Paris : le nouveau visage du musée Picasso
L’attente prend fin. Cinq ans après sa fermeture pour travaux, le musée parisien dédié au peintre espagnol rouvre le 25 octobre, jour de l’anniversaire du maître. Une fois passées les portes de l’hôtel Salé, on se laisse happer par le parcours orchestré par la commissaire Anne Baldassari, peuplé des œuvres les plus chères à Picasso.
Fluidité. C’est l’adjectif qui semble revenir le plus souvent pour décrire le nouveau circuit. On déambule parmi les salles en suivant un ordre parfois chronologique, parfois thématique, mais jamais linéaire. Dans la deuxième salle, on retrouve côte à côte des œuvres peintes à plusieurs décennies d’écart : « Le jeune peintre » (1972) et « Autoportrait » (1902) (ci-dessous). Le contraste est saisissant. Picasso est un créateur universel, la diversité de ses techniques et de ses styles est immense, mieux vaut l’établir dès le départ.
« Picasso était le premier en tout, absolument tout », explique Anne Baldassari, « un précurseur ». Jamais un peintre n’a à ce point dominé son époque (sauf peut-être Michel-Ange). En voulant faire preuve d’une dévotion totale à l’œuvre, la commissaire de l'exposition inaugurale a débarrassé le parcours du superflu, établi un circuit finalement très intuitif, quitte à prendre des risques.
Je suis allée très loin dans mes positions. Aucun compromis et une absolue liberté. Anne Baldassari.
Pas d’indications chronologiques ou thématiques, des cartels très peu détaillés. Pour un parcours déstructuré, le pari est osé. Les visiteurs les moins familiers de l’artiste ont toutes les chances de se sentir déroutés. Cette démarche, Anne Baldassari l’assume : « Je suis allée très loin dans mes positions. Je voulais qu’elles soient très tranchées. Aucun compromis et une absolue liberté, tout en faisant preuve d’une dévotion totale à l’œuvre. »
Au-delà des subtilités du parcours, il y a surtout le plaisir de découvrir ou de redécouvrir les créations auxquelles l’artiste était le plus attaché, celles qu’il se refusait à vendre, comme la sculpture sur plâtre « la Chèvre » (ci-dessus). Dans un espace deux fois plus vaste qu’avant la fermeture, le visiteur a tout le loisir de se perdre dans la contemplation des tableaux. Quelques recoins, presque cachés, peuvent même lui servir de refuge.
Au sous-sol, les caves du musée abritent désormais des photographies, gravures, peintures et sculptures, autant de témoins de l’univers des ateliers successifs de Picasso. Quant aux combles, point culminant du musée au propre comme au figuré, ils abritent désormais la collection particulière de Picasso. Sous des poutres apparentes, les tableaux de l’Andalou côtoient des Matisse, des Renoir, des Cézanne, un Gauguin et d’autres grands noms de la peinture. Une mise en dialogue entre lui et ses peintres de prédilection qui semble apposer la touche finale à cette belle démonstration du génie de l’artiste.
5, rue de Thorigny, 75003 Paris.
Ouverture le 25 octobre 2014 de 12h-18h.
Gratuit sans réservation le 25 et 26 octobre.
11€ l’entrée à partir du 28 octobre et gratuit pour les moins de 26 ans.