Le prodigieux paysage de la mer de glace
Le glacier poussant ses derniers séracs jusqu'au cœur de la verdoyante vallée de Chamonix est sans doute moins spectaculaire aujourd'hui que sur des photos plus anciennes. C'est la marque évidente du réchauffement climatique. Il n'empêche que le site reste puissant, à condition de savoir le découvrir ainsi qu'il le mérite : d'abord de près, et ensuite en prenant du recul.
Rien de plus facile que de monter voir la Mer de glace : il suffit d’emprunter le fameux petit train à crémaillère qui conduit à l’hôtel restaurant du Montenvers depuis Chamonix. C’est de là que vous suivez le sentier qui descend vers la grotte creusée dans la glace, célèbre attraction touristique. Ensuite, la descente à pied jusqu’à Chamonix par les bois est aussi tranquille que magnifque. En fait, la manière historique — la voie ferrée fut mise en service en 1909 ! — de découvrir les lieux est un peu décevante, car au bord des grandes dalles qu’il faut descendre laborieusement, on voit plus de pierre que de glace. L’excursion manque donc un peu de magie. Pour admirer les glaciers du massif du Mont-Blanc, le mieux est de longer l’autre côté de la vallée de Chamonix par les sentiers de randonnée autrefois créés par l’alpiniste-écrivain Roger Frison-Roche : le Grand Balcon et le Petit Balcon.
Il est important de faire cette ascension dans l’après-midi, de façon à ne pas se trouver à contre-jour. Le plus facile est de prendre, à Chamonix, le téléphérique du Brévent, qui donne accès à une table d’orientation, située à 2 525 mètres d’altitude. En face de vous, voici le glacier des Bossons, moins connu que la Mer de Glace, mais spectaculaire car il descend très bas dans la vallée et permet de comprendre la façon dont « vit » un glacier. Le phénomène trouve ses origines en haute montagne, à des altitudes suffisamment élevées pour que, même en été, un manteau neigeux demeure. Dans les Alpes du Nord, les neiges éternelles se trouvent au-delà de 3 000 mètres. Et là, elles sont soumises à un phénomène appelé « transformation ». Dès le printemps, le rayonnement solaire (d’autant plus intense que l’altitude est élevée) fait fondre la neige. Cette eau de fonte s’écoule dans la pente, mais dès que survient la nuit, la température baisse et descend en dessous de zéro. Alors, l’eau et la couche superfcielle de neige gèlent, forment un bloc de glace. Cette glace ne fondra pas aussi vite que la neige. S’ajoutant à la glace née les nuits précédentes, elle contribue à alimenter un véritable fleuve gelé que son poids emporte dans la pente. Sa vitesse est impressionnante : jusqu’à un mètre par jour.
Pour contempler maintenant la Mer de Glace, il faut remonter la vallée de Chamonix par l’itinéraire du Grand Balcon, balisé par les marques rouge et blanche du GR®5 (dit aussi Tour du Mont-Blanc). Le sentier est facile, car il descend progressivement jusqu’au sommet de la Flégère, à 1 877 mètres. C’est là qu’apparaît la Mer de Glace, dont on voit bien comment elle naît en altitude, vers les sommets mythiques qui ont pour nom Dent du Géant, Grandes Jorasses. On voit nettement aussi comment, dans les fortes ruptures de pente, le fleuve de glace se fracture. C’est là que se creusent les crevasses, séparant des blocs de glace qui se trouvent dès lors en équilibre précaire ; c’est ce qu’on appelle les séracs, dont les chutes figurent parmi les plus graves dangers de la montagne. Pour revenir à Chamonix, il suffit de suivre le sentier qui descend dans les bois, d’abord très raide, mais qui ensuite ménage ici et là de magnifques ouvertures sur le massif du Mont-Blanc.
La Vallée Blanche

- Office de tourisme de Chamonix-Mont-Blanc - Voir la fiche
- Hôtel restaurant du Montenvers - Voir la fiche