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Ces 3 balades vont vous faire découvrir le vrai Lubéron

Le village perché de Gordes dans le Vaucluse © Manuel Cohen / Détours en France

Publié le par Vincent Noyoux

La marche est la meilleure façon d’apprécier les paysages du Luberon. Au menu : trois randonnées pour découvrir des gorges encaissées, des vallons boisés, des garrigues à lavande et une étonnante forêt de cèdres.

Balade à Gordes

Le village des Bories, 20 cabanes en pierre sèche construites comme dépendances agricoles à Gordes dans le Luberon
© Manuel Cohen / Détours en France

Perché sur le flanc sud des monts de Vaucluse, Gordes a été élu « plus beau village de France, voire du monde » par le magazine américain Travel + Leisure. Succès mérité, mais on n’y est pas seul en haute saison ! On croisera bien moins de monde sur le sentier du maquis de Gordes. Cette randonnée de 10 kilomètres (compter 4 à 5 heures) retrace l’histoire de la Résistance en Luberon lors de la Seconde Guerre mondiale tout en traversant quelques merveilles du territoire. Pour l’accomplir, il suffit de suivre la croix de Lorraine qui balise, parfois trop discrètement, la randonnée. Premier arrêt à la sortie de Gordes, qui étage harmonieusement ses maisons sur son promontoire rocheux. Ce « spot » prisé des photographes fut l’endroit même d’où la batterie allemande bombarda le village, le 22 août 1944. Le maquis de Gordes, soutenu par l’Armée secrète (AS), était né un an plus tôt, pour cacher et former au combat et à la vie clandestine de nombreux jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Le bombardement allemand détruisit une partie du village. Qui s’en douterait aujourd’hui ? Les nombreux murets de pierre qui longent le chemin nous guident logiquement vers le village des Bories. Une borie est une cabane de pierre sèche qui servait d’abri de berger, de grenier, mais aussi d’habitation saisonnière pour les paysans. Certaines huttes du hameau prennent la forme d’étranges pains de sucre. Le méticuleux travail d’alignement des pierres plates force le respect. Une technique ancienne, puisqu’elle remonte à la préhistoire ! En chemin, on repère parmi les chênes verts des genévriers cades, pistachiers, térébinthes et mûriers blancs. Bientôt, la vallée de la Sénancole s’ouvre dans un paysage de garrigue et de pins. Nous passons devant un refuge de repli, abri rocheux où les maquisards se cachèrent le 10 juillet 1943 lorsque les soldats Allemands recherchaient l’épave d’un de leurs avions abattu au-dessus de la vallée. Les premiers maquisards se regroupèrent dès le printemps 1943 à la ferme de la Débroussède, désormais en ruines, qu’on rejoint plus loin, après avoir dépassé les gorges. Peu après, quelques lavandes sauvages poussent au milieu de pelouses calcaires. Au loin, on entend des cloches sonner. L’abbaye Notre-Dame de Sénanque n’est plus bien loin ! La voici bientôt au bas du coteau, vaisseau blanc et solitaire niché au creux de son vallon. Cet édifice cistercien édifié au cours du XIIe siècle − patiemment restauré − est aujourd’hui toujours animé par une poignée de moines. Ouverte au public, l’abbaye dévoile ainsi la pureté des lignes de son église, du cloître, du dortoir, du réfectoire... Le sentier grimpe sec ensuite jusqu’à un petit plateau d’où l’on peut rejoindre Gordes en pente douce.

La route des cèdres

Randonneurs sur un sentier à travers la forêt de cèdres du Petit Luberon, sur le massif du Luberon dans le Vaucluse.
© Manuel Cohen / Détours en France

« C’est la promenade idéale pour ceux qui n’aiment pas vraiment marcher (...). La route des Cèdres est plate, sans sous-bois envahissants et délicieusement ombragée. Il y a des points de vue superbes », écrivait Peter Mayle, le plus provençal des Anglais. Des cèdres en Provence, really ? Vérifions les dires de l’auteur britannique. Perchée à 700 mètres d’altitude sur le plateau calcaire du Petit Luberon, la forêt des cèdres offre son ombre fraîche aux randonneurs depuis le XIXe siècle. En 1862, des graines de cèdre en provenance de l’Atlas algérien sont en effet semées afin de reboiser le sommet du Petit Luberon. Ces spécimens de la première génération seront suivis par d’autres, plantés en 1920. Leurs descendants les entourent et forment la forêt d’aujourd’hui. Une excursion permet de découvrir ses arbres au port altier et aux ramures majestueuses. Mais avant cela, non loin du parking de départ, un arrêt s’impose pour admirer le panorama sur la vallée du Calavon, piquetée d’oliviers, de cyprès, de vignes et de villages accrochés à leur rocher. Bonnieux fait face à Lacoste, sous l’œil du mont Ventoux. On aperçoit également le plateau des Claparèdes, si beau à traverser, et le Mourre Nègre, complètement à droite. On peut alors choisir de traverser la forêt des cèdres en se rendant directement au belvédère du Portalas, puis de rentrer par le même chemin (pour un dénivelé quasi nul). Mais on peut aussi emprunter le sentier du Portalas, une petite randonnée de 3 kilomètres pour 80 mètres de dénivelé (il faut alors compter 1 h 30 de marche), qui se termine par la forêt des cèdres. Le point fort de la randonnée reste le belvédère qui offre un superbe point de vue sur le versant sud du Petit Luberon et la vaste plaine de la Durance, sinuant à nos pieds. Il y a 200 000 ans environ, cette rivière était un fleuve qui se jetait dans la mer au niveau de l’actuelle plaine de la Crau. En s’approchant prudemment du bord de la falaise vers l’ouest, on aperçoit l’arche du Portalas en contrebas. Ce pont de pierre correspond à un ancien réseau souterrain, que l’érosion a mis au jour. L’arche a été formée par les eaux de pluie qui, en s’infiltrant dans le sous-sol, ont dissous la roche calcaire.

Randonnée en Luberon

Le sentier des Ocres, un sentier à travers un canyon dans les collines ocres près du village de Roussillon, Vaucluse.
© Manuel Cohen / Détours en France

Viens est l’un de ces villages perchés du Luberon que les foules oublient, pour notre plus grand bonheur. À l’heure de la sieste, il fait bon flâner par les ruelles silencieuses. Ici et là, des portes anciennes sculptées, une maison à tour, une calade enherbée, un escalier de pierre, tout cela dans un décor de roses trémières et de figues écrasées. À douze minutes de là, entre Gignac et Cazeneuve, une randonnée de 4,5 kilomètres (compter 1 h 30) nous emmène 30 millions d’années en arrière grâce à la dalle à empreintes de Viens. Nous sommes sur l’un des 28 sites de la réserve naturelle géologique du Luberon. Il faut un bon œil pour voir les empreintes fossiles laissées par les mammifères préhistoriques, des rhinocéros primitifs et des chevrotains. Mais ce genre de site à empreintes est rare à l’échelle de la planète. Le sentier chemine dans une campagne ravissante où alternent chênes blancs, genêts et champs de lavande... débarrassés de touristes en mode selfie ! On passe une bergerie en pierre, on se perd un peu dans la garrigue, puis on retrouve le parking (non indiqué) d’où l’on peut apercevoir les reliefs ocre orangé de Rustrel, le « Colorado provençal ». Là-bas, les marcheurs marchent en file indienne. Ici, on est seuls...

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