l'œuvre de Daubigny
Issu de l’école de Barbizon (peintres paysagistes), Charles-François Daubigny fait construire à partir de 1860 une maison-atelier située à l’écart du centre-ville. Décorée par ses amis peintres, Corot, Daumier, Oudinot, par lui-même et Karl, elle raconte une tranche de vie de la famille Daubigny. Près de l’office de tourisme, un musée lui est consacré avec une trentaine de ses œuvres et celles de Karl. Des expositions temporaires y ont lieu régulièrement.
Flâner pour faire revivre les toiles de Vincent
Pittoresques, fleuries de roses trémières et de tournesols, les ruelles méritent d’être arpentées à pied. Place de la mairie, figure une reproduction du tableau de l'hôtel de ville peint dans l’ambiance du 14 juillet 1890 et pourtant étonnamment désert, ce qui donne une indication de l’état d’esprit du peintre. Partez ensuite rue de la Sansonne, avec l’escalier peint par Van Gogh et montez rue Daubigny. Les « Racines d’arbres » sont bien là, entrelacées sur un talus. Ultime tableau du maitre hollandais réalisé le jour même de son suicide dans le champ voisin.
Déjeuner à l’auberge Ravoux, à la table de Vincent
Des couverts sur une table en bois, un torchon blanc bordé de rouge en guise de set de table, une assiette, une seule. Il s’asseyait toujours là, dans l’angle de la salle de l’auberge où il vivait en pension complète pour la modique somme de 3,50 francs. Emouvant de s’asseoir à sa table et de grignoter fromage, charcuterie et pain, comme lui. Rénovée entièrement par les Compagnons du devoir, l’auberge Ravoux est un Monument historique où les fans de Van Gogh viennent déjeuner en pèlerinage. À l’étage, la chambre n°5 de 7 m2 où il s’est éteint, est restée inoccupée à jamais (en visite guidée uniquement), ses meubles ont été brûlés, de nombreuses superstitions entourant le suicide.
Se reposer dans le parc du château d’Auvers-sur-Oise
D’un castel italien construit en 1635 pour le riche financier Zanobi Lioni, proche de Marie de Médicis, au château à la française qui s’étale sous nos yeux, 400 ans d’histoire. Désormais propriété du conseil général du Val d’Oise, cette demeure est entourée d’un parc avec jardins en terrasses, parterres et escaliers d’origine dont l’accès est gratuit. Le château de Léry accueille régulièrement des expositions.
S’étourdir (virtuellement) au Musée de l’absinthe
On la dégustait selon un rituel précis, avec une cuillère et du sucre. Mais cette « fée verte », boisson suspectée de provoquer des dégâts cérébraux (Verlaine, Van Gogh) en raison de la présence de molécules de thuyone, a été interdite en France le 16 mars 1915. Une collection unique d’affiches, objets, bouteilles… liée à ce sulfureux alcool a été patiemment accumulée par Marie-Claude Delahaye la créatrice de ce musée. La maison est scénarisée en 5 pièces qui raconte l’histoire du breuvage. Visites uniquement le week-end.
Admirer les vitraux de l’église d’Auvers-sur-Oise
Le 20 mai 1890, Vincent s’installe à Auvers-sur-Oise, écrivant à son frère Théo. « C’est gravement beau, c’est de la pleine campagne caractéristique et pittoresque ». Il y retrouve le bienfaiteur des peintres, le Dr Gachet, dont il réalise le portrait. Les 3 et 4 juin, il peint l’une de ses plus belles œuvres, l’église Notre-Dame de l’Assomption, mise en scène en forme de losange légèrement dissymétrique dans un ciel bleu cobalt d’une intensité rare. La petite chapelle romane du XIIeme siècle y est clairement visible. L’église est en accès libre.
Randonner autour des champs de blé
À partir de l’église, la rue qui monte donne accès à l’immensité de la plaine du Vexin français. Impossible de ne pas se sentir immergé pleinement dans le tableau « Champ de blé aux corbeaux » dont la reproduction trône sur la sente du Montier. De là, il est possible d’effectuer un petit parcours pédestre qui se termine au château. Pour les plus sportifs, la randonnée des Champs Palous sillonne la campagne sur 13 km (balisage jaune), Auvers se trouve aussi sur le chemin de la piste cyclable Avenue Verte Paris-Londres.
Se recueillir sur les tombes de Vincent et Théo Van Gogh
Autour du cimetière, des champs, des champs et encore des champs. Le paysage n’a pas changé depuis que Vincent Van Gogh s’y est donné la mort avec un pistolet vraisemblablement « emprunté » à l’aubergiste Ravoux. Le coup de feu ne l’a pas tué immédiatement et c’est une septicémie qui l’achève le 29 juillet, à 1 heure 30 du matin, alors que Théo le tient dans ses bras. Unis, ils le sont encore, leurs pierres tombales étant côte à côte, le long du mur. Recouvertes d’un lierre qui les entrelace et les réunit, elles sont toujours fleuries, notamment de tournesols.
Quitter le centre d’Auvers-sur-Oise
Un peu excentrés du centre du village, quelques sites intéressants à ne pas négliger : le Castel Val, maison (privée) Art Nouveau conçue par l’architecte Hector Guimard, les vestiges de la chapelle Saint-Nicolas, le bourg du Valhermeil, peint à de nombreuses reprises par Pissarro (toiles exposées au musée à Pontoise) et Van Gogh. On peut aussi se rendre aux ateliers Emile Boggio, pour découvrir outils et tableaux de ce peintre impressionniste d’origine vénézuélienne.
Où voir les toiles de Van Gogh ?
Ne cherchez pas, il n’y en a aucune à Auvers. Elles sont toutes dispatchées dans les musées les plus prestigieux au monde et dans des collections privées. Du 3 octobre 2023 au 4 février 2024, le Musée d’Orsay à Paris présentera une exposition d’envergure exceptionnelle, qui rassemblera 40 des 74 toiles peintes par Van Gogh durant sa période auversoise de 70 jours.
Où dormir à Auvers-sur-Oise ?
De nombreux gîtes et chambres d’hôte existent, se démarquant par une position agréable et éloignée des principales artères, comme le Gîte du Valambourg (du nom d’un quartier historique peu fréquenté mais proche du musée Daubigny, du château de Léry ou encore du musée de l’Absinthe), la Maison des Mésanges, dans des champs au nord du bourg du Valhermeil, le bateau Daphné’s en bord de l’Oise, le Gîte l’Atelier, ancien atelier de peintre entièrement rénové et près du château.
Est-il facile de se garer à Auvers-sur-Oise ?
Le village est très étendu, avec une longue rue principale qui court sur près de 5 km, mais le centre est finalement assez réduit. Si vous venez en voiture, garez-vous sur le parking gratuit de la mairie et effectuez toutes les balades proches à pied. Au bout du parking, se trouvent des wagons de train aménagés par un bouquiniste.