Les arènes
Une couronne de pierre antique posée en plein cœur de la ville. Les gladiateurs de l’Empire romain combattaient voilà près de deux mille ans dans cet amphithéâtre grandiose, un peu plus grand que celui de Nîmes. Vingt-et-un mille spectateurs, répartis selon leur rang social, occupaient les gradins. C’est aujourd’hui un temple de la tauromachie, notamment lors de la corrida goyesque (durant la Feria du riz, en septembre), qui voit les toreros vêtir des costumes du xviiie, époque de Goya. Les arènes accueillent aussi des concerts en été et se visitent toute l’année.
Le cloître et la cathédrale Saint-Trophime

Arles, on l’a oublié, a accueilli l’une des premières communautés chrétiennes de la Gaule, avec la présence d’un évêque attestée dès 254. La cathédrale (XIIe) est un bel exemple du style roman provençal. Mais nul besoin d’y entrer pour admirer son plus beau trésor, le grand portail du Jugement dernier. Foulant des monstres, les saints y sont représentés en toge romaine dans un décor d’une grande finesse. À l’intérieur, allez voir l’étonnante chapelle des reliques. Et, adossé à l’église, se trouve le cloître, où les galeries nord et est sont ornées de somptueuses sculptures romanes de la seconde moitié du XIIe siècle. La cathédrale et son cloître sont classés à l’Unesco comme monuments majeurs de l’art roman provençal.
Le quartier de la Roquette

De l’autre côté de la rue Gambetta commence une autre Arles, un peu gitane, un peu espagnole. L’ancien quartier des marins et des pêcheurs a conservé son dédale de ruelles fleuries de chèvrefeuille et de glycine, ses placettes secrètes, ses maisons aux façades craquelées et patinées. L’esprit populaire de la Roquette est toujours là même si d’aucuns regrettent sa « boboïsation ». Ne boudons pas notre plaisir : comme on se sent bien, en terrasse à l’un des cafés de la place Paul-Doumer ! Personne n’aurait l’idée de s’attabler à l’intérieur : la Roquette vit au grand air, comme ses habitants qui aiment causer sur le pas de leurs portes. Autre étape sympathique : le tiers-lieu Parade, qui combine friperie, épicerie et cantine.
Le marché

Chaque samedi matin, le marché prend ses aises le long du boulevard des Lices, débordant même sur les boulevards Georges-Clémenceau et Emile-Combes. Avec 2,5 kilomètres d’étals, c’est le plus long marché de Provence ! Les stands débordent de panisses, de tomates juteuses, d’olives et d’oignons frais de Provence. Sous les platanes, l’accent se fait chantant pour vanter les mérites de la fougasse d’Aigues-Mortes, du riz rouge de Camargue, de l’huile d’olive des Alpilles. Et on vous passe les odeurs de tapenade et de crème d’artichaut à l’ail qui vous donnent envie de vous attacler aussi sec dans un café du boulevard pour mieux profiter du spectable.
Le Museon Arlaten

Créé en 1896 par le poète Frédéric Mistral pour préserver la culture et la langue provençales, ce « museon » arlésien rassemble plus de 38 000 objets et documents qui racontent la Provence de la fin du XVIIIe à nos jours. Effigie de la Tarasque (le monstre de Tarascon), costumes d’Arlésienne, cocardes de courses camarguaises, diorama de la veillée de Noël... Tout cela serait un brin poussiéreux sans la muséographie inventive confiée en partie au couturier Christian Lacroix. L’enfant du pays a imaginé au-dessus des vestiges du forum romain un superbe escalier suspendu, origami d’Inox savamment froissé pour rappeler la carapace de la Tarasque, et illustré de « totems » en images numériques. Après onze ans de fermeture, l’ancien hôtel particulier a retrouvé son lustre, sans parler de la chapelle des Jésuites qui accueille de belles expositions temporaires. Mistral, qui a conçu ce musée comme « un poème pour les gens qui ne peuvent pas lire », serait fier du résultat !
La fondation Van Gogh

