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Randonnée en forêt dans le massif des Maures

Par Vincent Noyoux

D’Hyères à Fréjus, les Maures déploient des vallées profondes, colonisées par les chênes-lièges et les châtaigniers. Le plus important espace forestier du Var s’explore de préférence à pied. La randonnée part de Collobrières sur les traces de Maurin des Maures à la rencontre de la châtaigneraie, de moutons mourérous et d’un monastère isolé.

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Le gouffre du Destéou dans le massif des Maures

Se tenir au bord du gouffre du Destéou et contempler le massif des Maures est une expérience des plus troublantes : les collines et les vallées profondes s’étalent à perte de vue, vierges de toute trace humaine. Une illusion d’optique, car l’homme n’a jamais cessé d’en exploiter les richesses.

Le sentier des menhirs de Lambert : de Collobrières à la Chartreuse de la Verne

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Le village de Colobrières dans le massif des Maures

Pour mieux le comprendre, il faut s’élancer sur les 11 kilomètres de la randonnée des menhirs de Lambert (compter 4 heures, dénivelé de 570 mètres). Le sentier part de la cité de Collobrières, capitale de la châtaigne, au coeur du massif. L’industrie florissante du chêne-liège faisait vivre tout le village, au XIXe siècle. On venait même du Piémont se faire embaucher pour « démascler » (retirer la première couche du tronc, grossière, pour que le liège puisse se former ensuite régulièrement), puis « lever » la belle écorce des arbres. Le savoir-faire s’est perdu et une main-d’oeuvre étrangère est désormais sollicitée.

Au pays des châtaignes

L’autre richesse de Collobrières saute aux yeux, tandis que l’on ahane dans les premières montées : les châtaigneraies couvrent 800 hectares à Collobrières. Elles sont privées, comme dans le reste du massif et il est interdit de ramasser les bogues au sol. Les algarades entre propriétaires et promeneurs sont fréquentes en automne…

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Le massif des Maures

Maurin de Maures, braconnier facétieux

Le sentier se faufile dans une végétation méditerranéenne au charme subtilement coloré : les fleurs roses et blanches de la bruyère arborescente, le délicat semis laiteux du ciste de Montpellier, les clochettes ivoire des arbousiers, dont on gobe les boules orange sans modération. Tout cela protégé par le couvert des chênes verts…

C’est dans ce décor qu’évolue Maurin des Maures, le héros du roman picaresque de Jean Aicard, publié en 1908 et adapté en feuilleton télé en 1970. On songe à ce braconnier facétieux qui, caché dans les bois, faisait tourner les gendarmes en bourrique, quand soudain… un homme de belle allure surgit ! Il porte un fusil à double canon sur l’épaule. Maurin ? Raté, ce n’est que René qui vient chasser le chevreuil et le sanglier.

La plateau de Lambert et ses menhirs

Les reflets du micaschiste tracent un sentier d’argent à l’approche du plateau Lambert. Deux menhirs du néolithique se dressent, incongrus, au centre d’une vaste pelouse vert vif, cernée d’eucalyptus et de sapins de Douglas. Tout autour, les moutons par centaines de Laurent Ripert. Ce berger mène son troupeau à l’estive depuis près de trois décennies. « À la mi-juin, nous montons jusqu’au col de Larche, à la frontière italienne, à 300 kilomètres d’ici. Nous en redescendons début octobre.

La mourérous (“museau roux” en provençal) est une race rustique, qui a longtemps été délaissée à cause de son fort tempérament ! Mais ce sont des bêtes qui crapahutent bien et qui ont une bonne chair quand elles se gavent de glands et de châtaignes. Ici, elles sont servies ! Les moutons jouent aussi un rôle de pare-feu important, car ils broutent la broussaille, très inflammable. »

Chacun garde en mémoire le terrible incendie de l’été 2003. 17 000 hectares sont partis en fumée et dix personnes y laissèrent la vie. Le paysage riant du plateau Lambert ne laisse rien deviner du drame. Tout juste peut-on méditer devant la souche calcinée du châtaignier de Madame de Sévigné, aux abords de la maison forestière. La marquise aimait se prélasser sous son ombre, dit-on.

La chapelle privée de la Malière 

Le gouffre du Destéou et son panorama prodigieux ne sont pas loin. On distingue la chapelle privée de la Malière (XIXe siècle), mausolée d’inspiration gothique noyé dans la forêt, telle une pointe de diamant enchâssée dans la verdure. Pour la rejoindre, il faut descendre un vallon luxuriant au son du rigaou (« rouge-gorge » en provençal). Un circaète Jean-le-Blanc plane dans le ciel, à moins qu’il ne s’agisse du rarissime aigle de Bonelli. Nous passons une rivière à guet et admirons, de plus près cette fois, la chapelle de la Malière, avant d’emprunter le chemin du Pilon. Des figuiers de barbarie tapissent un flanc de colline. Encore une châtaigneraie et nous retrouvons le village de Collobrières, entouré de vignes. La promenade n’est pas finie…

La chartreuse de la Verne, un lieu d'histoire

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La chartreuse de La Verne dans le massif des Maures

En poursuivant pendant 1 heure 30, tout droit au niveau du gouffre du Destéou, on peut rejoindre à pied la chartreuse de La Verne, joyau du massif. En voiture, une route tortueuse s’arrête à 200 mètres du site. Le sentier d’accès présente l’édifice sous son meilleur profil : long vaisseau de pierres, le monastère fondé au XIIe siècle fait corps avec l’arête rocheuse qui surveille le massif et, au loin, le golfe de Saint-Tropez. En proie aux incendies et aux pillages au fil du temps, abandonnée après la Révolution, la chartreuse n’est, en 1968, qu’un tas de ruines servant d’abri aux chèvres.

La vie secrète des moniales de Bethléem

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À cette date, une association entreprend de la restaurer. Depuis 1986, les moniales de Bethléem poursuivent la vocation religieuse du lieu dans le silence, la solitude et le travail. Derrière le portail en serpentine, l’ordre de saint Bruno est suivi à la lettre. Chaque soeur vit et oeuvre seule dans sa cellule. La communauté se rassemble autour des offices. « On raconte beaucoup de sottises sur nous, regrette la soeur Paola, la seule habilitée à s’exprimer. Nous ne sommes pas des ermites, car notre solitude se fait en communion. » Le public peut visiter la boulangerie, l’oratoire ou une cellule-témoin du XVIIe siècle, mais le grand cloître s'admire derrière une baie vitrée. « Près de 800 moines y sont enterrés. Nous nous coulons dans un lieu d’Histoire », murmure notre guide avant de prendre congé. Les cloches ont sonné les vêpres. Les soeurs entrent, une à une, dans la chapelle d’adoration. Le visage dissimulé sous une capuche blanche, chacune rejoint sa stalle. Les chants cristallins s’élèvent sous la voûte. Les écouter depuis la tribune est un privilège.

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