Saint-Gilles-Croix-de-Vie : la sardine en étendard
Inutile de le nier : Saint-Gilles-Croix-de-Vie doit tout à la sardine. « Elle représente 2 000 t sur les 3 500 t de poissons vendues chaque année à la criée », rappelle Jean-François Biron, directeur de la Société des ports de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Si la ville est ce qu’elle est aujourd’hui, « c’est grâce à la pêche. C’est un bel apport économique et touristique. »
Un pilier de l'identité
Une quarantaine de bateaux sont enregistrés à Saint-Gilles, faisant vivre une centaine de marins et leurs familles. Parmi eux, « sept à huit paires de sardiniers. Ils partent à 5h, travaillent au filet jusqu’à deux trois heures de distance des côtes et rentrent en fin de matinée. Certains vendent à la criée, d’autres aux mareyeurs, d’autres encore aux conserveries. » Prix : entre 1,20 et 5 € le kilo. Un seul pêcheur, Gaétan, vend en direct au public, durant la saison qui court de mai à septembre. Il suffit de voir la file des clients s’allonger sur le quai pour comprendre que la sardine fraîche, cela n’a pas de prix. « C’est un poisson qui doit être mangé dans les 24 à 48 heures maximum », souligne Jean- François Biron. Alors, pérenne la pêche à la sardine ? « Bruxelles n’a pas instauré de quotas. Dans quatre à cinq ans, il faudra assurer la relève des pêcheurs mais comme ici, le monde maritime gagne plutôt bien sa vie... »
Eux ne pêchent pas la sardine mais ils s’en sortent aussi. Stéphane Boulineau porte beau la vareuse et la barbe. Il est caseyeur. À bord du Koala II, il traque surtout le homard. « Je n’ai pas trop d’horaires mais je me lève en même temps que ma famille. On n’est pas malheureux... », dit-il sobrement. Cyril Barault, patron du palangrier le P’tit Charlot, pêche à la ligne des poissons nobles : bars, lieux jaunes... « Je vends à la criée. Mes meilleurs mois ? Entre septembre et décembre : avant Noël, le bar double de valeur », confirme-t-il.
S’il fallait des preuves supplémentaires que la pêche est le pilier de l’identité gillocrucienne, voici trois autres exemples. Bénéteau, premier constructeur mondial de voiliers basé en ville, est né à Croix-de-Vie en 1884 comme chantier de chalutiers à voile ; l’entreprise a fabriqué des bateaux de pêche jusque dans les années 1970. La commune abrite la conserverie Gendreau, créée en 1903 et symbole de la sardine en boîte. Fin 2016, elle a été déclarée « Entreprise du patrimoine vivant ». Tout simplement. Et, depuis 1991, la Confrérie de la sardine, issue de la rencontre entre marins et restaurateurs, valorise le petit poisson bleu de Saint-Gilles. Tous les ans, en octobre, elle organise son grand chapitre.
Spécialités locales
Vous en voulez encore ? Cap sur les restaurants de la ville, et notamment le Boisvinet, belle table de Croix-de-Vie. « La sardine de Saint-Gilles a une saveur plus fine, elle est différente », dévoile le chef Sylvain Maran. Lui la fait mariner deux jours avec des aromates. Puis il la tiédit au four, un coup de chalumeau et hop !, dans l’assiette. Il y a quelques années, pour Noël, la pâtisserie locale Fred’s proposait même des macarons à la crème de sardine...
Saint-Gilles ou Croix-de-Vie ?
La ville historique, née rive Gauche de la Vie, c’est Saint-Gilles. Au XIVe siècle, elle est devenue trop exiguë. Croix-de-Vie sort alors de terre, rive Droite. L’antagonisme est né. Il va perdurer jusqu’en 1835 et la construction du premier pont, voire jusqu’en 1967, année de l’unification administrative, en une même commune. Entre-temps, chaque partie a développé sa personnalité : Saint-Gilles est bourgeois, Croix-de-Vie est pêcheur. Un tour dans le quartier du Maroc le montre : maisons basses et chaulées, l’atmosphère est populaire. Depuis 1993, il y a même une maison du Pêcheur, reconstitution d’un intérieur des années 1920. Décidément ! Une chose, encore. Quatre grandes manifestations rythment l’année à Saint-Gilles-Croix-de-Vie : l’arrivée de la sardine de printemps en mai, la fête de la Sardine fin juillet, celles du Poisson début août et du Port mi-août. Si après ça, vous n’êtes pas convaincus que la pêche est l’âme de la ville...
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