Traversée échappatoire

Monter sur un bateau pour rejoindre sa destination de weekend est toujours un moment singulier. L’impression de quitter subitement le monde, en mettant dans son dos Covid, stress et tracas personnels. Trente minutes de traversée sur les navires à haute vitesse de la compagnie Yeu Continent, depuis la gare maritime de Port-Fromentine, en Vendée (près de Saint-Jean-de-Monts) et voilà déjà Port-Joinville, débarcadère obligé pour tous les visiteurs. Il y flotte un air plus léger, dans le va-et-vient des vélos et la nonchalance d’une après-saison qui sent bon la tranquillité retrouvée. Port-Joinville dispose d’hôtels, de locations saisonnières, de chambres d’hôtes, mais si on loge plus loin, les propriétaires viendront vous chercher. Il faudra dans tous les cas profiter de l’animation de Port-Joinville pour assister à l’arrivée des pêcheurs professionnels (on y traque le thon blanc, la sole, la lotte...), prendre un café à l’Hôtel des Voyageurs (un carrefour social inévitable), faire un tour au marché, dire bonjour aux créatrices-artisanes de l’atelier Ketanou, et acheter des leurres de pêche à L’Embrun, la boutique de Frédéric Cantin...
Le vieux château, entouré par l’océan

Pour le reste, la meilleure chose à faire est de mettre le cap sur l’île et sa nature, à pied ou à vélo. Rien de tel pour se perdre sur les chemins sablonneux ou s’isoler sur des plages secrètes. Certains lieux peuvent même laisser croire que l’on est seul au monde. C’est le charme d’Yeu, protégée par une insularité que ni les habitants ni les touristes ne veulent voir entachée. Parmi les circuits possibles, l’un, de 20 km, relie la majorité des sites, concentrés au sud et à l’est. Coups de pédale énergiques pour quitter ainsi Port-Joinville et gagner le fort de Pierre Levée. Coups de pédale curieux pour observer les maisons basses chaulées aux volets bleus, jaunes, rouges... de la campagne islaise, piquées de roses trémières. Coups de pédale impatients pour rejoindre l’Atlantique et le Vieux Château, bâti au XIVe siècle sur un rocher entouré par l’océan. Coups de pédale le ventre creux pour rallier le port de La Meule, calanque atlantique aux cabanons de bois, dominée par la terrasse du bienvenu bar-restaurant de la Meule, souvent bondé au déjeuner. Coups de pédale revigorés pour se précipiter à la plage des Soux, écrin de nature avec son sable blond coupé en deux par une avancée de granit. Coups de pédale opiniâtres pour gagner la pointe des Corbeaux et son phare, ultime cap tourné vers le continent, juste après le mini-port des Vieilles et sa large plage. Coups de pédale sereins, enfin, pour retrouver Port-Joinville à travers la pinède, par des sentiers sableux convergeant vers Saint-Sauveur, seul village de l’intérieur, à l’église et aux maisons immaculées. Au bilan, une décou- verte iodée et champêtre, imprégnée d’un art de vivre décontracté illustré par les 2 CV, 4 L et R 5 vintage dans lesquelles circulent les locaux.
Yoga et pêche en mer
L'île d'Yeu offre d’autres plaisirs. Nautiques, avec des sorties à la voile, en ski nautique, en kite surf, en kayak de mer... Sous-marines, avec des baptêmes de plongée et des explorations d’épaves. Zen, avec des cours de yoga, de qi gong et des balades à cheval. Toniques, avec de la pêche en mer et du trail. Patrimoniales, avec des balades naturalistes et historiques. L'île d'Yeu est un condensé de détente.