Avec ses plages de sable blond, son école de voile et ses coquettes villas rétro chapeautées de tuiles, la bourgade de La Bernerie-en-Retz a des airs de famille et donne envie de souffler un peu. Posé face à l'océan et relooké de frais par Laura et Gaëlle, cousines dans la vie et partenaires au travail, l'hôtel du Grand Large nous accueille façon "maison d'hôtes" pour la soirée. Au menu, risotto de Saint-Jacques et charlotte au chocolat nappée de caramel de beurre salé. Quel plaisir, le lendemain matin, de pédaler au fil des ruelles paisibles et de dévaler l'escalier qui mène à Crève-Cœur, une des plus photogéniques plages de la côte atlantique. Lovée au pied de falaises ocre, elle déploie à marée basse son long ruban de sable mouillé entre des cabanes de pêche traditionnelle au carrelet. À cette heure matinale, des pêcheurs de crevettes arpentent l'eau, bottes au pied et haveneau à la main, en quête de bouquets. Seuls le roulis des vaguelettes et le piaillement des sternes viennent troubler le calme environnant.

Esprit balnéaire

Arrivée à Pornic en fanfare, 7 kilomètres plus loin. Le Pen Duick et le Pen Duick II entrent au même moment sous voile dans le port ! "Établie le long d'un profond estuaire, raccordé à l'intérieur des terres par le canal de Haute-Perche, la cité s'est développée dès le Moyen Âge, explique l'historienne Andréa Guérin, en nous entraînant par un escalier tortueux vers le château, bâti sur un éperon rocheux dominant l'eau. Abandonnée après les guerres de Vendée, qui opposa les "blancs" royalistes et les "bleus" républicains pendant la Révolution française, la forteresse a été percée de fenêtres et remaniée dans l'esprit balnéaire par la famille de Vogüe au début du XXI siècle." Une renaissance à l'image de la station balnéaire devenue le repaire chic des Nantais avec ses terrasses de café, ses galeries et boutiques de mode, ses vieux gréements amarrés à quai...et ses tarifs immobiliers en pleine explosion. Un sorbet aux fruits rouges à la Fraiserais, une institution locale, un coup d’œil sur l'estuaire depuis la pointe de Gourmalon, parsemée de villas années 1930, et nous repartons.

Coupant à travers champs puis longeant le littoral, les sentiers balisés nous entraînent vers la pointe Saint-Gildas, à l’extrême ouest du Pays de Retz. Nichée entre les rochers, l’anse blonde de Préfailles offre un décor rêvé pour un pique-nique. Sur la lande balayée par les vents d’ouest, surgissent quelques blockhaus, vestiges de la « forteresse » bâtie en 1940 par les Allemands pour défendre leur base sous-marine de Saint-Nazaire. Saint-Gildas, Port-Giraud, Tharon, les plages de sable fin s’égrènent au fil des kilomètres. On s’interroge en passant sur le drôle de nom de la bourgade de Saint-Michel- Chef-Chef. Réponse : c’était l’ancien fief du chef Chevecier, gardien des biens de l’Église, et avec le temps Saint-Michel-du-Chevecier-Chef s’est simplifié.



Sublime poumon vert
La piste suit la forêt de la Pierre-Attelée, qui borde les dunes de Saint-Brevin-les-Pins sur 41 hectares. En hauteur, des pins maritimes, en sous-bois des chênes verts et, partout, des chemins bruissant de trilles d’oiseaux, pinsons, sittelles, geais... Dans une clairière, au milieu des fougères, trône un imposant menhir de 2,90 mètres. « La légende raconte qu’autrefois, un paysan voulut déplacer cette pierre encombrante et attela six paires de bœufs pour la faire tomber. En vain. Non seulement elle ne bougea pas, mais l’homme mourut dans l’année comme victime d’une malédiction. La pierre a donné son nom à la forêt plantée au XIX e siècle pour fixer les dunes et les empêcher de recouvrir la ville », explique Frédéric Lepage, responsable de la gestion des espaces naturels de la commune. Aujourd’hui, ce massif forestier, propriété du Conservatoire du littoral, est le poumon vert de la station. Et si les colonies de vacances ont déserté les lieux (il y en avait 26 en 1960 !), les allées ombragées déroulent de coquettes « brévinoises », ces villas typiques de style basque, parées de porches arrondis, de briquettes et de dentelles.