Batz, un jardin sur mer
Petit morceau de la « Ceinture dorée », Batz est un grand potager ancré à deux milles au large de Roscoff. Un peu plus de trois kilomètres carrés pour 500 habitants... on ne peut guère s’y perdre, mais c’est pourtant tout un monde.
Des primeurs à la saveur iodée
C’est au début des années 1970 que s’effectue l’éveil de l’activité agricole grâce aux jeunes agriculteurs îliens qui prennent conscience de la nécessité d’innover et aux balbutiements du bio. En 1974, pour la première fois, un agriculteur sème des carottes nantaises sous des tunnels de protection. Son succès fait vite école et, depuis, les îliens s’essayent à toutes sortes de cultures : pommes de terre bien sûr, mais aussi endives, carottes, tomates, brocolis, persil, et même courgettes et fenouil ! Les agriculteurs font alors évoluer le paysage de l’île : à partir de 1976, ils plantent des haies pour faire obstacle aux vents, notamment ceux du nord nord-est, qui sèchent et frigorifient les pommes de terre primeur. Aujourd’hui, les lapins qui se délectent des jeunes plantations sont l’ennemi pubic n° 1.
Une algue précieuse
L’atout principal de l’île finistérienne, c’est l’usage du goémon en tant que fumure. Cette algue, riche en azote, potasse et oligo-éléments, donne aux légumes de Batz leur saveur iodée si particulière. Toutefois, sans la barge qui permet de transporter les récoltes sur le continent depuis 1979, il n’y aurait pas d’agriculture possible sur l’île. Ici, la terre, généreuse, donne trois récoltes par an. Les mystères du microclimat font que les légumes sont à maturité un mois avant ceux des champs d’en face, sur le continent ! Vu du haut du phare, gardé chaque été par des jeunes de l’île, le découpage des parcelles forme un patchwork qui donne du territoire l’image d’un grand jardin potager. Ce morcellement explique aussi que le cheval de trait soit encore parfois utilisé et que le maréchal-ferrant itinérant vienne œuvrer trois ou quatre fois par an.
Envie d'insularité, mais sans prendre le bateau ?
Folies végétales
À côté de cette agriculture florissante, on trouve aussi une oasis fabuleuse, un jardin fou créé par un Parisien à la fin du XIXe siècle. D’un terrain appelé en breton la « mare sablonneuse », il fera, en se transformant en forçat, un jardin où s’épanouissent dans une véritable palmeraie les plantes tropicales les plus inattendues. Une folie végétale due à ce fameux Gulf Stream qui réchauffe les eaux de la Manche et rend les gelées quasiment impossibles. Les Herbes folles, c’est aussi le nom du petit hôtel de charme qui attend bien sagement les visiteurs en haut du débarcadère. Perché sur le toit terrasse du Bigorneau langoureux, son restaurant, un superbe salon d’hiver permet d’observer l’île quel que soit le temps. Un grand moment de bien-être, à regarder les mouvements des navires avant de partir faire le tour de l’île à pied, à vélo... ou même en courant.
- Office de tourisme de l'Île de Batz - Voir la fiche