Vincent Van Gogh n’a passé que quinze mois à Arles, entre février 1888 et mai 1889, mais il y a peint ses plus beaux chefs-d’œuvre : La Chambre, Autoportrait à l’oreille bandée, Les Tournesols. La Fondation Van Gogh rend hommage au séjour du grand peintre à Arles en faisant dialoguer ses œuvres avec celles d’artistes contemporains. Roni Horn, David Hockney ou encore Laura Owens ont été exposés ici au côté d’un tableau du maître néerlandais (jamais le même d’une année sur l’autre). On apprécie également l’architecture contemporaine du lieu, un cube de verre qui semble en lévitation entre deux façades du vieil Arles. À ne pas confondre avec l’Espace Van Gogh, ancien hôtel-Dieu où Van Gogh séjourna après s’être coupé l’oreille. La cour fleurie a gardé ses parterres de fleurs immortalisés par le peintre.
La Fondation Luma

De loin, on croirait un morceau de pyrite. Le soleil fait briller les 11 500 briques d’acier inoxydable de cette tour déstructurée (en fait, quatre tours imbriquées) de 56 mètres de haut, conçue par Frank Gehry. Dirigée par Maja Hoffmann, la Fondation Luma s’est dotée en 2021 d’un complexe de premier ordre pour soutenir la création artistique contemporaine. Sur le site d’anciennes usines ferroviaires, la tour Luma accueille des expositions et abrite des œuvres d’art grandeur nature : le toboggan intérieur de 9 mètres de haut, les murs habillés de sel cristallisé des salines camarguaises ou encore l’escalier à double révolution... Beau panorama sur la ville et les Alpilles au sommet de la tour. Le parc des Ateliers accueille un laboratoire de biodesign, un skate park, un studio de danse et des ateliers ouverts au public. On vient aussi y pique-niquer ou voir des films en plein air. Un lieu étonnant, ouvert à tous et gratuit.
La librairie Actes Sud

Fondée par Hubert Nyssen et longtemps dirigée par sa fille, l’ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen, la maison d’édition Actes Sud est un acteur majeur de la scène culturelle d’Arles. Depuis 1983, sa librairie occupe un complexe étrange, où se trouvent aussi un cinéma d’art et d’essai, un bar restaurant, un hammam. Près de 72 000 volumes sont répartis sur les étagères en bois blond, véritable cité de papier : on s’y perd presque, passant sous une voûte, découvrant un recoin, une salle cachée... on a envie de tout lire, tout acheter ! La librairie propose aussi des rencontres et dédicaces d’auteurs tout au long de l’année et des expositions au sous-sol. Chaque samedi, à 11 h 30, l’apéro des libraires invite les grands lecteurs à discuter littérature autour d’un verre. Sympa.
L’abbaye de Montmajour

Certains jours, le site évoque l’abbaye-forteresse du Nom de la Rose, chef-d’œuvre d’Umberto Eco. Bâtie peu avant l’an mille sur un rocher entouré de marais, aux portes d’Arles, cette abbaye abrita la seule communauté bénédictine de Provence. Son rayonnement gagna jusqu’à l’Italie, avec 56 prieurés au total. On peut encore admirer la tour fortifiée des comtes de Provence, le cloître médiéval aux chapiteaux animaliers (on y voit la Tarasque avalant un être humain) et les vestiges du palais monastique voulu par les Mauristes aux xviie et xviiie siècles. Mais la merveille reste l’ermitage Saint-Pierre. Cette chapelle semi-troglodytique encastrée dans la roche a conservé ses colonnes et chapiteaux corinthiens vieux de mille ans. Un lieu photogénique en diable. Le photographe arlésien Lucien Clergue, fondateur des Rencontres d’Arles, ne s’y était pas trompé en fixant Montmajour sur pellicule.
Les Alyscamps

Van Gogh et Gauguin ont immortalisé ces « Champs Élysées » arlésiens, imités désormais par les étudiants en art et les peintres du dimanche. Située sur l’ancienne via Aurelia, cette longue allée bordée de sarcophages de pierre et de mausolées est une nécropole depuis l’Antiquité. L’inhumation de Genest, saint martyr arlésien décapité en 308, a fait la célébrité du lieu, attirant les évêques d’Arles qui venaient s’y faire enterrer. Au Moyen Âge, c’était l’un des plus célèbres cimetières d’Occident. Caveaux, chapelles et monuments funéraires s’y succédaient. Hélas, le site fut largement pillé. Reste la poésie des vestiges antiques et médiévaux sous la frondaison des pins et des platanes. Pour voir les plus beaux sarcophages en marbre, il faut se rendre au musée départemental Arles antique.