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La vallée d'Aspe : sur la route de l'Espagne

Par Philippe Bourget

La vallée d'Aspe s'étire sur 40 kilomètres depuis Oloron-Sainte-Marie et le défilé d'Escot au nord jusqu'au col du Somport au sud. Cette antique voie de passage vers l'Espagne est sans doute la plus belle vallée du Béarn. Avec ses paysages montagneux somptueux, ses traditions pastorales préservées, ses villages médiévaux, c'est un véritable paradis.

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Vue panoramique sur le village d'Etsaut dans la vallée d'Aspe

Un détour à droite vers une forêt, un autre à gauche vers une chapelle romane : dans cette vallée, les zigzags deviennent des évidences joyeuses. Toutefois, le parcours ramène toujours vers le gave d’Aspe, fil rouge d’un itinéraire emprunté depuis les Romains. On a coutume de dire que la vallée commence à Escot, à une quinzaine de kilomètres au sud d’Oloron-Sainte-Marie. Mais c’est à Sarrance, le village d’après, que l’on plonge dans une histoire qui n’appartient qu’aux Aspois. Au bout de cette commune-rue qui semble épouser le parcours du gave, ligne courbe de maisons blanches à toits d’ardoise, l’église Notre-Dame rappelle que c’est dans les eaux de l’Aspe qu’au XIVe siècle un vacher aurait trouvé une vierge noire, objet depuis d’un culte et de pèlerinages.

Balade pastorale au coeur de la vallée

Culte, c’est bien le mot qui peut définir la boucle routière sur la rive gauche du gave joignant Sarrance à Bedous, par les hauteurs de Lourdios-Ichère et la forêt d’Issaux. On y croise un couple de paysans râtelant le foin sur une borde (prairie de fauche), un village rural (Lourdios), des gorges fraîches et vertes, une forêt d’altitude qu’on dirait primaire (Issaux), des fermes et des granges perdues sur des pentes à fougères (les fameuses heucas, fauchées à l’automne pour faire la litière des animaux), des vaches placides à sonnailles. Plus loin, on a, dans la descente, un prodigieux point de vue sur le village de Lescun, posé sur un versant sous le relief minéral du Grand Billare (2 300 mètres), de la Grande Aiguille d’Ansabère (2 377 mètres) et du pic de Pétragème (2 255 mètres). Retour au bord du gave. Bedous, centre de la communauté de communes de la vallée d’Aspe – qui en totalise treize –, présente une jolie place à arcades et la noble maison de Pierre Laclède, négociant parti aux Amériques où il fondera en 1765, la ville de Saint-Louis dans le Missouri ! Accous est connue pour ses maisons à portes en ogive. Entre les deux, le hameau de Jouers abrite la plus vieille chapelle romane de la vallée. Avec l’ancienne abbaye voisine (XVIIIe siècle), elle forme un ensemble bâti remarquable, très harmonieux avec ses tons patinés de bruns et de gris. On allait oublier Aydius. Dans ce cul-de-sac relié par une route se jouant des mamelons aux jolis camaïeux de verts, le village, parfaitement restauré, affiche une totale sérénité, sur fond de cirque montagneux. Et toujours ces toits d’ardoise éclatants sous les rais de lumière...

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Frontière avec l'Espagne, le col du Somport est depuis le XIIe siècle le passage privilégié des pèlerins se rendant à Compostelle par la voie d'Arles

Une ligne de chemin de fer qui n'est plus

Poursuivons au sud. Un crochet à Osse-en-Aspe, où un temple, reliquat du prosélytisme calviniste de Jeanne d’Albret, nous rappelle qu’y demeure une petite communauté protestante, et un détour à Cette-Eygun, pour voir la belle église romane perchée, et voici le duo villageois Etsaut et Borce. La maison forte du premier (XIIIe siècle), au fond de la vallée, évoque ces périodes troubles du Moyen Âge, quand les routes étaient moins sûres qu’aujourd’hui. La maison du parc des Pyrénées, dans l’ancienne gare, témoigne, de son côté, des volontés de désenclavement de la vallée, toujours inachevé en ce début de XXIe siècle. C’est pourtant en 1928, il y a bientôt cent ans, que
 le roi d’Espagne Alphonse XIII et le président français Gaston Doumergue inauguraient en grande pompe la ligne de chemin de fer d'Oloron-Sainte-Marie à Canfranc. Elle sera fermée à la suite d'un accident en 1970 au pont de l'Estanguet.

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Dominant un confluent de ravins, le fort de Portalet a été construit en 1838 à 794 mètres d'altitude. En partie creusé dans la roche, il pouvait abriter 400 hommes

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Fort du Portalet, le verrou d'Aspe Vip

De 1842 à 1870, sur ordonnance du roi Louis-Philippe, un fort est construit dans le défilé rocheux qui conduit au Somport, après Borce. Un ouvrage qui s’avérera inutile, faute d’ennemis. Alfred de Vigny
et et Saint-John Perse qui y séjournèrent en garnison, furent probablement atteints par l’ennui... Sous le régime de Vichy, le fort sert de prison politique. Blum, Daladier, Gamelin, Mandel et Reynaud y sont enfermés. Les trois premiers ne restent que six semaines, en 1941. Mais Mandel et Reynaud y passent plus d’un an, jusqu’à l’arrivée des Allemands
 en 1942. Paul Reynaud faisait, dit-on, des exercices physiques quotidiens et recevait sa maîtresse, Mlle Mabire, qu’il épousera par 
la suite. Les familles des détenus venues leur rendre visite dormaient
 à l’hôtel des Voyageurs, à Borce. Changement de décor en 1945. Arrêté, Pétain est interné au fort d’août à novembre, avant son départ pour l’île d’Yeu. Son épouse partait chaque matin à pied de l’hôtel pour 
le rejoindre. Les habitants avaient interdiction de la prendre en voiture...

Borce, au titre du plus beau village de la vallée

Dominant Etsaut sur son versant, Borce, cent habitants, peut se parer du titre de « plus beau village de la vallée ». Une raison à cela : il fut épargné par les incendies et a gardé son caractère médiéval. Les maisons en pierre calcaire, les ouvertures en ogive, les fenêtres à meneaux, les écussons, une ou deux maisons nobles, la belle mairie maison-forte, l’ancien petit hospitalet des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle)... tout cela concourt à donner un réel cachet au village. Sans compter l’église, avec son bénitier à tête de pèlerin et son pilier extérieur sculpté, au pied, d’une tête d’ours. Le Somport approche et la route se rétrécit encore quand apparaît le fort du Portalet. Étagé sur 100 mètres, depuis les salles communes jusqu’à la poudrière et le fortin au sommet, son histoire est peu banale. Juste avant, un sillon de 1 200 mètres, creusé dans le rocher, indique le chemin de la Mâture. Un exploit accompli au XVIIIe siècle dans le but de descendre les troncs de sapins abattus en forêt et convoyés par radeau jusqu’à Bayonne pour confectionner des mâts de bateau. L’ex-village-douane d’Urdos est la dernière commune avant l’Espagne. La route s’échappe ensuite vers les estives où bergers et fromagers vivent dans des cabanes, en juillet et en août.

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Parmis les maisons fortes de Borce, celle-ci est la plus remarquable. Elle a appartenu à Bernard de Sallefranque, notaire au XVIe siècle sous Jeanne d'Albret. Un écusson renversé est encore visible, au-dessus du portail gothique
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