Que faire à Compiègne et dans ses environs?
Autrefois point de passage vers le Nord et les Flandres, Compiègne, encadrée par trois rivières, l’Aisne, l’Oise et son affluent l’Automne, affiche un passé millénaire. Des Mérovingiens aux Bourbon, en passant par les Carolingiens, les Capétiens et les Valois, tous les rois de France s’y sont succédé. Une histoire moins connue que son épopée napoléonienne. Sur ces territoires boisés à l’infini, le charme opère.
S’immerger dans l’Histoire
Comprendre le territoire de Compiègne est évident après avoir visionné 8’ de film au Site d’Immersion Historique. Imaginez une steppe peuplée de rennes à l’ère glaciaire, il y a 14000 ans. Puis des villages, une voie romaine 50 ans av. J.-C, un gué « Compendium », des moulins et des forges, des vignes et des céréales cultivées sur une terre crayeuse et fertile, 5 ports (à bois, à plâtre, à vin…). A la fin du IXe siècle, le roi carolingien Charles II le Chauve agrandit la cité qui devient Carlopolis. Les rois de France en feront ensuite leur lieu de résidence d’été, tout autant qu’un centre de pouvoir et de terre de chasse à courre. Après le film, le public est invité à interagir sur neuf panneaux explorant de multiples facettes : architecture, culture…
En savoir plus : entrée par le parc Songeons, via le Musée Antoine Vivenel. Un guide offert avec le billet aide à la découverte des environs. Prix du billet SIH, 4€, séance 1h, couplé au musée de la figure historique et au centre d’exposition Antoine Vivenel, 7€.
Sur le chemin de Saint-Jacques
Près de l’Hôtel de Ville, poussez la porte de l’église paroissiale Saint-Jacques. C’est une bulle pontificale (document scellé) qui en autorisa la construction le 24 janvier 1207. Sculptée par Marie d’Orléans, fille du roi Louis Philippe, la statue de Jeanne d’Arc rappelle que c’est à Compiègne qu’elle fut faite prisonnière le 23 mai 1430. Dans le déambulatoire sud, la chapelle dédiée à la Vierge Marie abrite dans une chasse d’émaux champlevé un voile taché du sang de Jésus tombé sur Marie au pied de la Croix. Cette précieuse et vénérée relique proviendrait du trésor de Charlemagne qui l’aurait lui-même reçue en cadeau de Constantin VI, empereur d'Orient (Byzance).
En savoir plus : l’église Saint-Jacques est classée par l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ne ratez pas non plus la visite de l’ancien cloitre Sainte-Corneille, qui abrite aujourd’hui une bibliothèque, un salon de thé et un musée de sculptures du Moyen-Âge et de la Renaissance.
Symboliques Picantins
Depuis 1530, trois jacquemarts (automates d’art) « piquent en temps », c’est-à-dire frappent les cloches du beffroi de l’Hôtel de Ville avec leurs marteaux. Inlassablement, ces trois ennemis de la France : l’Anglais (Langlois en rouge), l’Allemand (Lansquenet en vert) et le Flamand (Flandrin en bleu) égrènent les quarts d’heure. Symboles de la ville, la 5e génération (septembre 2003) de ces personnages en chêne peints de 130 cm de hauteur trônent à près de 49 mètres de hauteur du parvis. La 3e génération (1768-1865), allégorie féminine de la lune, du soleil et d’une étoile, est visible au premier étage du Musée Antoine Vivenel.
En savoir plus : la 5e génération a été sculptée dans un chêne âgé de plus de 200 ans par l’artiste Marc Lebaillif, chaque picantin nécessitant 250 heures de travail.
Une ville à taille humaine
Le centre ville de Compiègne est assez resserré. L’Hôtel de Ville abrite le musée de la figurine historique et l’office de tourisme. Sur le parvis, la statue de Jeanne d’Arc rappelle son sacrifice pour sauver la ville assiégée par les Anglais et leurs alliés bourguignons. En flânant au fil des pavés, vous découvrirez quelques rares maisons à pans de bois et vous admirerez les reflets du soleil sur l’Oise. N’hésitez pas à consulter les dates des spectacles du Théâtre impérial. Le chef d’orchestre Carlo Maria Giulini considérait l’acoustique de la salle « comme une des plus parfaites du monde, plus accomplie que celle du Musikverein de Vienne, pourtant la référence en la matière ». Bordée de majestueux hôtels particuliers, l’avenue royale ravira les fans d’architecture.
Infinie forêt de Compiègne
Avec celles de Laigue (nord-est) et de Retz (sud-est), la forêt domaniale de Compiègne compose un ensemble qui s’étend sur 32 000 hectares. Si l’on s’en tient à ses contours stricto sensu, cette hêtraie-chênaie de 14 485 hectares est le 3e plus vaste domaine forestier de France, après Orléans et Fontainebleau. Creusée de larges avenues par les différents rois de France qui aimaient y chasser, elle est idéale pour des promenades à pied ou en vélo.
