
L'aventure du mont Blanc commence à Chamonix, la Mecque des alpinistes qui, dès le XVIIIe siècle, devint la base de départ pour conquérir l'inaccessible sommet. Si les premiers à atteindre le plus haut sommet supposé du continent furent les Chamoniards Balmat et Paccard (le 7 août 1786), ce sont des Anglais qui explorèrent les Alpes. Des aristocrates oisifs et sportifs qui avaient commencé leur course vers les sommets dès 1741. Notre tour du massif du Mont-Blanc est donc, pour une bonne partie, celui des stations qui servent de départ pour gravir les 4809 mètres qui, pour nombre de passionnés de la montagne, constituent le but d'une vie.

Le chemin balcon sur la mer de glace qui conduit au signal Forbes avec les aiguilles de la république et des grands Charmoz
Une reconnaissance aérienne...par les téléphériques
Avant de prendre la route, il faudrait prendre le temps d'expérimenter tous les points de vue sur le plus célèbre massif au monde : le téléphérique du Brévent et le sentier dit Petit Balcon du Mont-Blanc qui longe la vallée ; suivre le sentier du Montenvers (ou prendre le petit train à crémaillère) pour accéder à la Mer de Glace ; et bien sûr, monter à l'aiguille du Midi (3 800 m) par le vertigineux téléphérique. Plus fou encore : un autre téléphérique passe au-dessus de la Vallée Blanche et du glacier du Géant, conduisant en Italie par la pointe Helbronner. Enfin, un sentier facile et magnifique gravit la montagne de la Côte, sur la rive gauche du glacier des Bossons, mais il faut monter pendant deux heures.

Depuis le piton nord de l'aiguille du Midi, gare d'arrivée du téléphérique, une passerelle vertigineuse donne accès aux tunnels et à l'ascenseur du piton central
De Chamonix à Megève, vieille station de charme
De Chamonix, descendre la vallée de l'Arve jusqu'à Saint-Gervais, la station thermale et de sports d'hiver qui constitue aujourd'hui le point de départ pour l'ascension du mont Blanc. En effet, afin de gravir le sommet, les alpinistes partent avant l'aube du refuge de l'aiguille du Goûter (3 817 m). Ils atteignent donc ce refuge la veille; et la manière la plus confortable d'effectuer cette approche consiste à emprunter le tramway du Mont-Blanc qui relie Saint-Gervais au chalet-restaurant du Nid d'Aigle (2 372 m). On ne manquera pas non plus, par la route cette fois (D902), de monter le Val Montjoie aux riants alpages, jusqu'à la station de ski des Contamines. De retour à Saint-Gervais, franchir la gorge du Bon Nant par le pont du Diable. La route D909 nous mène à Megève. Cette vieille station de charme est aussi la plus mondaine des Alpes françaises ; mais surtout elle offre, en été, nombre de belles randonnées vers le mont d'Arbois (1 833 m), le mont Joux (1 958 m) et le mont Joly (2 525 m). Par le val d'Arly (D1212) on rejoint ensuite Flumet, sur la D909 qui n'est autre que la Route des Grandes Alpes : nous la suivons sur la gauche en direction de Notre-Dame-de-Bellecombe et du col des Saisies.

L'arche naturelle sur le Nant Borrand dans la réserve naturelle de Contamines Montjoie
Le Beaufortain et son fromage, la Tarentaise et son lac de barrage
Avec sa station de sports d'hiver, Les Saisies donnent accès au Beaufortain. Réputé pour son fromage, c'est aussi l'un des pays qui a le mieux su conserver toute son authenticité, notamment en développant une agriculture de montagne plutôt que d'immenses domaines de ski alpin. Sous le col des Saisies, faire halte au charmant village de Hauteluce et ne pas hésiter à pousser vers la petite station du Val Joly : la vallée de Hauteluce se trouve exactement dans l'axe du mont Blanc ! On atteint le fond de la vallée à Beaufort, chef-lieu du pays dont on visitera la coopérative fromagère. Et avant de reprendre cet itinéraire commun à la Traversée des Grandes Alpes et au Tour du Mont-Blanc, nous ferons un aller-retour vers Arêches, qui offre un point de vue pittoresque sur les chalets de Boudin, étagés à flanc de pente. La route grimpe ensuite très raide vers le Cormet de Roselend (1 968 m), qui donne accès à la vallée de la Tarentaise. Cette vaste zone d'alpage est en grande partie occupée par le lac de barrage de Roselend : son club nautique est sans doute le plus haut de France ! La route plonge ensuite vers Bourg- Saint-Maurice, porte de la Tarentaise.

