Pour la petite histoire, Saint-Gilles et Croix-de-Vie étaient autrefois deux bourgs rivaux, séparés par un petit fleuve côtier. En 1967, ils ont été réunis en une seule commune, et c’est désormais par le pont de la Concorde que l’on traverse le fleuve de la Vie. Jolie métaphore... qui nous entraîne vers le port de pêche, protégé des tempêtes de l’océan par un long cordon dunaire. Sur les quais, des nuées de goélands tournoient autour des chaluts, qui finissent de décharger le poisson. Ici, à mi-chemin entre l’île de Ré et l’île d’Yeu, on est dans la capitale de la sardine. « Près de 3 000 tonnes y sont débarquées chaque année, entre avril et début octobre. Dans les 24 heures qui suivent, elles sont vendues fraîches ou triées avant d’être mises en conserve », nous explique Caroline Guittonneau, l’animatrice d’Escale Pêche, le centre d’interprétation installé au cœur de la criée.
Oubliés les pinassons, ces barques d’où les pêcheurs jetaient leurs filets droits lestés de pierres, selon une technique du XVIIe siècle. Désormais, on capture les bancs de sardine grâce à des « filets-bœufs » tractés par deux chalutiers naviguant côte à côte. Et sur les 13 conserveries que comptait le port au XIXe siècle, une seule est restée en activité. Il s’agit de la Perle des Dieux, dirigée depuis quatre générations par la famille Gendreau. Sa boutique du quai de la République est une caverne d’Ali Baba pour les puxisardinophiles – les collectionneurs de boîtes de sardines. « Chaque été, nous emboîtons les meilleures sardines dans des écrins décorés par des graphistes. Tel le bon vin, ces millésimes sont très recherchés. Les années passant, les poissons vont se confire lentement, pour devenir de plus en plus tendres », explique Sophie Domenech, la responsable des lieux.
Pistes cyclables entre marais et océan

Un arrêt au Banc des Sardines, le foodtruck de Serge Doux, ancien marin pêcheur, et l’on repart au fil de la côte. Après le phare de la tour Joséphine, la corniche vendéenne déroule sur 3 kilomètres une succession de criques nichées au pied des falaises. Puis de Saint-Hilaire-de-Riez à La Barre-de-Monts, la piste musarde à l’ombre des pins. Pour rejoindre Noirmoutier, on peut suivre la sente du pont routier reliant le continent à Barbâtre. Mais à marée basse, c’est plus amusant d’emprunter le passage du Gois. Bancs de sable à perte de vue, vol de gravelots, pluviers et autres tourne-pierres... long de 4 kilomètres, ce ruban de bitume recouvert à chaque marée offre une arrivée en « la majeur » sur la célèbre petite île vendéenne


Notre virée noirmoutrine démarre entre marais et océan, sur la piste de la réserve naturelle du polder de Sébastopol.

Du petit port ostréicole du Bonhomme, on a vite fait de rejoindre les moulins de la Guérinière, dont les ailes moulaient autrefois le blé des champs alentour.

Plus que sept kilomètres et, déjà, pointe le vieux clocher de Noirmoutier-en-l’Île. Sur la jetée Jacobsen, Delphine Burgaud nous fait les honneurs de la voilerie familiale, fondée en 1910 par son arrière-grand-père et labellisée « entreprise du patrimoine vivant ». « Jusque dans les années 1950, notre atelier fabriquait des jeux de voiles de pêche ; aujourd’hui, il s’est reconverti dans la plaisance. Il reste un des quatre derniers en France à être spécialisé dans la création et la restauration de voiles de vieux gréements à l’ancienne, à partir de toiles renforcées de cuirs et d’œillets cousus main. »

Après une escale au Fleur de Sel, 4-étoiles de charme avec table gastronomique niché dans la verdure, nous voilà aux premières loges pour découvrir le village, ses ruelles fleuries et son château féodal du XIIe siècle. À nous l’Anse rouge, les Souzeaux, Luzéronde, ces plages blondes blotties au bout du bois de la Chaise qui font tout le sel de Noirmoutier.