Un parc millimétré mais sauvage
Ouvert gratuitement, avec des horaires variables selon les saisons, le parc du Château de Compiègne offre une balade des plus agréables, avec des statues qui jalonnent les allées. Au printemps, les roses anciennes (Damas, centifolia, gallica, noisettiana) fleurissent dans les bosquets de buis tandis qu’iris, pavots d’Orient, éphémères de Virginie et pivoines prennent le relais. Une magnifique tonnelle métallique de 1400 mètres ornée de plantes grimpantes fait l’objet d’une restauration par l’ONF. Ce « Berceau de l’impératrice » (1811) avait été construit pour que Marie-Louise, l’épouse de Napoléon Ier, puisse rester à l’ombre jusqu’à atteindre la forêt. Labellisé Jardin remarquable en 2004, le parc abrite un hêtre pourpre de 3,60 m de circonférence et de 25 m de haut, planté sous Napoléon III en 1867.
Des véhicules ancestraux
Au sein du Château, le Musée national de la Voiture créé en 1927, abrite une impressionnante collection de véhicules, que ce soit des hippomobiles du XVIIe ou des véhicules à traction du début du XXe. Carrosses, phaétons, cabriolets, sédioles, chaises à porteurs de France, d’Italie ou d’Asie racontent les avancées technologiques, mais expriment aussi à quel point se mouvoir était un privilège de caste. Les attelages à 6 ou 8 chevaux, les revêtements en cuir et les broderies, tous les véhicules de parade en témoignent. La partie consacrée aux cycles : draisiennes, grand-bi, vélocipèdes… est elle aussi de toute beauté.
Comprendre le 2nd empire
Le Musée du Second Empire est installé dans des appartements du Château autrefois occupés par les maréchaux et personnages importants de l’Empire. Les pièces évoquent la vie de la cour à travers des tableaux et objets d’art. Son annexe, le musée de l'Impératrice et du prince impérial révèle la vie plus intime de cette souveraine secouée par le décès de son fils en Zoulouland (Afrique australe) le 1er juin 1879. Son uniforme transpercé de 17 coups de sagaies zouloues est exposé.
Un village romantique
En cœur de forêt, le village de Saint-Jean-aux-Bois a des allures de conte de fées ou de bande dessinée. Façades proprettes, volets colorés, fleurs et arbustes artistiquement disposés. On s’y promène à pied, depuis la vieille porte monumentale et son pont en pierres XVIIe, du lavoir à l’arboretum, en répondant aux devinettes du parcours sensoriel. Du XIIe au XVIIIe siècle, une abbaye de sœurs bénédictines s’y était établie. De cette époque subsiste le corps de ferme, avec écurie et étables reconverties en habitations. La mairie (ex école communale) est identique à 1914, lorsque Maurice Utrillo y posait son chevalet. Dans l’abbatiale, on admire les vitraux en grisailles du XIIe.
En savoir plus : les habitants s’appellent les Solitaires, rappel du nom du village donné en 1794 : la Solitude. Avant 1652, le village était occupé par des bûcherons de génération en génération. Filez ensuite vers Pierrefonds, à six kilomètres de là.
Un musée pour les armistices de 1914 et 1920
Emouvante, la clairière de l’Armistice rappelle les souvenirs douloureux des deux guerres mondiales. Réquisitionné en septembre 1918, le wagon-restaurant 2419D abrita les délégations françaises et allemandes qui y signèrent l’armistice le 11 novembre 1918. Il fut longtemps exposé dans un abri avant qu’Hitler ne l’en fasse sortir. Fier, le Führer posa en vainqueur devant le wagon le 22 juin 1940 dans une cérémonie revancharde. Convoyé jusqu’à Berlin, il prit feu en 1945 et seul le châssis et des rampes survécurent et sont d’ailleurs exposés au Musée. Fabriqué comme le 2419D en 1914, le wagon 2439D que vous voyez devant vous a été scénarisé dans l’état originel du jour de l’armistice… de 1918.
Carnet d’adresses : où manger à Saint Jean aux Bois ?
- La Fontaine Saint-Jean. Face au pont en pierres, un bistrot local tout simple, qui fait aussi dépôt de pain, relais colis et plats à emporter.
- Auberge de la Bonne Idée. Sébastien Tantot, chef étoilé (1* Michelin) s’inspire des vitraux de l’abbatiale pour créer des plats « tout en transparence et en finesse ». Son plat signature est le sandre aux légumes du potager. Il s’approvisionne chez un pêcheur de Noirmoutier et travaille le chevreuil en saison de chasse.