Pour bénéficier de l'une des meilleures vues sur le lac de Roselend (73), dans le Beaufortain, il faut prendre la route de crête du barrage à 150 m au-dessus de l'eau

La cave coopérative de Beaufort
La visite s'impose, afin de connaître tous les secrets de ce fromage royal au fruité incomparable. Si la zone de production s'étend sur le val d'Arly et les vallées de la Tarentaise ainsi que de la Maurienne, le cœur du terroir est le massif du Beaufortain. Bénéficiant d'une AOP depuis 1968, le beaufort se distingue par des règles particulièrement strictes : lait de vaches tarine et abondance dont la production n'excède pas 500 kg par an et par vache, avec pour alimentation unique du foin et de l'herbe pâturée. À savoir : il existe trois beaufort, dont deux de qualité supérieure : D'été et Chalet d'alpage, plus fruités parce que les bêtes profitent de pâturages particulièrement riches. www. cooperative-de-beaufort.com
Vers l'Italie par le col du Petit-Saint-Bernard (2 188 mètres)
La D1090 qui franchit le Petit-Saint-Bernard est l'un des passages majeurs entre la France et l'Italie ; d'où cette route large qui monte régulièrement, de virage en virage, vers la frontière. Et le mont Blanc, qui est de nouveau en vue, ne manque pas de surprendre, car sa face sud paraît bien plus raide et acérée que ses flancs nord et ouest. Et nous voici en Italie, longeant la Dora di Verney pour rejoindre le val d'Aoste. Si le français demeure, depuis le Moyen Âge, la deuxième langue officielle du val d'Aoste, l'exotisme italien s'impose dès le premier café commandé dans un bar ou un déjeuner dans une trattoria. Dans la vallée, avant de poursuivre le tour du mont Blanc par Aoste et le col du Grand-Saint-Bernard, il faut remonter vers Courmayeur.

Vue sur le col du Petit-Saint-Bernard
La station de Courmayeur et la face sud du Mont Blanc
Des ruelles étroites qui se faufilent parmi de vieilles maisons à balcons et toitures de lauzes soigneusement restaurées, bordées de boutiques de ski et de mode, de cafés et de salons de thé : Courmayeur est une station chic et une base de départ pour les alpinistes confimés. C'est de La Palud, en haut de la vallée, qu'on peut prendre le téléphérique vers l'aiguille du Midi via la pointe Helbronner, voyage évoqué précédemment. Mais il faut aussi remonter le val Ferret, pour la beauté de ses alpages, et le panorama sur le sommet de l'Europe. Parce qu'il est ici tout proche, il paraît beaucoup plus haut qu'en France ! Et comme on remonte la vallée, quel vertigineux coup d'oeil sur les aiguilles qui forment le massif des Grandes Jorasses !

Le téléphérique de l'Aiguille du Midi

4809 mètres
C'est la hauteur du mont Blanc mesurée en 2015, passant sous la barre des 4 810 m pour la première fois depuis 2005. Il faut savoir que la hauteur du sommet enneigé varie en fonction des vents, des intempéries et de la température.
Entre le Val d'Aoste et le parc du Grand Paradis
On peut maintenant descendre vers Aoste. Axe de communication naturel entre l'Italie et la France, le val d'Aoste a toujours été une région d'un grand intérêt stratégique. Aussi ne faut-il pas être surpris par le nombre incroyable de donjons et forteresses qui le balisent. Le plus étonnant est le château de Saint-Pierre qui, avec ses clochetons et ses échauguettes, semble sorti d'un conte de fées. À partir de Lavergogne, sur la droite s'ouvrent les profondes vallées de Valgrisenche, Rhêmes, Valsavarenche et Cogne. Toutes quatre s'enfoncent vers le massif du Grand Paradis, ancienne réserve de chasse royale devenue parc naturel en 1922 et entretenue depuis dans un parfait état de virginité.

Dans le val d'Aoste, en Italie, le château et l'église de Saint-Pierre dominent la vallée. Entre les deux se dresse un clocher roman du XIIe siècle
Aoste et le Col du Grand-Saint-Bernard (2 469 mètres)
À l'intérieur de ses remparts datant de l'époque romaine, la capitale de la région possède un quartier ancien d'autant plus attachant que ses rues sont piétonnières. On a vite fait de visiter la porte Prétorienne, l'arc d'Auguste, le théâtre, l'amphithéâtre et le pont romain. Reste alors à explorer les rues de Tillier et de la Porte-Prétorienne, avec leurs cafés, restaurants, boutiques de spécialités locales et de matériel de montagne. Et on peut se mettre en route pour le Grand-Saint-Bernard, qui marque la frontière avec la Suisse. Le col du Grand-Saint-Bernard mêle deux images fortes. Historique avec l'armée de Bonaparte attaquant par surprise l'Italie. Bon enfant avec les fameux chiens sauveteurs en montagne, énormes bêtes partant à la recherche des voyageurs égarés, avec un tonnelet de rhum suspendu au collier. Et l'hospice dont ils dépendaient mérite en effet l'arrêt, avec son petit musée. On appréciera par ailleurs le panorama, qui couvre les Alpes Valaisanes, le massif du Grand Paradis et la face orientale du massif du Mont-Blanc.

Le col du Grand-Saint-Bernard, le passage entre le mont Mort et la pointe de Drône, marque la frontière entre la Suisse et l'Italie. Depuis le lac, on peut admirer la vue sur les sommets italiens dont le Grand Golliat qui pointe à 3238 m d'altitude
Retour à Chamonix via la Suisse
En longeant la dranse d'Entremont vers Martigny, noter le lac de barrage des Toules et le jardin alpin de Bourg-Saint-Pierre. Avec Martigny et la vallée du Rhône, nous voici en plein Valais. C'est ici que l'on va reprendre le chemin de la France et de Chamonix, d'abord par le col de la Forclaz (1 526 m) et celui des Montets (1 461 m), la frontière se situant entre les deux. C'est au col des Montets que nous renouons avec les belles vues sur le massif du Mont Blanc. Et en contrebas, avec le torrent de l'Arve, nous retrouvons la vallée de Chamonix.

Petite promenade au Bourg-Saint-Pierre