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Au nord du Beaujolais, terre de grands noms du vin

Vue aérienne de Chiroubles dans la région du Beaujolais © Manuel Cohen / Détours en France

Publié le par Philippe Bourget

De Brouilly à Juliénas, la partie septentrionale du Beaujolais regroupe les dix crus « villages » de l’appellation. Un maillage de terroirs élégant sur des sols granitiques, avec des vins rouges gouleyants à déguster partout, dans les caves et lors de rendez-vous festifs.

Dans le nord du Beaujolais viticole, on vient passer du temps dans les caves et les domaines, acheter et déguster des vins et admirer les paysages viticoles depuis les hauts coteaux. Les dix appellations « villages » du Beaujolais sont toutes concentrées dans ce territoire. Moulin-à-vent, fleurie, brouilly, côte-de-brouilly, régnié, morgon, chiroubles, juliénas, saint-amour et chénas s’imbriquent les unes aux autres sur ces terres à dominante granitique, à l’inverse du Sud Beaujolais où les appellations beaujolais et beaujolais-villages prospèrent sur un sol argilo-calcaire.

Beaujeu, capitale historique du Beaujolais

Le temple de Bacchus à Beaujeu et sa place aux murs en pierre.
© Manuel Cohen / Détours en France

Pour mieux embrasser ce terreau fertile, il faut viser les points hauts. À 484 mètres d’altitude, le dodu mont Brouilly est couronné par la chapelle Notre-Dame-des-Raisins, bâtie en 1854 pour protéger le vignoble des intempéries et des maladies. Au-delà d’un océan de vignes, le regard porte à l’est vers la plaine de la Saône et les Dombes, à l’ouest vers le Beaujolais vert et ses hauteurs boisées. Tout autour, le vignoble de brouilly et de côte-de-brouilly tapisse les versants bas, alors qu’au nord se profilent déjà les parcelles du cru de régnié. C’est l’occasion d’un crochet vers Beaujeu, capitale historique du Beaujolais. On y aimera l’église romane Saint-Nicolas, les Hospices et la belle maison Renaissance à colombages, avant de faire le plein de produits locaux à la Maison du terroir beaujolais, vitrine du territoire doublée d’un espace muséographique.

 

Chiroubles

Vignobles de la région de Chiroubles en Beaujolais
© Manuel Cohen / Détours en France

L’appellation Morgon traversée, voici Chiroubles. Halte dans la deuxième plus petite AOC du territoire : à peine 300 hectares exploités par une trentaine de viticulteurs. Ici, les vignes sont parmi les plus hautes et les plus pentues du Beaujolais. « C’est un souci car les parcelles de coteaux sont difficiles à travailler manuellement. Les jeunes ne veulent pas les reprendre », constate Frédéric Besème, maire de cette commune de 400 habitants. Pour prendre la mesure de l’appellation, cap sur la Terrasse de Chiroubles, à 720 mètres d’altitude, ce belvédère domine le terroir du village et jusqu’au Jura et au mont-Blanc, par beau temps. Chaque mercredi, en juillet et en août, se tient le festival Beaujolez-Vous à la terrasse de Chiroubles. Une « wine party » populaire de fin de journée avec musique et vin à gogo... Un sentier panoramique à travers landes et forêts dévoile les caractéristiques des dix crus du Beaujolais.

 

Chapelle de la Madone, au-dessus des vignes

La chapelle Notre-Dame-aux-Raisins qui sert à protéger les vignes après une période de maladies et de mauvais temps à Mont Brouilly.
© Manuel Cohen / Détours en France

Après Fleurie, appellation scandée de propriétés cossues et dominée par la chapelle de la Madone, en vigie au-dessus des vignes, un détour par Vauxrenard s’impose. Il permet de jauger la zone de contact entre vignoble et Beaujolais vert. Tapi sur un versant boisé, le village regarde droit dans les yeux les parcelles de gamay mais, dans son dos, prairies et bois de feuillus prennent déjà le dessus. Juliénas pointe à l’horizon et l’arrêt se justifie, notamment pour un lieu voué au culte du dieu Bacchus : le Cellier de la Vieille Église. En période de vendanges, les tracteurs déchargent le raisin au seuil de cet ancien bâtiment religieux ! Au cœur du village, l’édifice, désaffecté depuis le XIXe siècle et privé, a été transformé en 1954 en cellier et en cave de vinification par l’Association de producteurs de Cru Juliénas. Plusieurs vignerons y vinifient tout ou partie de leur récolte. Les cuves blanches s’alignent le long de la nef surmontée de vitraux, tandis que le chœur, décoré d’une fresque légère vantant les agapes vineuses, abrite un comptoir où l’on ne boit pas que du vin de messe ! On y remet chaque année fin juin dans la vieille église, lors des Nuits du vin, le prix Victor-Peyret, qui récompense les meilleurs ambassadeurs du Cru juliénas. Fabienne Thibault, Yves Coppens et Pierre Arditi ont été d’éminents lauréats. Avec juliénas, saint-amour est l’appellation Beaujolais la plus au nord du territoire. Des dix, c’est la seule, avec moulin-à-vent, qui se trouve tout ou partie dans le département de Saône-et-Loire, les huit autres étant dans le Rhône. Au-delà, subsistent quelques terres plantées en beaujolais et beaujolais-villages, avant l’amorce des premiers terroirs du Mâconnais, le saint-véran en tête.

 

Moulin-à-vent

Le moulin à vent dans le domaine du Château du Moulin a Vent à Romanèche-Thorins dans le Beaujolais.
© Manuel Cohen / Détours en France

Le demi-tour s’impose. Après avoir traversé le village de Chénas, réputé pour son vin de garde généreux (Louis XIII en était fan), voici Moulin-à-Vent et Romanèche-Thorins. Sur les terres de feu Georges Dubœuf, dont on pourra visiter le hameau homonyme, un parc à thème sur le vin et la vigne, on est à l’épicentre de la réputation beaujolaise. Les vins vieillissent ici en fûts de chêne et le moulin, en dépit d’un sévère coup de foudre en septembre 2022, continue de régner sur le paysage. Symbole vaillant d’un terroir qui veut outrepasser l’image régionale réductrice de son seul beaujolais nouveau.

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