La Bâtie d'Urfé, le palais italien d'un humaniste
Où trouve-t-on un château tout blanc aux allures de palazzo, une grotte de rocaille, un sphinx, et le décor du premier roman-fleuve de la littérature française ? Au coeur du Forez, dans le palais de Claude d'Urfé que son petit-fils Honoré décrit dans « L’Astrée », chef d’œuvre du roman précieux.
Un écrivain italien
On doit ce petit miracle d’architecture à Claude d’Urfé, ambassadeur et homme politique, qui le fit bâtir à son retour des guerres d’Italie à la place du manoir familial.
Nous sommes au XVIe siècle, et Claude est un humaniste convaincu et fervent catholique : son château est un peu son testament spirituel. Son petit-fils, Honoré, va se faire connaître en écrivant L’Astrée, un roman d’amour fleuve qui met en scène l’histoire d’'Astrée, jeune bergère, et son amant Céladon. Le cadre est celui de la vallée du Lignon, qu’Honoré d’Urfé apprécie tant depuis qu’il séjourne dans le château familial.
Le château
Quand on pénètre dans la cour d’honneur, on a la même vision que celle de l’écrivain : un corps de logis central, massif et rectangulaire, entouré par deux ailes.
Celle de gauche, l’ancien corps de garde, est d’une sobriété toute militaire ; contraste saisissant avec celle de droite, très italianisante avec sa galerie à laquelle on accède par une rampe cavalière. En bas de la rampe, un sphinx, promu mystérieux protecteur des lieux, notamment de la bibliothèque au premier étage : au temps de la splendeur des d’Urfé, elle a abrité jusqu’à 4 000 volumes !
Les appartements sont richement meublés, les plafonds peints, et des tapisseries sur le thème de L’Astrée décorent les pièces de réception. Il n’en a pas toujours été ainsi : au XIXe, le mobilier, les plafonds de la galerie et les décors de la chapelle ont été vendus, certains éléments sont même partis au Louvre et au Metropolitan Museum à New York !
Du païen au sacré

Le visiteur doit passer par elle avant d’accéder à la chapelle, symbole du passage du paganisme au christianisme. Sur la porte de la chapelle, des allusions à La Trinité : les trois marches, un triangle, des fleurs à trois pétales. Dans la chapelle, où il fit travailler des artistes italiens, Claude d’Urfé affirme haut et fort sa foi en l’église catholique.
- Château de la Bâtie d'Urfé - Musée/Monument/Site - Voir la fiche